En matière de licenciement, et dans un souci de protection du salarié, le Code du travail encadre strictement les délais de la notification.
Si l’article L.1232-6 susmentionné dispose que la lettre de licenciement doit être adressée par lettre recommandée avec accusé de réception, il ne s’agit que d’un « moyen légal de prévenir toute contestation sur la date de notification du licenciement » [1] puisque la date d’envoi marque la rupture des relations contractuelles [2] et sa première présentation au salarié fait courir le point de départ du préavis [3].
Ainsi, la Cour de cassation admet également la notification du licenciement par lettre remise en main propre [4], Chronopost [5] ou voie d’huissier [6].
En tout état de cause, l’article L.1232-6 du code du travail dispose que l’employeur ne peut envoyer la lettre de licenciement moins de deux jours ouvrables après la tenue de l’entretien préalable.
Cette disposition permet, en théorie, d’éviter que l’employeur ne licencie trop rapidement un salarié sans avoir pris le temps d’étudier les éventuelles explications du salarié.
En cas de licenciement pour motif disciplinaire, et afin que le salarié ne soit pas laissé dans l’incertitude, l’employeur doit lui adresser sa décision dans un délai maximal d’un mois en application de l’article L.1332-2 dudit code.
Si la sanction du non-respect de l’article L.1232-6 est l’irrégularité du licenciement, c’est-à-dire que le licenciement reste valable mais que le salarié peut prétendre à une indemnisation qui ne peut être supérieure à un mois de salaire [7], la notification hors délai du licenciement disciplinaire remet en cause sa validité tout comme l’absence de notification du licenciement.
En effet, il est de jurisprudence constante que « la lettre de licenciement pour motif disciplinaire doit être notifiée au salarié dans le délai d’un mois à partir de la date de l’entretien préalable ; qu’à défaut, le licenciement est dépourvu de cause réelle et sérieuse » étant précisé « que lorsque le licenciement est notifié par lettre recommandée, il convient, pour déterminer la date de la notification, de se placer à la date de l’envoi de la lettre » [8].
Par conséquent, la preuve la notification de la lettre de licenciement au salarié, et de sa date lorsqu’il est d’ordre disciplinaire, est un élément crucial dans la validité d’un licenciement.
Toutefois, même si l’employeur est en mesure de prouver la date à laquelle il a envoyé la lettre de licenciement, il arrive que le salarié n’en ait pas connaissance.
Le cas échéant, la validité du licenciement dépendra de l’origine de cette défaillance.
Si celle-ci est due à une carence de l’employeur, le salarié pourra demander à ce que le licenciement soit jugé sans cause réelle et sérieuse.
Tel est notamment le cas lorsque l’employeur a inscrit le prénom utilisé habituellement par le salarié (mentionné dans le contrat de travail, sur les bulletins de paie, le contrat d’un logement d’habitation etc.) sur la lettre de licenciement alors que son état civil, sur la carte d’identité lui permettant de retirer le recommandé aux services postaux, était différent, ce qui l’avait empêché de retirer le courrier [9].
La validité du licenciement peut également être remise en cause si l’employeur adresse la lettre de licenciement à une mauvaise adresse [10].
En revanche, si le salarié déménage et ne prévient pas son employeur, qui notifie la lettre de licenciement au dernier « domicile connu », le salarié ne peut invoquer l’absence de cause réelle et sérieuse [11].
Ainsi, le défaut de remise imputable au salarié n’entache pas la validité du licenciement.
La Cour de cassation estime en effet qu’il « ne peut dépendre du destinataire d’une lettre d’empêcher, par son refus de la recevoir ou par sa négligence, le déroulement normal de la procédure » [12].
Rien ne sert donc au salarié de refuser de prendre connaissance de la lettre de licenciement, ce dernier est notifié régulièrement dès lors que la lettre recommandée avec accusé de réception est présentée à son domicile.
Enfin, si le défaut d’acheminement de la lettre de licenciement est imputable aux services de la poste, alors que l’employeur a indiqué l’adresse exacte du salarié, le licenciement ne peut être jugé comme étant abusif [13].
Afin d’éviter toute difficulté, il est donc conseillé à l’employeur d’être vigilant concernant l’adresse et l’identité du salarié. Une fois la lettre recommandée déposée aux services postaux sans défaut d’adressage, aucun événement concernant son acheminement et sa réception par le salarié ne peut affecter la validité du licenciement en l’état de la jurisprudence actuelle.
Discussions en cours :
Bonjour,
Je suis dans une situation assez loufoque, et je viens de m’en rendre compte.
Mon ancien employeur m’a licencié et je n’y trouvais rien à redire car les relations étaient mauvaises et je me sentais oppressé au travail.
Je me rends compte à posteriori, 14 mois plus tard :
Que je n’ai pas eu d’entretien préalable
Que je n’ai jamais reçu de lettre de licenciement (donc je ne sais quel motif il a inventé).
Sur mon attestation pole emploi, il a coché la case “faute lourde”.
Est-ce légal de faire cela ? Il me semble que le licenciement pour faute lourde a des conséquences assez lourdes pour ma personne (s’il décide de me poursuivre un jour pour je ne sais quelle raison !)
Que faire ?!
Je tiens à préciser que je ne veux ni indemnité ni retrouver cette entreprise, seulement m’assurer que la faute lourde n’est pas valable.
Merci pour toute aide que vous pourriez m’apporter.
Cordialement
En raison du confinement, mon conjoint n’a pas pu récupérer la lettre de licenciement de son employeur, l’établissement de la Poste étant fermée. Dans ce cas de figure que faire ?
Bonjour,
On vient de me prévenir, le 7 septembre 2020, en revenant de vacances, que mon détachement ne sera pas reconduit.
Pour mon renouvellement de détachement c’est du 1 septembre au 1 novembre.
A ce jour, je n’ai pas toujours reçu le courrier du non renouvellement.
Hors délai, je crois que la direction devrait me maintenir à mon poste ?
Que dois-je faire ?
Car j’ai peu de temps pour trouver un nouveau job.
Bonjour.
Actuellement en chômage partiel en raison des fermetures d’écoles (covid.19) et détenant les attestations de l’école que j’ai fourni par mail à mon employeur dès leurs réception.
Je viens de recevoir avant hier un recommandé simple sans signature de notifications d’abandon de poste par mon employeur. Ce motif étant illégal et justifié je lui ai de nouveau fait parvenir mes attestations par courrier recommandé avec accusé de réception. Cependant pouvez vous m’indiquer si la réception du courrier sans signature est recevable ? Une chance d’ailleurs que je l’ai trouvé car le courrier n’était pas bien tombé dans ma boite.
Merci de votre réponse.
Le défaut de notification écrite du licenciement rend celui-ci abusif
Bonjour.Mon unique employeur particulier URSSAF (non CESU) depuis 39 ans à temps partiel 85%,est décédé le 13 août 2019 sans héritiers directs mais des ayant-droits définis.C’est un notaire qui doit gérer mon licenciement.Je n’ai qu’un simple courrier m’indiquant la date du décès qui met fin à mon contrat de travail.Je viens juste d’obtenir le paiement de mon salaire d’août et rien d’autres.Malgré mes échanges,personne ne veut entendre ce vide juridique dans ma situation.J’ai pris tout renseignement utile auprès de l’inspection du travail.A moi d’agir mais personne n’admet cette formalité. Qui a raison ?