Adoption simple : intérêts, conditions et procédure.

Par Léa Smila, Avocat.

163573 lectures 1re Parution: Modifié: 94 commentaires 4.95  /5

Explorer : # adoption simple # conditions d'adoption # procédure d'adoption # fiscalité

Il existe deux types d’adoption - simple et plénière - en droit français. La procédure d’adoption simple est plus généralement utilisée dans le cadre des familles recomposées ou bien pour des raisons successorales.

-

1 - Pourquoi procéder à une adoption simple ?

  • Tout d’abord lorsque l’on souhaite que l’enfant - l’adopté - puisse conserver des liens avec sa famille biologique. En effet, l’adoption simple contrairement à l’adoption plénière permet de conserver les liens avec sa famille d’origine en les faisant coexister avec les nouveaux liens créés avec l’adoptant.

C’est pourquoi, très souvent, les familles recomposées ont recours à ce type d’adoption.

  • Dans tous les cas où l’adoption plénière n’est pas possible. Le cas est particulièrement fréquent pour les enfants de plus de 15 ans.
  • Pour des raisons fiscales : les modifications apportées par la loi du 14 mars 2016 relative à la protection de l’enfant à l’article 786 du Code général des impôts concernant la nouvelle fiscalité de l‘adoption simple prévoit désormais le même traitement fiscal pour les enfants adoptés pleinement qu’en cas d’adoption simple.

Ainsi alors qu’avant cette loi, les droits de succession applicables à un enfant issu d’une adoption simple s’élevaient à 60%, désormais c’est exactement le même traitement que pour les adoptions plénières sous deux conditions :
1/ Si l’adopté est mineur au moment de l’adoption,
2/ si l’adopté est majeur au moment de l’adoption à la condition qu’il ait bénéficié de soins non interrompus par l’adoptant pendant au moins 5 ans durant sa minorité ou 10 ans pendant sa majorité.

Ses nouvelles dispositions s’appliquent à tous les décès survenus à compter du 16 mars 2016.

  • Irrévocabilité de l’adoption simple : la loi précitée prévoit dans l’article 310 du Code civil que l’adoption simple est en principe irrévocable pendant la minorité de l’enfant sauf en cas de motifs graves, cas dans lequel elle peut être révoquée soit par le ministère public soir par l’adoptant majeur.

2 - Quelles sont les conditions pour une adoption simple ?

Deux cas se présentent :

  • Vous souhaitez procéder à une adoption en qualité de personne seule : vous devez être âgé d’au moins 28 ans et avoir 15 ans de différence avec la personne que vous souhaitez adopter (des dérogations sont possibles).

Les enfants que l’ont peut adopter sont :
- les pupilles de l’État,
- les enfants dont les parents ont accepté l’adoption,
- les enfants déclarés abandonnés par jugement,
- les enfants dont l’adoption plénière n’est pas possible ou dont la procédure d’adoption plénière a échoué.

  • Vous souhaitez adopter l’enfant de votre conjoint (vous devez être marié, avoir au moins 10 ans de différence avec l’adopté et bénéficier du consentement de votre époux).

Dans tous les cas, il n’existe aucune condition concernant l’adopté si ce n’est que s’il est âgé de plus de 13 ans, il devra donner son accord.

3 - Les pièces à produire pour un dossier d’adoption simple :

  • Vous devez présenter une requête pour chaque adopté soit par l’adoptant soit par un avocat étant précisé que le ministère d’avocat est obligatoire dès lors que l’adopté a plus de 15 ans.

La requête devant être fournie en 3 exemplaires cosignés de l’avocat et de l’adopté.

  • Cette requête doit indiquer les conséquences de l’adoption sur le nom de l’adopté à savoir soit l’adjonction ou la substitution du nom de l’adoptant ou l’attribution du nom du conjoint de l’adoptant (articles 363 et 357 du Code civil).

Si le nom de l’adopté ne change pas, il faut également en préciser la raison (absence de consentement de l’adopté majeur, adoption par une femme mariée de l’enfant de son conjoint, adoptant et adopté portent déjà le même nom).

  • Il conviendra également de produire les actes de naissance de l’adoptant, son conjoint, des descendants et acte de mariage de l’adoptant, acte de naissance de l’adopté, acte de naissance du conjoint de l’adopté, acte de mariage de l’adopté, acte de naissance des descendants
  • Si l’adopté est mineur, il faut produire le consentement des parents biologiques devant notaire, ainsi que l’original du certificat de non rétractation des parents délivrés deux mois après le consentement par le notaire.
  • Si l’adopté a plus de 13 ans, il convient de produire le consentement de l’adopté devant notaire toujours en original ainsi que le certificat de non rétractation délivré par le notaire dans les deux mois suivant le consentement ainsi que le consentement de l’adopté à l’adjonction et/ou à la substitution de son nom.
  • Si l’un des parents de l’adopté est décédé, il convient de produire l’acte de décès, une lettre indiquant que des liens ont été conservés avec la famille du parent décédé et si cette famille est informée du projet d’adoption.
  • Si l’adopté est majeur et est l’enfant du conjoint de l’adoptant, il faut joindre le consentement du conjoint de l’adoptant (et parent de l’adopté) délivré par lettre simple avec une photocopie de la pièce d’identité, copie d’une lettre informant l’autre parent de l’adopté de ce projet d’adoption avec l’original de l’avis de réception ou courrier de l’autre parent de l’adopté faisant valoir ses observations sur ce projet.
  • Si l’adopté est majeur et n’est pas l’enfant du conjoint de l’adoptant : copie d’une lettre informant les parents de l’adopté de ce projet d’adoption avec les originaux des avis de réception.
  • Si l’adopté est marié ou pacsé, lettre simple du conjoint ou du partenaire faisant ; valoir ses observations,
  • Si l’adoptant a des descendants, observations sur le projet d’adoption par lettre simple accompagnée d’une photocopie de pièce d’identité des descendants de plus de 13 ans ou du père et de la mère des descendants de l’adoptant de moins de 13 ans, attestation sur l’honneur de l’adoptant selon laquelle il n’est ni séparé de corps, ni divorcé ni en instance de divorce et qu’il n’a pas de descendants ou si l’adoptant a déjà des descendants que l’adoption sollicitée n’est pas de nature à compromettre la vie familiale.

Léa Smila
Avocat à la Cour
E-mail : contact chez smila-avocat.com
www.smila-avocat.com

Recommandez-vous cet article ?

Donnez une note de 1 à 5 à cet article :
L’avez-vous apprécié ?

908 votes

Cet article est protégé par les droits d'auteur pour toute réutilisation ou diffusion (plus d'infos dans nos mentions légales).

Commenter cet article

Discussions en cours :

  • Dernière réponse : 17 mai 2017 à 22:29
    par rapalino , Le 9 mars 2017 à 21:03

    mon conjoint souhaite adopter ma fille elevee par lui qui a 31 ans aujourd hui.il a un fils d un p remier mariage qu il n a pas vu depuis 20ans il ne repond pas aux courrier car il. nous faut son avis.que faire,

    • Bonjour,

      Votre question est-elle de savoir si le consentement de l’enfant du futur adoptant est requis ?

      Si telle est la question, alors non !

      L’adoption ne concerne que l’adoptant et l’adopté. Seul le consentement de l’adopté majeur est requis dans le cadre d’une adoption simple.

      Bien à vous,

      Léa Smila
      Avocat au Barreau de Paris
      www.smila-avocat.com

    • par Catherine , Le 17 mai 2017 à 22:29

      J ai eu 2 enfants d un premier mariage j ai divorce et mon second mari a adopté mes enfants par une procédure d adoption simple j ai divorce à nouveau et il est décédé en 2005 , mes enfants portent le nom que de l adoptant
      Je suis mariée depuis 11 ans mon fils à 30 ans et mon mari souhaite qu on entame une procédure d adoption simple , mon fils le souhaite
      Est ce possible ?
      Son père biologique vit toujours

  • par Cindy , Le 23 avril 2017 à 01:26

    Bonjour ,
    D’abord merci pour cet article , ensuite j’aimerais comprendre comment ce passe exactement l’adoption de l’enfant du conjoint . Ma femme et moi (couple homisexuel) somme mariées et je suis enceinte , elle devra donc adopter nôtre enfant mais comment ?

  • Bonjour,
    Le consentement des parents biologiques n’est pas requis pour l’adoption SIMPLE d’un enfant majeur.
    Mais qu’en est-il pour l’adoption PLENIERE ?
    Nous avons déposé une requête en adoption plénière d’une enfant qui a maintenant 19 ans, au regard de l’article 345 2ème alinéa (accueillie depuis l’âge de 3 ans et adoptée en adoption simple).
    Le TGI exige le consentement du père biologique (mère dcd) bien que "l’enfant" soit majeure. Or ce dernier est parti à l’étranger sans laisser d’adresse. Impossible de le joindre, sinon en engageant des recherches fastidieuses .... et sans doute trop longues pour rester dans le délai des deux ans après la majorité.

    Je ne trouve aucune référence réglementaire.
    Merci de votre aide

    • par Léa Smila , Le 10 mars 2017 à 12:08

      Bonjour,

      En principe l’adoption plénière ne peut être réalisée que pour un enfant de moins de 15 ans et à titre exceptionnel jusqu’à ses 20 ans ce qui semble être votre cas conformément aux dispositions des articles 345 et 348-3 du Code civil !

      De plus, si cet enfant a une filiation établie et que ses parents biologiques s’en occupent, seule l’adoption simple est en principe possible.

      Mais là encore, il existe des exceptions notamment si le parent biologique ne s’occupe pas de cet enfant ( ce qui semble être le cas) et qu’il s’oppose à l’adoption, le Tribunal peut ne pas prendre en considération ce refus...

      De la même manière, lorsque l’autorité parentale a été retirée aux parents biologiques, une adoption plénière peut être envisagée sans l’accord des parents...

      Il me manque des éléments pour répondre à votre question de manière précise. Je ne peux que vous indiquer certaines pistes et vous conseille de vous rapprocher de votre Conseil qui pourra au regard des éléments de votre dossier vous conseiller au mieux...

  • par Lou Acs , Le 23 février 2017 à 13:28

    Bonjour,
    Mon père s’étant jamais occupé de moi (ou très peu, quelques week-end en 14 ans) est-ce qu’il serait possible de me faire adopter par mon beau-père, qui s’occupe de moi depuis mes 3 ans (mais sachant que il n’est pas marié avec ma mère, que j’ai 14 ans et que mon père n’acceptera jamais) ? Est-ce qu’on aura besoin d’avoir un avocat ? Est-ce qu’il y aura des frais (hors celui des avocats) ? Merci d’avance pour la réponse

Village de la justice et du Droit

Bienvenue sur le Village de la Justice.

Le 1er site de la communauté du droit: Avocats, juristes, fiscalistes, notaires, commissaires de Justice, magistrats, RH, paralegals, RH, étudiants... y trouvent services, informations, contacts et peuvent échanger et recruter. *

Aujourd'hui: 156 320 membres, 27843 articles, 127 254 messages sur les forums, 2 750 annonces d'emploi et stage... et 1 600 000 visites du site par mois en moyenne. *


FOCUS SUR...

• Assemblées Générales : les solutions 2025.

• Voici le Palmarès Choiseul "Futur du droit" : Les 40 qui font le futur du droit.




LES HABITANTS

Membres

PROFESSIONNELS DU DROIT

Solutions

Formateurs