Cession d’entreprise : les étapes à suivre pour une transaction réussie.

Par Noémie Le Bouard, Avocat.

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Découvrez le processus de cession d’entreprise, les obligations légales et les meilleures pratiques pour assurer une transaction réussie et sécurisée.

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La cession d’entreprise est un processus crucial dans le cycle de vie d’une entreprise.

Elle intervient dans diverses situations, telles que la retraite du propriétaire, la restructuration, la fusion ou l’acquisition, ou encore pour permettre à l’entreprise de poursuivre son développement sous une nouvelle direction. La réussite de cette opération est essentielle pour assurer la pérennité et la croissance de l’entreprise, ainsi que pour protéger les intérêts des parties prenantes, notamment les actionnaires, les employés et les créanciers. Dans ce contexte, il est important de bien comprendre les enjeux et les obligations légales et réglementaires liées à la cession d’entreprise.

L’objectif de cet article est de fournir une vue d’ensemble du processus de cession d’entreprise et d’expliquer les différentes étapes à suivre pour mener à bien une transaction réussie et sécurisée. Nous aborderons également les obligations légales et réglementaires inhérentes à ce type d’opération, ainsi que les meilleures pratiques et recommandations pour assurer une transition en douceur et prévenir d’éventuels litiges. Enfin, nous soulignerons l’importance de l’accompagnement juridique et fiscal pour garantir la conformité et la protection des intérêts des parties impliquées.

I. Préparation en amont de la cession

A. Évaluation de l’entreprise.

Méthodes d’évaluation.

Plusieurs méthodes d’évaluation d’entreprise sont couramment utilisées pour déterminer la valeur d’une entreprise en vue d’une cession. Il est important de choisir la méthode la plus adaptée à la situation spécifique de l’entreprise et à son secteur d’activité. Parmi les méthodes les plus courantes, on peut citer :

a. La méthode des multiples : cette méthode consiste à comparer l’entreprise avec d’autres entreprises similaires en utilisant des ratios financiers (par exemple, le rapport entre la valeur d’entreprise et l’EBITDA).

b. La méthode de la valeur actualisée des flux de trésorerie (DCF) : cette méthode repose sur l’actualisation des flux de trésorerie futurs que l’entreprise est susceptible de générer.

c. La méthode de l’actif net réévalué (ANR) : cette méthode consiste à estimer la valeur de l’entreprise en évaluant la différence entre la valeur de ses actifs réévalués et ses passifs.

Importance de l’évaluation pour une transaction équitable.

L’évaluation de l’entreprise est une étape cruciale pour assurer une transaction équitable et transparente entre les parties. Elle permet de déterminer un prix de cession basé sur des éléments objectifs et tangibles, en tenant compte des perspectives de croissance, de la rentabilité et des risques associés à l’entreprise.

Une évaluation rigoureuse et bien documentée contribuera également à renforcer la crédibilité de la transaction et à faciliter les négociations entre les parties.

Rôle d’un expert en évaluation d’entreprise.

Dans le cadre d’une cession d’entreprise, il est fortement recommandé de faire appel à un expert en évaluation d’entreprise (par exemple, un expert-comptable, un commissaire aux comptes ou un spécialiste en évaluation d’entreprise) pour garantir l’objectivité et la fiabilité de l’évaluation. L’expert pourra notamment analyser les états financiers, identifier les actifs spécifiques (tels que les brevets ou les marques), évaluer les risques et les opportunités, et proposer une valorisation basée sur des méthodes éprouvées et reconnues.

B. Audit juridique et fiscal.

Vérification de la conformité légale.

L’audit juridique et fiscal est une étape clé dans la préparation de la cession d’entreprise. Il vise à vérifier la conformité de l’entreprise avec les différentes législations en vigueur (droit des sociétés, droit commercial, droit du travail, droit fiscal, etc.). Cet audit permettra de s’assurer que l’entreprise respecte les obligations légales et réglementaires, telles que les statuts de la société, les contrats de travail, les contrats commerciaux, les licences, les autorisations administratives, etc.

Analyse des risques fiscaux et sociaux.

L’audit juridique et fiscal doit également inclure une analyse approfondie des risques fiscaux et sociaux associés à l’entreprise. Cette analyse permettra d’identifier les éventuelles irrégularités ou insuffisances (déclarations fiscales, cotisations sociales, etc.) et de prendre les mesures nécessaires pour y remédier avant la cession. Il est essentiel de détecter et d’anticiper ces risques pour éviter des sanctions ultérieures, telles que des redressements fiscaux, des pénalités ou des litiges avec les autorités compétentes.

Identification des éventuelles dettes ou litiges en cours.

Enfin, l’audit juridique et fiscal doit permettre d’identifier les éventuelles dettes ou litiges en cours qui pourraient affecter la cession de l’entreprise. Cela inclut les litiges avec des tiers (clients, fournisseurs, concurrents, etc.), les contentieux sociaux (prud’hommes, inspections du travail, etc.) et les procédures fiscales en cours (contrôles fiscaux, contentieux avec l’administration fiscale, etc.). L’identification et la résolution de ces dettes ou litiges en amont de la cession contribueront à sécuriser la transaction et à protéger les intérêts des parties impliquées.

En adoptant une approche rigoureuse et professionnelle lors de la préparation en amont de la cession d’entreprise, les parties pourront s’assurer que la transaction se déroule dans les meilleures conditions possibles, avec un niveau de risque minimal et une protection optimale des intérêts des parties. Il est essentiel de s’appuyer sur des experts juridiques et fiscaux pour réaliser les audits et les évaluations nécessaires et ainsi garantir la conformité de la cession avec les lois et réglementations en vigueur.

II. Négociation et rédaction des documents contractuels.

A. Protocole d’accord (ou lettre d’intention).

Objectif du protocole d’accord.

Le protocole d’accord, également appelé lettre d’intention, est un document précontractuel non contraignant qui exprime la volonté des parties de s’engager dans une négociation en vue de la conclusion d’un contrat de cession d’entreprise. L’objectif principal du protocole d’accord est de fixer les grandes lignes de l’accord entre les parties, de définir les principaux termes et conditions de la transaction et de servir de base pour les négociations ultérieures.

Contenu et clauses principales (exclusivité, prix, etc.).

Le protocole d’accord doit contenir les éléments essentiels de l’accord envisagé, tels que :

a. Les parties concernées : cédant et cessionnaire, avec leurs coordonnées et leurs représentants légaux.

b. L’objet de la cession : description précise de l’entreprise cédée, y compris ses actifs et passifs, son activité et sa situation juridique et financière.

c. Le prix de cession : indication du prix envisagé ou des modalités de détermination du prix (par exemple, sur la base de l’évaluation de l’entreprise).

d. Les conditions suspensives : conditions à remplir avant que la cession ne puisse être finalisée, telles que l’obtention d’autorisations réglementaires, l’approbation par le comité d’entreprise ou la réalisation d’un audit juridique et fiscal.

e. La clause d’exclusivité : engagement des parties à ne pas négocier avec d’autres parties pendant une période déterminée, afin de faciliter les négociations en cours.

f. Le calendrier de la transaction : échéances pour la réalisation des différentes étapes du processus de cession, telles que la signature du contrat de cession, le paiement du prix et la transmission des actifs.

Importance de l’assistance d’un avocat.

L’assistance d’un avocat est essentielle lors de la rédaction et de la négociation du protocole d’accord. Un avocat spécialisé en droit des affaires pourra apporter son expertise pour garantir la protection des intérêts des parties, assurer la conformité avec la législation en vigueur (par exemple, le Code de commerce et le Code civil) et anticiper d’éventuelles difficultés ou litiges.

B. Contrat de cession.

Clauses essentielles (prix, modalités de paiement, garanties, etc.)

Le contrat de cession est le document juridique qui formalise la vente de l’entreprise et engage les parties à respecter leurs obligations respectives. Il doit inclure les clauses essentielles suivantes :

a. L’objet de la cession : description détaillée de l’entreprise cédée, incluant ses actifs et passifs, son activité et sa situation juridique et financière.

b. Le prix de cession : fixation définitive du prix et des modalités de paiement (versement immédiat, échelonnement, etc.).

c. Les garanties : garanties apportées par le cédant en ce qui concerne la situation juridique, financière et fiscale de l’entreprise, ainsi que les éventuelles garanties de passif.

d. Les conditions suspensives : conditions à remplir avant que la cession ne puisse être finalisée, telles que l’obtention d’autorisations réglementaires, l’approbation par le comité d’entreprise ou la réalisation d’un audit juridique et fiscal.

e. Les clauses de non-concurrence et de non-sollicitation : engagement du cédant à ne pas concurrencer l’entreprise cédée ni à solliciter ses clients et employés pendant une période déterminée.

f. Les clauses de confidentialité : engagement des parties à préserver la confidentialité des informations échangées lors de la transaction.

Article 1583 du Code civil et la validité du contrat.

Selon l’article 1583 du Code civil, la vente est considérée comme conclue dès lors que les parties sont d’accord sur la chose (l’entreprise cédée) et le prix. Toutefois, la validité du contrat de cession est subordonnée au respect des conditions légales et réglementaires en vigueur (par exemple, le Code de commerce et le Code du travail) et à l’accomplissement des conditions suspensives prévues dans le contrat.

Les garanties d’actif et de passif (GAP).

Les garanties d’actif et de passif (GAP) sont des engagements contractuels pris par le cédant pour protéger le cessionnaire contre les risques liés à la situation juridique, financière et fiscale de l’entreprise cédée. Ces garanties peuvent couvrir les éventuelles dettes ou litiges en cours, les irrégularités fiscales et sociales, et les défauts de conformité avec la législation en vigueur. Le cessionnaire pourra se prévaloir de ces garanties en cas de survenance d’un risque non identifié lors de la cession, afin d’obtenir une indemnisation ou une réduction du prix de cession.

C. Approbation des autorités compétentes (le cas échéant).

Autorité de la concurrence.

Dans certaines situations, la cession d’entreprise peut être soumise à l’approbation de l’Autorité de la concurrence, conformément aux dispositions du Code de commerce (notamment les articles L430-1 à L430-10). Cette approbation vise à garantir le respect des règles de la concurrence et à prévenir les abus de position dominante ou les pratiques anticoncurrentielles. Les parties doivent donc s’assurer de l’obtention de cette autorisation avant de finaliser la cession.

Comité d’entreprise.

Selon les articles L2323-20 et suivants du Code du travail, le comité d’entreprise doit être consulté et informé en cas de cession d’entreprise. Cette consultation vise à permettre aux représentants du personnel de donner leur avis sur la transaction et ses conséquences pour les employés. Le non-respect de cette obligation peut entraîner des sanctions, telles que l’annulation de la cession ou la condamnation du cédant à des dommages et intérêts.

Autres autorités réglementaires concernées.

Selon le secteur d’activité de l’entreprise et les spécificités de la transaction, d’autres autorités réglementaires peuvent être impliquées dans le processus de cession d’entreprise. Par exemple :

a. Les autorités de régulation sectorielle : pour les entreprises opérant dans des secteurs réglementés (tels que les télécommunications, l’énergie, les transports, etc.), il peut être nécessaire d’obtenir l’approbation des autorités de régulation compétentes pour finaliser la cession.

b. Les administrations fiscales et sociales : en cas de cession d’entreprise, les parties doivent déclarer la transaction aux administrations fiscales et sociales (notamment la Direction générale des finances publiques et l’Urssaf) pour s’acquitter de leurs obligations en matière de taxes et de cotisations sociales.

c. Les autorités locales  : dans certains cas, la cession d’entreprise peut nécessiter l’approbation des autorités locales (par exemple, les collectivités territoriales) pour des questions d’urbanisme, d’environnement ou de sécurité.

En conclusion, la cession d’entreprise est un processus complexe et exigeant qui nécessite une préparation rigoureuse, des négociations éclairées et une rédaction soignée des documents contractuels. L’assistance d’un avocat spécialisé en droit des affaires est indispensable pour garantir la conformité de la transaction avec la législation en vigueur, protéger les intérêts des parties et assurer une transition réussie et sécurisée de l’entreprise. En respectant les étapes clés du processus de cession et en faisant appel aux compétences des experts et des autorités compétentes, les parties pourront maximiser les chances de réussite de leur projet et minimiser les risques associés.

III. Obligations légales et réglementaires liées à la cession.

A. Droit d’information et de préemption des salariés (Loi n° 2014-856 du 31 juillet 2014).

Conditions et délais d’information.

La Loi n° 2014-856 du 31 juillet 2014, dite Loi Hamon, a instauré un droit d’information et de préemption des salariés en cas de cession d’entreprise. Selon les articles L23-10-1 à L23-10-12 du Code de commerce, le cédant doit informer les salariés de son intention de vendre l’entreprise au moins deux mois avant la cession. Cette information doit être faite par écrit et préciser les modalités de la cession, les délais et les conditions de présentation d’une offre de reprise par les salariés. Les salariés disposent alors d’un délai de deux mois pour présenter une offre de reprise, et le cédant doit leur notifier sa décision dans les quinze jours suivant la réception de l’offre.

Il est important de noter que cette obligation d’information ne s’applique pas à toutes les entreprises. Elle concerne uniquement les entreprises de moins de 250 salariés et qui réalisent un chiffre d’affaires annuel n’excédant pas 50 millions d’euros ou un total de bilan n’excédant pas 43 millions d’euros.

Sanctions en cas de non-respect.

En cas de non-respect de l’obligation d’information des salariés, la cession peut être annulée si un salarié en fait la demande devant le tribunal de commerce dans les deux mois suivant la publication de la cession au Registre du Commerce et des Sociétés (RCS). De plus, le cédant peut être condamné à verser des dommages et intérêts aux salariés lésés.

B. Enregistrement de la cession auprès de l’administration fiscale.

Droits d’enregistrement et taxes.

La cession d’entreprise entraîne des obligations fiscales pour le cédant et le cessionnaire. Tout d’abord, la cession doit être enregistrée auprès de l’administration fiscale dans le mois qui suit sa réalisation. Cette formalité est nécessaire pour la validité de la cession et entraîne le paiement de droits d’enregistrement.

Le montant des droits d’enregistrement dépend de la nature des biens cédés (fonds de commerce, parts sociales, actions, etc.) et de leur valeur. En général, les droits d’enregistrement sont calculés sur la base d’un pourcentage du prix de cession, avec un taux variant en fonction de la nature des biens et de la situation de l’entreprise.

Délai et modalités de l’enregistrement.

Le contrat de cession doit être enregistré auprès du service des impôts des entreprises compétent dans le mois suivant sa signature. Cette formalité peut être effectuée soit par le cédant, soit par le cessionnaire, soit par leur mandataire commun. L’enregistrement du contrat permet de rendre la cession opposable aux tiers et d’assurer la protection des droits des parties.

C. Modification des statuts et immatriculation au Registre du Commerce et des Sociétés (RCS).

Modification des statuts.

La cession d’entreprise peut nécessiter une modification des statuts de la société, notamment en cas de changement de dénomination sociale, de siège social, d’objet social ou de répartition des parts sociales ou actions entre les associés. Cette modification doit être décidée lors d’une assemblée générale extraordinaire des associés ou actionnaires, conformément aux dispositions des statuts de la société et du Code de commerce.

Une fois la modification des statuts approuvée, il convient de rédiger un procès-verbal d’assemblée générale extraordinaire, qui doit être signé par les associés ou actionnaires et conservé dans les archives de la société. Le procès-verbal doit également être déposé auprès du greffe du tribunal de commerce compétent, afin de procéder à la mise à jour de l’immatriculation de la société au RCS.

Immatriculation au Registre du Commerce et des Sociétés (RCS).

La cession d’entreprise doit également être déclarée au Registre du Commerce et des Sociétés (RCS) pour rendre la transaction opposable aux tiers et assurer la publicité légale de la cession. Cette déclaration doit être effectuée dans un délai de 30 jours suivant la réalisation de la cession, conformément à l’article R123-54 du Code de commerce.

Pour procéder à cette formalité, les parties doivent remplir un formulaire de déclaration de modification (Cerfa n° 1168203 pour les sociétés à responsabilité limitée ou Cerfa n° 1168103 pour les sociétés anonymes, par exemple) et fournir les pièces justificatives requises, telles que le contrat de cession dûment enregistré auprès de l’administration fiscale, le procès-verbal d’assemblée générale extraordinaire approuvant la modification des statuts et un exemplaire des statuts modifiés.

En conclusion, la cession d’entreprise implique de nombreuses obligations légales et réglementaires pour le cédant et le cessionnaire, afin de garantir la sécurité juridique de la transaction et la protection des droits des parties. Le respect de ces obligations, telles que le droit d’information et de préemption des salariés, l’enregistrement de la cession auprès de l’administration fiscale et la modification des statuts et l’immatriculation au RCS, est crucial pour assurer une transaction réussie et sécurisée. L’assistance d’un avocat expert en droit des affaires est donc indispensable pour accompagner les parties dans le processus de cession et les conseiller sur les aspects légaux et réglementaires de la transaction.

IV. Suivi post-transaction et transmission du pouvoir.

A. Accompagnement et transmission des compétences.

La réussite d’une cession d’entreprise ne se limite pas à la conclusion de la transaction. La période de transition qui suit est tout aussi cruciale pour assurer la continuité des activités et la transmission des compétences entre le cédant et le repreneur.

Accompagnement du cédant.

Il est courant que le cédant s’engage à accompagner le repreneur pendant une période déterminée après la cession, afin de faciliter la passation des responsabilités et la transmission des connaissances. Cette période d’accompagnement doit être définie dans le contrat de cession et peut varier en fonction de la complexité de l’entreprise, du secteur d’activité et des besoins du repreneur. L’assistance du cédant peut prendre différentes formes, telles que la formation, le conseil, la participation à des réunions stratégiques ou la présentation des partenaires et clients clés de l’entreprise.

Plan de formation et de transmission des compétences.

Pour assurer la continuité des activités et la réussite de la transition, il est essentiel que le repreneur élabore un plan de formation et de transmission des compétences, adapté aux besoins de l’entreprise et aux attentes des salariés. Ce plan doit être élaboré en concertation avec le cédant, les responsables des ressources humaines et les salariés concernés, et doit prendre en compte les spécificités de l’entreprise et les compétences requises pour assurer son développement futur.

B. Clauses de non-concurrence et de non-sollicitation.

Clause de non-concurrence.

La clause de non-concurrence vise à protéger le repreneur contre les risques de concurrence déloyale de la part du cédant, qui pourrait utiliser ses connaissances et son réseau pour créer une entreprise concurrente ou travailler pour un concurrent. Selon l’article 1102 du Code civil, cette clause doit être limitée dans le temps et dans l’espace, proportionnée aux intérêts légitimes du repreneur et conforme aux dispositions légales et réglementaires en vigueur.

Clause de non-sollicitation.

La clause de non-sollicitation interdit au cédant de démarcher ou d’embaucher les salariés de l’entreprise cédée pendant une période déterminée après la cession. Cette clause vise à prévenir la déstabilisation de l’entreprise et à protéger le repreneur contre le risque de perte de compétences clés. Comme la clause de non-concurrence, la clause de non-sollicitation doit être limitée dans le temps et proportionnée aux intérêts légitimes du repreneur, conformément à l’article 1102 du Code civil.

C. Gestion des litiges éventuels.

Prévention et résolution des litiges.

Malgré une préparation minutieuse et une rédaction soignée des documents contractuels, des litiges peuvent survenir lors de la cession d’entreprise, notamment en cas de non-respect des clauses contractuelles, de contestation de la validité de la cession ou de litiges relatifs aux garanties d’actif et de passif. Il est essentiel pour les parties de prévenir et de résoudre ces litiges de manière efficace et rapide, afin de préserver leurs intérêts et d’assurer la continuité des activités de l’entreprise.

Pour prévenir les litiges, les parties doivent veiller à la clarté et à la précision des documents contractuels, et à la conformité de la transaction avec les dispositions légales et réglementaires en vigueur. La participation d’un avocat expert en droit des affaires est donc indispensable pour conseiller et accompagner les parties tout au long du processus de cession et pour les aider à identifier et à gérer les risques juridiques potentiels.

En cas de litige, les parties peuvent recourir à différentes méthodes de résolution des conflits, telles que la négociation, la médiation, l’arbitrage ou le recours à la justice. L’article 21 du Code de procédure civile encourage les parties à tenter de résoudre leur litige à l’amiable avant de saisir le juge. La médiation et l’arbitrage, en particulier, offrent des solutions flexibles, confidentielles et rapides pour régler les différends commerciaux, sans passer par les tribunaux.

Garanties d’actif et de passif (GAP).

Les garanties d’actif et de passif (GAP) jouent un rôle essentiel dans la gestion des litiges éventuels liés à la cession d’entreprise. Comme mentionné précédemment, les GAP visent à protéger le repreneur contre les risques financiers et juridiques liés aux passifs existants ou futurs de l’entreprise cédée. En cas de litige relatif à un passif garanti, le cédant est tenu d’indemniser le repreneur à hauteur du montant du passif, dans les limites et conditions prévues par le contrat de cession.

Les GAP doivent être soigneusement négociées et rédigées pour couvrir les risques spécifiques à l’entreprise et pour assurer un équilibre entre les intérêts du cédant et du repreneur. L’assistance d’un avocat expert en droit des affaires est indispensable pour déterminer la portée, la durée et les modalités des GAP, et pour conseiller les parties sur leurs droits et obligations en cas de litige.

En résumé, le suivi post-transaction et la transmission du pouvoir sont des étapes cruciales pour assurer la réussite d’une cession d’entreprise. Les parties doivent veiller à l’accompagnement et à la transmission des compétences, à la mise en place de clauses de non-concurrence et de non-sollicitation, et à la gestion des litiges éventuels, afin de préserver leurs intérêts et de garantir la continuité des activités de l’entreprise. L’assistance d’un avocat expert en droit des affaires est donc essentielle pour accompagner les parties dans ces étapes et pour les conseiller sur les aspects juridiques et réglementaires liés à la cession d’entreprise.

V. Conclusion.

A. Récapitulatif des étapes clés.

La cession d’entreprise est un processus complexe qui nécessite une préparation minutieuse et un suivi rigoureux pour assurer une transaction réussie et sécurisée. Les étapes clés de ce processus incluent :

  • Préparation en amont de la cession : évaluation de l’entreprise, audit juridique et fiscal, et identification des éventuelles dettes ou litiges en cours.
  • Négociation et rédaction des documents contractuels : protocole d’accord (ou lettre d’intention), contrat de cession, et approbation des autorités compétentes (le cas échéant).
  • Obligations légales et réglementaires liées à la cession : droit d’information et de préemption des salariés, enregistrement de la cession auprès de l’administration fiscale, et modification des statuts et immatriculation au Registre du Commerce et des Sociétés (RCS).
  • Suivi post-transaction et transmission du pouvoir : accompagnement et transmission des compétences, clauses de non-concurrence et de non-sollicitation, et gestion des litiges éventuels.

B. Importance de l’accompagnement juridique et fiscal.

Le recours à un avocat expert en droit des affaires et à un conseiller fiscal est indispensable pour accompagner les parties tout au long du processus de cession d’entreprise. Ces professionnels apportent leur expertise en matière de législation, de réglementation et de fiscalité, et garantissent la conformité de la transaction avec les dispositions légales et réglementaires en vigueur. Ils conseillent les parties sur les aspects juridiques et fiscaux de la cession, les aident à négocier et à rédiger les documents contractuels, et les accompagnent dans le suivi post-transaction et la transmission du pouvoir.

C. Perspectives et enjeux pour l’avenir de l’entreprise cédée.

La réussite d’une cession d’entreprise ne se mesure pas seulement à la conclusion de la transaction, mais également à la capacité du repreneur à assurer la continuité des activités de l’entreprise et à développer son potentiel. Les enjeux pour l’avenir de l’entreprise cédée incluent la transmission des compétences, l’intégration des salariés, la préservation des relations avec les partenaires et clients, et la mise en œuvre d’une stratégie de croissance adaptée au marché et aux spécificités de l’entreprise.

En conclusion, la cession d’entreprise est un processus complexe et exigeant qui requiert une préparation rigoureuse, un accompagnement juridique et fiscal approprié, et une gestion efficace des étapes clés et des enjeux pour l’avenir de l’entreprise cédée. Les parties doivent travailler en étroite collaboration avec leurs conseils juridiques et fiscaux pour assurer une transaction réussie et sécurisée, et pour préparer l’entreprise à relever les défis de demain.

Noémie Le Bouard, Avocat
Barreau de Versailles
Le Bouard Avocats
https://www.lebouard-avocats.fr

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