Droit des successions : Parents séparés, qui gère les biens des enfants mineurs en cas de décès ?

Par Magalie Borgne, Avocat.

72120 lectures 1re Parution: 4 commentaires 4.9  /5

Explorer : # autorité parentale # administration légale # biens des mineurs # testament et donation

L’article 373-1 Code civil (issue de la loi du 4 mars 2002) prévoit que si l’un des père et mère décède ou se trouve privé de l’exercice de l’autorité parentale, l’autre exerce seul cette autorité.

-

L’article 389 du même code ajoute que si l’autorité parentale est exercée en commun par les deux parents, ceux-ci sont administrateurs légaux ; et que dans les autres cas, l’administration légale appartient à celui des parents qui exerce l’autorité parentale.

Ainsi, selon ces dispositions, l’autre parent survivant se voit attribuer l’autorité parentale et par conséquent, l’administration légale des biens de l’enfant mineur jusqu’à sa majorité et ce sous le contrôle du juge des tutelles (cf article 389-2 du Code civil).

En principe, ce parent devenu administrateur légal sous contrôle judiciaire représentera le mineur dans tous les actes civils, sauf les cas dans lesquels la loi ou l’usage autorise les mineurs à agir eux-mêmes.

En cas de décès d’un parent séparé, c’est donc en principe son ex-conjoint qui, bénéficiant de l’administration légale, gérera les biens transmis à leur enfant mineur jusqu’à sa majorité, et ce sous le contrôle du juge des tutelles.

La loi permet toutefois de contourner cette hypothèse.

En effet, l’article 389-3 du Code civil prévoit que ne sont pas soumis à l’administration légale les biens qui auraient été donnés ou légués au mineur sous la condition qu’ils seraient administrés par un tiers.

Cette clause d’exclusion légale permet donc de prévoir par un testament ou une donation que les biens légués ou donnés à un enfant mineur seront administrés par une personne autre que le parent survivant administrateur légal sous contrôle judiciaire.

Par deux arrêts très commentés rendus les 6 mars et 26 juin 2013, la Cour de Cassation a jugé que les dispositions de l’article 389-3 du Code civil susvisées :

- constituent une disposition générale qui ne comporte aucune exception pour la réserve héréditaire
- n’imposent pas que la désignation d’un tiers doive être conforme à l’intérêt de l’enfant.

Par un arrêt récent rendu le 10 juin 2015 (n°14-18.856 et 14-20.146), dans une affaire relative à la succession d’un animateur célèbre d’émissions télévisées, la Cour de Cassation vient de préciser les conditions d’application de la clause d’exclusion de l’administration légale.

Ainsi, la Cour de Cassation entend rappeler que la première condition préalable est que les biens transmis à l’enfant mineur lui soient « donnés ou légués ».

L’existence d’une donation ou d’un testament valablement établi, doit donc être démontrée.

En l’absence de telle disposition à cause de mort, et s’agissant par conséquent des biens recueillis par l’enfant mineur par la voie de la dévolution ab instestat, la clause d’exclusion de l’administration légale ne pourrait produire effet.

La Cour confirme ensuite la position qu’elle avait adoptée dès 2013 s’agissant de l’intérêt de l’enfant.

En l’occurrence, la Cour d’Appel avait estimé que « les dispositions prises par X... montrent sa volonté d’exclure la mère de l’enfant de la gestion et de l’administration des biens recueillis dans la succession et n’entrent pas dans les prévisions du texte précité dès lors qu’elles visent, non pas à protéger le patrimoine transmis, mais à empêcher l’application des dispositions légales relatives à l’administration des biens du mineur. »

La Cour de Cassation a décidé que les Juges du fond ont ajouté à la loi une condition qu’elle ne prévoit pas et ont cassé leur décision.

Dura lex, sed lex…

Par cette même occasion, la Cour renforce la force exécutoire des dernières volontés du défunt quant à la gestion de ses biens transmis par legs ou donation à son enfant mineur et ce jusqu’à sa majorité.

Magalie BORGNE Avocat en droit des affaires et droit des successions
Cabinet ELOQUENCE

Recommandez-vous cet article ?

Donnez une note de 1 à 5 à cet article :
L’avez-vous apprécié ?

256 votes

Cet article est protégé par les droits d'auteur pour toute réutilisation ou diffusion (plus d'infos dans nos mentions légales).

Commenter cet article

Discussions en cours :

  • par Zeghib Azzedine , Le 25 août 2024 à 13:10

    Je vous prie de bien vouloir m’orienter à comment faire pour arriver à bien gérer la succession des bien de mon frère décédé divorcé ayant deux deux filles mineures en me laissant la tâche de gérer son patrimoine et surtout ne laissant aucune chance à son ex conjoint de profiter de ses biens a travers ses filles mineures qui reviennent automatiquement sous sa tutelle.
    Qui payera aussi mes charges de voyages et autres car je viens de l’Algerie ( billet d’avion, nourriture, diverses depenses).
    Merci pour votre aimable réponse

  • par Chotard cecile , Le 21 janvier 2024 à 16:24

    Je voudrais savoir comment procéder pour la vente de ma maison suite au suicide de mon époux dans une annexe de celle ci ,il y a une donation entre époux de faite 2 enfants majeur d’un premier mariage et 2 autres enfants de notre union de 16an et 20ans la notaire m’explique que je ne peux pas vendre sans autorisation du juge pour l’enfant mineur,merci de bien vouloir me renseigner

  • Dernière réponse : 19 novembre 2022 à 16:00
    par ABBE , Le 1er septembre 2018 à 15:18

    L’article 389-3 qui est cité a été abrogé par ordo 2015-1288 du 15 oct 2015

    • par Fernandez , Le 19 novembre 2022 à 16:00

      De parents séparés et non mariés, qui paie les droits de succession ? Merci

Village de la justice et du Droit

Bienvenue sur le Village de la Justice.

Le 1er site de la communauté du droit: Avocats, juristes, fiscalistes, notaires, commissaires de Justice, magistrats, RH, paralegals, RH, étudiants... y trouvent services, informations, contacts et peuvent échanger et recruter. *

Aujourd'hui: 156 320 membres, 27842 articles, 127 254 messages sur les forums, 2 750 annonces d'emploi et stage... et 1 600 000 visites du site par mois en moyenne. *


FOCUS SUR...

• Assemblées Générales : les solutions 2025.

• Voici le Palmarès Choiseul "Futur du droit" : Les 40 qui font le futur du droit.




Hier 18:47 Stage corporate S1 2026 Paris

Hier 18:47 Stage corporate S1 2026 Marseille

Recrutement juridique, Annonces d'offres d'emploi et stages avocats, juristes, fiscalistes, notaires, secretaires... <base href="https://www.village-justice.com/annonces/">

 Offres d'emploi, de collaboration et stages du Village de la Justice

2777 Annonces en ligne
19128 Candidats actifs *
1914 Recruteurs récents *

 Déjà inscrit ?

Erreur, cette annonce d'emploi n'est plus en ligne ou l'adresse est erronée.

Vous pouvez retrouvez nos offres d'emploi actives, en cliquant ici

<?xml version="1.0" encoding="UTF-8"?> Village de la Justice https://www.village-justice.com/articles/ Actualités juridiques, forums pour les professions du droit (avocats, juristes, fiscalistes, notaires...), annonces d'offres d'emploi et de stages, interviews et portraits, dossiers Carrière juridique et vie des professionnels du droit... fr SPIP - www.spip.net L'obligation de résultat du constructeur en cas de non-conformité des travaux non réceptionnés. Par Blandine Mischler, Avocat. Par Blandine Mischler, Avocat. 2025-04-14 10:00:00 Il est acquis dans l'inconscient des acteurs aux opérations de construction qu'il n'existe pas de responsabilité sans désordre. Le principe prétorien de l'absence de responsabilité sans désordre n'est pourtant pas absolu et doit être à relativiser dès lors que les non-conformités portent sur les règles de l'art, auxquelles le constructeur demeure tenu, même en l'absence de désordre et de réception des travaux. Le principe prétorien de l'absence de responsabilité sans désordre n'est pas absolu. Il est acquis dans l'inconscient des acteurs aux opérations de construction qu'il n'existe pas de responsabilité sans désordre, sauf prescriptions techniques obligatoires ou disposition contractuelles expresses. Ce (...) Lire la suite... > https://www.village-justice.com/articles/obligation-resultat-constructeur-cas-non-conformite-des-travaux-non,53044.html?utm_source=backend&utm_medium=RSS&utm_campaign=RSS_Reseaux https://www.village-justice.com/articles/obligation-resultat-constructeur-cas-non-conformite-des-travaux-non,53044.html?utm_source=backend&utm_medium=RSS&utm_campaign=RSS_Reseaux https://www.village-justice.com/articles/obligation-resultat-constructeur-cas-non-conformite-des-travaux-non,53044.html?utm_source=backend&utm_medium=RSS&utm_campaign=RSS_Reseaux L'obligation de résultat du constructeur en cas de non-conformité des travaux non réceptionnés. Par Blandine Mischler, Avocat. Village-justice Il est acquis dans l'inconscient des acteurs aux opérations de construction qu'il n'existe pas de responsabilité sans désordre. Le principe prétorien de l'absence de responsabilité sans désordre n'est pourtant pas absolu et doit être à relativiser dès lors que les non-conformités portent sur les règles de l'art, auxquelles le constructeur demeure tenu, même en l'absence de désordre et de réception des travaux. Le principe prétorien de l'absence de responsabilité sans désordre n'est pas absolu. Il est acquis dans l'inconscient des acteurs aux opérations de construction qu'il n'existe pas de responsabilité sans désordre, sauf prescriptions techniques obligatoires ou disposition contractuelles expresses. Ce (...) Lire la suite > https://www.village-justice.com/articles/obligation-resultat-constructeur-cas-non-conformite-des-travaux-non,53044.html?utm_source=backend&utm_medium=RSS&utm_campaign=RSS_Reseaux L'affirmation - contestée - du droit à un recours effectif contre les décisions de préemption des Safer. Par Gilles Vincent, Avocat. Par Gilles Vincent, Avocat. 2025-04-10 09:29:35 La Cour de cassation a développé, ces dernières années, une jurisprudence tendant à assurer un droit au recours effectif contre les décisions des Safer (Société d'aménagement foncier et d'établissement rural). Parfaitement justifiée, cette jurisprudence, régulièrement contestée par les Safer, n'en doit pas moins évoluer. Les Safer sont en charge de missions de service public dont elles sont délégataires. Celles-ci sont détaillées, principalement, à l'article L141-1 du Code rural et de la pêche maritime, ci-après Crpm. Pour la réalisation de ces missions, le législateur a doté les Safer de divers moyens d'action. Elles peuvent, notamment, « acquérir, dans le but de les rétrocéder, des biens ruraux, des terres, (...) Lire la suite... > https://www.village-justice.com/articles/affirmation-contestee-droit-recours-effectif-contre-les-decisions-preemption,53007.html?utm_source=backend&utm_medium=RSS&utm_campaign=RSS_Reseaux https://www.village-justice.com/articles/affirmation-contestee-droit-recours-effectif-contre-les-decisions-preemption,53007.html?utm_source=backend&utm_medium=RSS&utm_campaign=RSS_Reseaux https://www.village-justice.com/articles/affirmation-contestee-droit-recours-effectif-contre-les-decisions-preemption,53007.html?utm_source=backend&utm_medium=RSS&utm_campaign=RSS_Reseaux L'affirmation - contestée - du droit à un recours effectif contre les décisions de préemption des Safer. Par Gilles Vincent, Avocat. Village-justice La Cour de cassation a développé, ces dernières années, une jurisprudence tendant à assurer un droit au recours effectif contre les décisions des Safer (Société d'aménagement foncier et d'établissement rural). Parfaitement justifiée, cette jurisprudence, régulièrement contestée par les Safer, n'en doit pas moins évoluer. Les Safer sont en charge de missions de service public dont elles sont délégataires. Celles-ci sont détaillées, principalement, à l'article L141-1 du Code rural et de la pêche maritime, ci-après Crpm. Pour la réalisation de ces missions, le législateur a doté les Safer de divers moyens d'action. Elles peuvent, notamment, « acquérir, dans le but de les rétrocéder, des biens ruraux, des terres, (...) Lire la suite > https://www.village-justice.com/articles/affirmation-contestee-droit-recours-effectif-contre-les-decisions-preemption,53007.html?utm_source=backend&utm_medium=RSS&utm_campaign=RSS_Reseaux Copropriété : l'annulation de la désignation d'un syndic implique la restitution des honoraires perçus. Par Yann Gré, Avocat. Par Yann Gr, Avocat. 2025-04-08 12:15:00 L'arrêt rendu le 27 février 2025 par la Troisième Chambre Civile de la Cour de cassation (pourvoi n°23-14.697) apporte des précisions importantes concernant les conséquences de l'annulation d'une décision d'Assemblée Générale désignant un syndic sur la restitution des honoraires perçus par ce dernier. Dans l'affaire soumise à la cour, Mme [V], copropriétaire, avait contesté la gestion de son compte individuel de copropriété en raison d'erreurs d'imputation des charges pour la période 2018-2021. Elle avait également demandé la restitution des honoraires perçus par le syndic, qui avait été désigné par une Assemblée Générale de Copropriété ayant été ultérieurement annulée par une décision de justice. Par un (...) Lire la suite... > https://www.village-justice.com/articles/copropriete-annulation-designation-syndic-implique-restitution-des-honoraires,52972.html?utm_source=backend&utm_medium=RSS&utm_campaign=RSS_Reseaux https://www.village-justice.com/articles/copropriete-annulation-designation-syndic-implique-restitution-des-honoraires,52972.html?utm_source=backend&utm_medium=RSS&utm_campaign=RSS_Reseaux https://www.village-justice.com/articles/copropriete-annulation-designation-syndic-implique-restitution-des-honoraires,52972.html?utm_source=backend&utm_medium=RSS&utm_campaign=RSS_Reseaux Copropriété : l'annulation de la désignation d'un syndic implique la restitution des honoraires perçus. Par Yann Gré, Avocat. Village-justice L'arrêt rendu le 27 février 2025 par la Troisième Chambre Civile de la Cour de cassation (pourvoi n°23-14.697) apporte des précisions importantes concernant les conséquences de l'annulation d'une décision d'Assemblée Générale désignant un syndic sur la restitution des honoraires perçus par ce dernier. Dans l'affaire soumise à la cour, Mme [V], copropriétaire, avait contesté la gestion de son compte individuel de copropriété en raison d'erreurs d'imputation des charges pour la période 2018-2021. Elle avait également demandé la restitution des honoraires perçus par le syndic, qui avait été désigné par une Assemblée Générale de Copropriété ayant été ultérieurement annulée par une décision de justice. Par un (...) Lire la suite > https://www.village-justice.com/articles/copropriete-annulation-designation-syndic-implique-restitution-des-honoraires,52972.html?utm_source=backend&utm_medium=RSS&utm_campaign=RSS_Reseaux
"> Hier 16:17 Business Development Specialist H/F Anglais bilingue

Hier 14:50 Assistant de direction H/F Anglais Bilingue

Hier 12:31 Stage PPI Asie - juillet 2025 ou janvier 2026 (6 mois) - chargé de mission juridique : Pôle de (...)

Hier 11:24 Stage fiscal S1 2026 Marseille

Hier 11:23 Stage fiscal S1 2026 Paris

Hier 10:54 Collaborateur libéral (h/f)

Hier 10:47 Stage/Alternance - M2 ou Élève-Avocat (Juillet 2025 ou Janvier 2026)

Hier 08:21 Stage élève-avocat(e) (1er semestre 2026, stage de 6 mois) (h/f)

Hier 08:21 Stage élève-avocat(e) (2nd semestre 2026, stage de 6 mois) (h/f)

Hier 08:20 Assistant(e) juridique

Hier 08:20 Avocat H/F - Droit social / Droit du travail

Hier 08:19 Assistant administratif et juridique H/F

Hier 08:19 Comptable-Taxateur.trice H/F

LES HABITANTS

Membres

PROFESSIONNELS DU DROIT

Solutions

Formateurs