Hospitalisation pour troubles psychiques : les conditions, le rôle des proches et le cadre juridique de l’hospitalisation sans consentement.

Par Johann Petitfils-Lamuria, Avocat.

1164 lectures 1re Parution: 5  /5

Explorer : # hospitalisation sous contrainte # troubles mentaux # soins psychiatriques # rôle des proches

Selon les chiffres de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), plus de 20% des personnes souffrent d’un trouble de santé psychique. Il peut s’agir de démence, de troubles anxieux, paranoïaques, dépressifs ou d’addictions.

Cette réalité sociale plonge le patient mais aussi ses proches dans un véritable enfer.

Dans la majorité des cas, le patient n’est pas conscient des troubles dont il est atteint. C’est dans ces cas que l’entourage joue un rôle crucial.

L’hospitalisation en milieu psychiatrique peut, parfois, être décidée librement par le patient et son psychiatre. On parle d’hospitalisation en service libre.

Dans les autres cas, le sujet n’aura pas conscience ni de la gravité de son état ni de la nécessité de soins pouvant ainsi présenter un risque pour lui-même et pour son entourage.

C’est dans ce cas que l’hospitalisation sous contrainte (sans consentement) peut/doit être envisagée.

-

1) Définition de l’hospitalisation sous contrainte.

Cette procédure est également connue sous les appellations suivantes :

  • hospitalisation sans consentement ;
  • placement d’office ;
  • hospitalisation à la demande d’un tiers ;
  • internement d’office ou forcé.

Il convient de distinguer 3 modalités pour mettre votre proche à l’abri du danger et lui faire bénéficier d’un contrôle et d’une surveillance médicale adaptée :

  • l’hospitalisation d’office classique à la demande d’un tiers (époux ou membre de la famille) ;
  • le péril imminent ;
  • l’urgence.

L’admission en soins psychiatriques peut être demandée par un proche au Directeur d’établissement ou, en l’absence de proche, en cas de péril imminent pour la personne.

Enfin, si les agissements de l’individu mettent en péril ou menacent l’Ordre public, la décision pourra être rendue par le préfet.

2) Cadre juridique de l’hospitalisation d’office.

L’hospitalisation sous contrainte à la demande d’un tiers est strictement encadrée par la Loi.

Plus précisément, les articles L3212-1 et suivants du Code de la santé publique fixent les conditions de l’internement d’office d’une personne à la demande d’un tiers.

Tout d’abord, cette procédure concerne les personnes présentant des troubles mentaux nécessitant des soins immédiats assortis d’une surveillance médicale.

Le tiers à l’origine de la demande peut être un membre de la famille, de l’entourage ou toute autre personne pouvant justifier de l’existence de relations antérieures.

La demande doit être réalisée par écrit avec l’assistance d’un avocat afin de constituer le dossier.

La demande de prise en charge doit être accompagnée de deux certificats médicaux circonstanciés, datant de moins de quinze jours, qui constatent l’état du malade et recommandent l’hospitalisation.

Le premier ne peut être établi que par un médecin n’exerçant pas dans l’établissement qui va admettre le patient (un médecin généraliste, par exemple). Il doit être confirmé par un second, effectué par un autre médecin, généralement l’un de ceux qui exercent dans l’hôpital qui va accueillir le malade. Le respect de la procédure est contrôlé par le directeur de l’établissement.

Remarque : En l’absence de tiers et en cas de péril imminent, l’admission peut être prononcée sur la base du seul certificat datant de moins de 15 jours rédigé par un médecin n’exerçant pas dans l’établissement d’accueil.

3) Le déroulement de la procédure d’hospitalisation.

Une fois l’hospitalisation d’office ordonnée, la personne est placée en observation dans les 24 heures durant lesquelles un psychiatre établit un certificat médical constatant l’état mental.
Dans les 72 heures suivant l’admission, un nouvel examen médical constate l’évolution de l’état du patient.

Si les deux certificats médicaux confirment la nécessité de maintenir les soins psychiatriques, le psychiatre propose alors l’une des formes de la prise en charge du malade suivantes :

  • hospitalisation complète ;
  • Hospitalisation complète avec autorisation de sorties de 12 heures au maximum sous surveillance d’un membre du personnel de l’établissement ;
  • soins ambulatoires ;
  • hospitalisation à domicile.

L’hospitalisation et les soins font l’objet d’un contrôle systématique de la part du juge des libertés et de la détention (JLD).

Ce dernier intervient, la première fois, dans les 12 jours de l’hospitalisation puis au terme de 6 mois d’hospitalisation complète.

Au regard des éléments, le juge peut décider de poursuivre ou mettre fin aux mesures.

4) La fin de la mesure.

Enfin, il convient de préciser que la mesure de contrainte peut prendre fin par décision :

  • du psychiatre de l’établissement le décide ;
  • du directeur de l’établissement sur demande d’un membre de la famille, du tuteur, du curateur ou de toute personne faisant état de relations avec le malade antérieures à l’admission en soins (ou également sur demande de la commission départementale des soins psychiatriques) ;
  • du juge des libertés et de la détention à la suite de son contrôle, ou saisi par le procureur de la République, le patient ou toute personne présentant un intérêt.

Attention, l’hospitalisation sous contrainte revient à limiter, voire annuler la liberté fondamentale du patient. Ce sont des dossiers extrêmement sensibles pour lesquels les proches doivent s’assurer le suivi et les conseils d’un professionnel.

Johann Petitfils-Lamuria
Avocat à la Cour
Barreau de Paris

Recommandez-vous cet article ?

Donnez une note de 1 à 5 à cet article :
L’avez-vous apprécié ?

2 votes

Cet article est protégé par les droits d'auteur pour toute réutilisation ou diffusion (plus d'infos dans nos mentions légales).

A lire aussi :

Village de la justice et du Droit

Bienvenue sur le Village de la Justice.

Le 1er site de la communauté du droit: Avocats, juristes, fiscalistes, notaires, commissaires de Justice, magistrats, RH, paralegals, RH, étudiants... y trouvent services, informations, contacts et peuvent échanger et recruter. *

Aujourd'hui: 156 340 membres, 27854 articles, 127 257 messages sur les forums, 2 750 annonces d'emploi et stage... et 1 600 000 visites du site par mois en moyenne. *


FOCUS SUR...

• Assemblées Générales : les solutions 2025.

• Avocats, être visible sur le web : comment valoriser votre expertise ?




LES HABITANTS

Membres

PROFESSIONNELS DU DROIT

Solutions

Formateurs