Le recouvrement de créances : meilleures pratiques et pièges à éviter.

Par Noémie Le Bouard, Avocat.

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Dans le monde des affaires, le recouvrement de créances est une problématique incontournable qui peut s’avérer complexe et délicate. La gestion efficace de ce processus est cruciale pour la santé financière de toute entreprise. Cet article a pour objectif de fournir un guide juridique exhaustif aux entreprises en matière de recouvrement de créances.

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Il mettra en lumière les meilleures pratiques à adopter et les pièges à éviter, tout en s’appuyant sur des textes et articles de loi pertinents, tels que ceux évoqués dans l’arrêt de la Cour de Cassation [1], pour crédibiliser les propos. Ce guide se veut un outil indispensable pour toute entreprise soucieuse de naviguer avec succès dans les méandres du recouvrement de créances.

Le recouvrement de créances est une question d’une importance capitale pour la santé financière des entreprises. En effet, l’incapacité à recouvrer des sommes dues peut rapidement entraîner des difficultés de trésorerie, voire compromettre la viabilité de l’entreprise. L’objectif de cet article est de fournir un guide juridique détaillé et rigoureux pour les entreprises en matière de recouvrement de créances. Nous examinerons les meilleures pratiques à mettre en œuvre et les erreurs à éviter, en nous appuyant sur des références légales pertinentes.

I. Contexte Juridique du Recouvrement de Créances.

Définition de la créance.

Une créance est un droit que détient une personne, désignée comme le créancier, à exiger d’une autre personne, le débiteur, l’exécution d’une prestation, généralement de nature pécuniaire. Ce droit peut naître de diverses situations juridiques, telles que les contrats, les obligations légales ou les jugements.

Explication des différents types de créances.

Créances commerciales : Ces créances résultent d’opérations de vente de biens ou de fourniture de services entre professionnels. Elles sont souvent régies par des contrats commerciaux qui définissent les conditions de paiement.
Créances civiles : Ces créances découlent des relations entre particuliers, comme les loyers impayés ou les pensions alimentaires. Elles sont souvent le résultat d’obligations légales ou contractuelles.

Cadre légal du recouvrement de créances.

Le recouvrement de créances est strictement encadré par la loi. Les articles 1341 à 1341-4 du Code civil régissent la preuve des obligations [2]. Par ailleurs, les articles L110-3 et L441-10 du Code de commerce traitent respectivement de la prescription commerciale et des délais de paiement [3].

Prescription de la créance.

La notion de prescription est fondamentale dans le processus de recouvrement. Selon l’article 2224 du Code civil, le délai de prescription de droit commun pour les actions personnelles ou mobilières est de cinq ans [4]. Ce délai peut être réduit à deux ans en matière commerciale, conformément à l’article L110-4 du Code de commerce [5]. Il est donc impératif pour le créancier de connaître les délais de prescription applicables à chaque type de créance pour agir en temps utile.

La maîtrise du cadre juridique du recouvrement de créances est indispensable pour toute entreprise soucieuse de sécuriser ses flux financiers. De nombreux contentieux, tels que celui évoqué dans l’arrêt de la Cour de Cassation [6], témoignent de la complexité et de l’importance de cette question. Dans ce contexte, il est crucial de connaître les meilleures pratiques à adopter et les pièges à éviter, que nous aborderons dans la suite de cet article.

II. Meilleures Pratiques pour le Recouvrement de Créances.

La relance amiable.

La première étape dans le processus de recouvrement de créances est souvent la relance amiable. Il s’agit d’une démarche précontentieuse qui permet au créancier de rappeler au débiteur son obligation de payer, sans pour autant engager une action en justice. Cette étape est d’autant plus cruciale qu’elle peut permettre d’éviter les frais et les délais associés à une procédure judiciaire.

Importance de la communication et des relances écrites.

La communication est un élément clé dans cette phase. Il est conseillé d’envoyer des relances écrites, par courrier ou par voie électronique, afin de laisser une trace de vos démarches. Ces relances doivent être formulées de manière claire et précise, en indiquant notamment le montant dû, les références du contrat ou de la facture concernée, et un délai pour le règlement. La jurisprudence a souvent souligné l’importance de la preuve écrite dans le cadre du recouvrement de créances, comme en témoigne l’arrêt de la Cour de Cassation [7].

La mise en demeure.

Si les relances amiables demeurent infructueuses, l’étape suivante est généralement la mise en demeure. Ce document a une valeur juridique et doit être rédigé avec soin. Il doit notamment mentionner un délai raisonnable pour le paiement, conformément à l’article 1344 du Code civil [8].

Éléments à inclure et délais à respecter.

La mise en demeure doit inclure plusieurs éléments essentiels : le montant exact de la créance, les pénalités de retard éventuelles, et les références légales ou contractuelles qui fondent votre demande. Le délai pour le paiement doit être raisonnable et clairement indiqué. En général, un délai de 8 à 15 jours est considéré comme acceptable.

Le recours à un professionnel.

Dans certains cas, notamment lorsque les montants en jeu sont importants ou que le débiteur est un professionnel aguerri, il peut être judicieux de faire appel à un avocat spécialisé ou à une agence de recouvrement.

Avantages de faire appel à un avocat ou une agence de recouvrement.

Le recours à un professionnel présente plusieurs avantages. D’une part, cela permet de déléguer une tâche qui peut être chronophage et stressante. D’autre part, un professionnel saura comment naviguer dans le dédale législatif et jurisprudentiel lié au recouvrement de créances. Par exemple, un avocat pourra vous aider à rédiger une mise en demeure conforme aux exigences de l’article 1344 du Code civil [9].

La procédure judiciaire.

Si toutes ces démarches échouent, la dernière option est la procédure judiciaire. Cette étape doit être envisagée avec prudence, car elle est coûteuse et incertaine.

Quand et comment initier une action en justice.

L’action en justice doit être initiée lorsque toutes les autres voies de recouvrement ont été épuisées et que le débiteur ne montre aucune volonté de s’acquitter de ses obligations. Le choix de la juridiction et de la procédure dépendra du type de créance et du statut des parties. Il est fortement recommandé de consulter un avocat pour déterminer la meilleure stratégie à adopter.

La saisie des biens.

En dernier recours, la saisie des biens du débiteur peut être envisagée. Cette mesure est toutefois soumise à des conditions strictes, notamment en ce qui concerne les biens qui peuvent être saisis.

Types de saisies possibles et conditions à remplir.

Plusieurs types de saisies sont possibles : saisie-vente, saisie-attribution, etc. Chacune de ces mesures est encadrée par des dispositions spécifiques du Code des procédures civiles d’exécution. Par exemple, la saisie-vente est régie par les articles L221-1 à L221-12 de ce code [10].

Saisie-vente.

La saisie-vente est une procédure qui permet au créancier de faire vendre les biens meubles corporels du débiteur pour se payer sur le prix de vente. Cette procédure est régie par les articles L221-1 à L221-12 du Code des procédures civiles d’exécution [11]. Pour procéder à une saisie-vente, il faut que la créance soit certaine, liquide et exigible. De plus, le créancier doit être muni d’un titre exécutoire.

Saisie-attribution.

La saisie-attribution permet au créancier de saisir les sommes d’argent que le débiteur détient auprès d’un tiers (par exemple, une banque). Cette procédure est encadrée par les articles L211-1 à L211-6 du Code des procédures civiles d’exécution [12]. Le créancier doit être en possession d’un titre exécutoire et la créance doit être certaine, liquide et exigible.

Saisie immobilière.

La saisie immobilière permet au créancier de faire vendre un bien immobilier appartenant au débiteur. Cette procédure est particulièrement complexe et est régie par les articles L311-1 à L322-7 du Code des procédures civiles d’exécution [13]. Le créancier doit être muni d’un titre exécutoire et d’un acte de notoriété immobilière attestant de la propriété du débiteur sur le bien en question.

Saisie sur salaire.

La saisie sur salaire permet au créancier de prélever directement une partie du salaire du débiteur. Cette procédure est encadrée par les articles L3252-1 à L3252-15 du Code du travail [14]. Le créancier doit être en possession d’un titre exécutoire et doit respecter un barème précis pour le prélèvement, afin de garantir au débiteur un "reste à vivre" décent.

Chacune de ces saisies nécessite une préparation minutieuse et le respect de conditions spécifiques. Le non-respect de ces conditions peut entraîner l’irrecevabilité de la saisie et exposer le créancier à des sanctions. Il est donc fortement recommandé de consulter un avocat spécialisé pour vous accompagner dans ces démarches.

En somme, le recouvrement de créances est un domaine juridique complexe qui nécessite une expertise spécifique. Les meilleures pratiques et les pièges à éviter sont nombreux, et il est souvent judicieux de faire appel à un professionnel pour vous accompagner dans cette démarche.

III. Pièges à Éviter dans le Recouvrement de Créances.

L’absence de preuve écrite.

Il est impératif de disposer de preuves écrites pour établir l’existence et les modalités d’une créance. L’absence de preuve écrite peut rendre le recouvrement de la créance extrêmement difficile, voire impossible, notamment en cas de contestation par le débiteur. Il est donc conseillé de toujours formaliser les accords par écrit, conformément aux dispositions de l’article 1341 du Code civil [15].

Risques associés et comment les éviter.

L’absence de preuve écrite peut entraîner des complications juridiques et des retards dans le processus de recouvrement. Pour éviter ces risques, il est recommandé de conserver tous les documents pertinents, tels que les contrats, les factures, les correspondances et les preuves de livraison ou de prestation de services.

Le non-respect des délais de prescription.

La prescription est un élément crucial dans le recouvrement de créances. Selon l’article 2224 du Code civil [16], la durée de la prescription est généralement de cinq ans pour les créances civiles et commerciales.

Conséquences et solutions pour y remédier.

Le non-respect des délais de prescription peut entraîner l’extinction de la créance. Pour éviter cette situation, il est essentiel de tenir un registre à jour des créances et de leurs dates d’échéance. Une vigilance particulière doit être accordée aux actions à entreprendre avant l’expiration du délai de prescription.

Les erreurs dans la mise en demeure.

La mise en demeure est une étape cruciale dans le processus de recouvrement. Toute erreur dans ce document peut compromettre vos chances de recouvrer votre créance.

Éléments souvent omis et leur impact.

Les éléments souvent omis dans une mise en demeure incluent la date d’échéance, les pénalités de retard et les frais de recouvrement. L’omission de ces éléments peut affaiblir votre position en cas de litige et rendre le document non conforme aux exigences de l’article L111-1 du Code de la consommation [17].

Les frais de recouvrement abusifs.

Il est important de noter que les frais de recouvrement doivent être raisonnables et proportionnés à la créance à recouvrer. Des frais abusifs peuvent être sanctionnés par les tribunaux.

Limites légales et sanctions possibles.

Les frais de recouvrement sont encadrés par l’article L111-8 du Code des procédures civiles d’exécution [18]. Le non-respect de ces dispositions peut entraîner des sanctions civiles et pénales.

La négligence dans le suivi du dossier.

Le suivi rigoureux du dossier est indispensable pour un recouvrement efficace. Une négligence dans ce domaine peut entraîner des retards et des complications inutiles.

Importance d’une gestion rigoureuse et organisée.

Une gestion rigoureuse et organisée du dossier est essentielle pour éviter les erreurs et les oublis qui pourraient compromettre le recouvrement de la créance. Il est recommandé de tenir un registre précis des actions entreprises, des documents reçus et des correspondances échangées.

IV. Références à des Jurisprudences Récentes.

L’ajout de jurisprudences récentes est une démarche qui permet de donner une dimension plus actuelle et pertinente à cet article. En effet, la jurisprudence est un élément dynamique du droit qui évolue constamment. Voici quelques références à des décisions récentes qui pourraient éclairer davantage les praticiens en matière de recouvrement de créances :

1. Sur deux décisions du Conseil d’État en matière de recouvrement
Cette source aborde des réserves pour tous les restes à recouvrer autres que ceux correspondant à des créances récentes sur des débiteurs présumés bon payeurs ;

2. Recouvrement judiciaire de créances : 100 fois sur le métier...
La jurisprudence la plus récente confirme que les juges du fond sont de plus en plus enclins à appliquer les dispositions d’ordre public en matière de recouvrement de créances.

3. Actualité des procédures européennes de recouvrement de créance
Cette source traite de la jurisprudence récente de la Cour de justice européenne qui apporte une série de clarifications sur les procédures européennes de recouvrement de créances.

4. Le recouvrement de créances commerciales
Cet article aborde le recouvrement de créances commerciales à la lumière de la législation et de la jurisprudence récente.

5. Arrêts, jugements et avis des juridictions financières - 2020
Cette source donne peu d’exemples dans lesquels les créances en cause ont fait l’objet de recouvrement.

Il est fortement recommandé aux praticiens de consulter ces sources pour une compréhension plus approfondie des enjeux actuels en matière de recouvrement de créances.

V. Conclusion.

En conclusion, le recouvrement de créances est un processus complexe qui nécessite une attention particulière à de nombreux détails. Le respect des meilleures pratiques et la prudence dans l’évitement des pièges courants sont essentiels pour maximiser les chances de recouvrer les créances en toute légalité. Une stratégie de recouvrement bien planifiée et exécutée est donc non seulement souhaitable, mais indispensable.

Noémie Le Bouard, Avocat
Barreau de Versailles
Le Bouard Avocats
https://www.lebouard-avocats.fr

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Notes de l'article:

[1Cass. Soc., 15 déc. 2016, n°15-21389.

[2Code civil, art. 1341 à 1341-4.

[3Code de commerce, art. L110-3, L441-10.

[4Code civil, art. 2224.

[5Code de commerce, art. L110-4.

[6Cass. Soc., 15 déc. 2016, n°15-21389.

[7Cass. Com., 11 sept. 2012, n°11-21855.

[8Code civil, art. 1344.

[9Code civil, art. 1344.

[10Code des procédures civiles d’exécution, art. L221-1 à L221-12.

[11Code des procédures civiles d’exécution, art. L221-1 à L221-12.

[12Code des procédures civiles d’exécution, art. L211-1 à L211-6.

[13Code des procédures civiles d’exécution, art. L311-1 à L322-7.

[14Code du travail, art. L3252-1 à L3252-15.

[15Code civil, art. 1341.

[16Code civil, art. 2224.

[17Code de la consommation, art. L111-1.

[18Code des procédures civiles d’exécution, art. L111-8.

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