La question n’est pas de décider de choisir telle ou telle forme pour éviter un régime mais de choisir par rapport a un avantage réel qui diffère selon des modalités objectives.
Il faut cesser de voir le RSI comme un épouvantail et analyser les aspects propres au régime du dirigeant social selon que vous optez pour une SAS ou une SARL.
Une SARL est obligatoirement dirigée par un ou plusieurs gérants nommés dans les statuts ou par acte séparé, qui sont obligatoirement des personnes physiques. Une SAS est dirigée par un président, personne physique ou personne morale nommée dans les conditions prévues par les statuts, et par d’éventuels autres organes mis en place librement par les associés. Le président de SAS et le gérant de SARL représentent tous les deux la société envers les tiers et les éventuelles clauses statutaires qui limiteraient leur pouvoir sont inopposables aux tiers.
Les statuts sociaux des dirigeants de SAS et de SARL sont différents et c’est bien là que les problèmes se posent, à l’heure notamment où la disparition du RSI est annoncée. Les différences de régimes resteront les mêmes en tout état de cause.
Dans le cadre d’une SAS, les dirigeants sont affiliés au régime général de la Sécurité sociale dès lors qu’ils sont rémunérés, tandis que dans le cadre d’une SARL, le gérant est affilié au régime des travailleurs indépendants (TNS) à partir du moment où il est majoritaire, qu’il soit rémunéré ou pas (ou au régime général de la Sécurité sociale dans les autres cas et dès lors qu’il est rémunéré).
La SARL offre dans une certaine mesure le choix entre le statut TNS ou celui de dirigeant assimilé salarié, alors que le président de SAS est obligatoirement assimilé salarié.
- Statut TNS
Il est ainsi important d’insister sur le fait que le statut TNS permet globalement d’avoir un montant global de cotisations sociales qui seront moins élevées que celles supportées en qualité de dirigeant assimilé salarié, et de profiter de cotisations forfaitaires faibles en début d’activité.
En contrepartie négative, notamment au niveau de la retraite, la protection sociale d’un TNS n’est pas aussi complète que celle d’un dirigeant assimilé salarié. Toutefois, les prévoyances complémentaires privés permettent une compensation équivalente, les cotisations étant déductibles fiscalement et entrer dans les charges de la société.
Ensuite, il est vrai que les TNS associés de société soumises à l’impôt sur les sociétés devront payer des cotisations sociales sur la quote-part des dividendes supérieure à 10% du total suivant : capital social + prime d’émission + sommes versées en compte courant.
Enfin, les gérants majoritaires de SARL sont soumis à des règles plus contraignantes que les dirigeants assimilés salariés car ils ne peuvent pas recourir à un mode forfaitaire d’évaluation.
- Statut assimilé régime général
Le Président de SAS ou Directeur Général de SAS est rattaché au régime général de Sécurité sociale, régime dit des « assimilés-salariés », sauf s’il ne perçoit aucune rémunération. Dans ce dernier cas, il ne bénéficie d’une couverture sociale que s’il exerce une autre activité ou bénéficie parallèlement d’allocations chômage (Aide au Retour à l’Emploi - ARE).
Le gérant de SARL minoritaire ou égalitaire est également rattaché au régime général, même s’il n’est pas rémunéré.
Le régime des assimilés salariés renvoie au régime général de Sécurité sociale. Cela signifie donc qu’en tant que dirigeant de société, s’applique le même régime de protection sociale que les salariés et le paiement des mêmes cotisations sociales, à l’exception des cotisations chômage.
Cette précision est importante car, contrairement aux salariés, les dirigeants assimilés-salariés ne peuvent pas bénéficier de l’assurance chômage à la fin de leur mandat, c’est-à-dire pas d’indemnités Pôle Emploi pour le dirigeant qui cesse son activité.
En somme le dirigeant rémunéré d’une SAS doit obligatoirement être affilié au régime général de Sécurité sociale qui comprend plusieurs branches :
- La branche maladie : gérée par la CNAMTS (Caisse Nationale de l’Assurance Maladie des Travailleurs Salariés), qui offre une couverture contre les risques maladie, maternité, invalidité, décès ainsi que les accidents du travail et les maladies professionnelles
- La branche retraite : gérée par la CNAV (Caisse Nationale de l’Assurance Vieillesse), qui offre une couverture pour la retraite de base. En plus De cette retraite de base, le dirigeant devra impérativement être affilié auprès d’une caisse de retraite complémentair
- La branche famille : gérée par la CNAF (Caisse Nationale des Allocations Familiales), qui offre, dans certaines conditions, le droit à des allocations familiales.
En résumé.
La 1ʳᵉ différence concerne le montant des charges sociales à payer sur la rémunération du dirigeant selon que la société est une SARL ou une SAS.
En SARL, le dirigeant détenant plus de la moitié du capital (gérant majoritaire) a le statut de travailleur non salarié (TNS) et paiera des charges sociales comprises entre 35% et 55% de sa rémunération nette.
En SAS, le dirigeant a le statut d’assimilé salarié et paiera des charges sociales comprises entre 50 et 70% de sa rémunération nette.
En général, le principal avantage de la SARL par rapport à la SAS, est que le montant des charges sociales que le chef d’entreprise paye sur sa rémunération est moins élevé surtout si la rémunération est importante.
Si votre priorité est donc de maximiser votre rémunération immédiate vous choisirez la SAS si vous prévoyez à terme de vous verser une rémunération inférieure à 25 000 euros (statut assimilé salarié). Sinon vous choisirez la SARL si vous prévoyez à terme de vous verser une rémunération supérieure 25 000 euros (statut de travailleur non salarié).
La 2ème différence réside dans le montant des cotisations et prestations retraites.
Dans les SAS, les dirigeants cotisent aux mêmes caisses de retraites que les salariés. Le montant des cotisations sociales y est donc souvent plus important que dans les SARL. En contrepartie, les prestations versées lors de la retraite, sont également plus importantes. Ainsi, à rémunération égale, un président de SAS accumule donc plus de droits de retraite qu’un gérant de SARL.
La 3ᵉ différence sans doute déterminante concerne donc les dividendes de gérant de SARL sont soumis à cotisations sociales Certains dividendes versés dans les SARL sont soumis à cotisations sociales comme des salaires. Cette disposition n’est pas applicable dans les SAS. Ce qui signifie, qu’en optant pour la SAS, vous pouvez toujours bénéficier des avantages de l’arbitrage rémunérations/dividendes en fin d’exercice.
Au final si vous souhaitez bénéficier d’une meilleure retraite, il sera opportun d’opter pour la SAS, mais il est rappelé que dans le cadre d’une SARL vous pourrez souscrire à des prévoyances privées que vous pourrez passer en charges payées par la société.
Si vous préférez cotiser le minimum aux organismes publiques, pour vous constituer vous-même votre retraite, vous opterez certainement pour la SARL.
Si vous entendez vous verser régulièrement des dividendes avec votre masse distribuable qui dépasse 150 000 euros, vous opterez pour la SAS.
Dans tous les cas, le choix de la SARL ou de la SAS ne devra pas se faire uniquement en lien avec le choix du statut social du dirigeant.
La SARL et la SAS sont avant tout deux structures diamétralement opposées dans leur finalité et finalement dans leur mode de fonctionnement.
Discussion en cours :
Bonjour,
Merci pour cette article plein de sens. Je vous rejoins complètement sur votre approche globale plutôt que centré sur le régime uniquement
Permettez moi par contre d’apporter une petite précision. vous dites "Toutefois, les prévoyances complémentaires privés permettent une compensation équivalente, les cotisations étant déductibles fiscalement et entrer dans les charges de la société". Ce n’est pas tout à fait juste.
Si le gérant majoritaire choisi d’opter pour une prévoyance madelin, alors les cotisations seront déductibles fiscalement (sous reserve de respecter un plafond maximum) mais ne seront jamais déductibles socialement. Ainsi, la prise en charge des cotisations par l’entreprise augmentera l’assiette taxable aux charges sociales.
Par ailleurs, dans ca cas, les prestations versées seront également considérées comme du revenu et seront imposable fiscalement ET socialement !
A votre disposition pour échanger
bien à vous
Q.