Rédiger une convention d’arbitrage : comment éviter les conventions pathologiques.

Par David Nyamsi, Juriste.

8689 lectures 1re Parution: 4.94  /5

Explorer : # arbitrage # convention d'arbitrage # clauses pathologiques # rédaction juridique

La convention d’arbitrage est la convention par laquelle les parties à un contrat s’engagent à soumettre à l’arbitrage les litiges relatifs à ce contrat.
Deux types de conventions d’arbitrage existent, à savoir : la clause compromissoire, qui est rédigée en vue d’un éventuel litige futur, et le compromis, qui porte sur un litige déjà né.
Pour s’assurer de la validité de la convention d’arbitrage, il conviendra de respecter des conditions de fond. La convention d’arbitrage étant un contrat, elle est soumise au droit commun des contrats, en sus de règles spécifiques, par exemple en termes de capacité des parties ou d’arbitrabilité du litige. Il convient également de suivre des règles de forme. En effet, la bonne rédaction d’une convention d’arbitrage est indispensable à son efficacité afin d’éviter qu’elle ne présente une « pathologie » susceptible de la rendre inopérante.

-

Pour éviter les clauses pathologiques, il faudra rédiger la clause d’arbitrage en incluant (avec l’aide d’un conseil), les éléments ci-après ; selon la loi de procédure qui sera applicable à l’arbitrage certains sont indispensables à sa validité et d’autres simplement conseillés pour son efficacité. En règle générale, il convient de veiller à ce que la convention d’arbitrage soit conforme au droit procédural choisi :

• En cas d’arbitrage institutionnel, choisir de manière claire et explicite l’institution d’arbitrage à laquelle le litige sera soumis, et veiller à exactement la dénommer (par exemple : « la Cour Commune de Justice et d’Arbitrage » et non la Cour d’Abidjan, dénomination ambigüe) ; "le Centre d’Arbitrage du Gicam, CAG" et non "le Gicam" ou "le Centre d’arbitrage du Cameroun"
• Quand c’est possible, s’appuyer sur le modèle de clause d’arbitrage offert par l’organisme d’arbitrage choisi ;

La volonté des parties de recourir à l‘arbitrage doit s’exprimer clairement et sera par exemple source de difficulté une clause compromissoire posant l’obligation de réitérer la convention d’arbitrage par voie de compromis ;

• En s’appuyant sur la loi procédurale applicable, préciser le nombre d’arbitres qui composeront le tribunal arbitral, prévoir les modalités de leur désignation et éventuel remplacement. Il convient de respecter le droit procédural choisi et d’y déroger seulement lorsque ce-dernier permet de le faire, il y a lieu de ne pas prévoir des modalités ou délais impossibles à appliquer ;

• Choisir le siège de l’arbitrage, en considérant le droit procédural, les réalités pratiques et juridiques de l’État dans lequel se déroulera l’arbitrage ;

• Choisir la ou les langues de l’arbitrage, en tenant compte notamment des langues officielles du pays où se tiendra l’arbitrage, la langue du contrat, des parties, du lieu d’exécution de la sentence ;

• Préciser les règles de droit applicables au fond de l’arbitrage et si le tribunal arbitral aura la possibilité de trancher en amiable compositeur ;

• Ici encore, selon la loi de procédure applicable, préciser si les parties entendent renoncer totalement ou partiellement aux recours contre la sentence ;

• Le cas échéant, indiquer clairement dans la clause de résolution des litiges, si l’arbitrage sera combiné à un ou plusieurs autres modes de résolution (expertise, médiation, conciliation, transaction) et les délais à respecter à respecter dans la combinaison de ces procédures ;

• Éventuellement définir de manière restrictive l’objet du litige qui sera soumis à l’arbitrage, si l’on souhaite limiter le domaine d’application de la convention et la compétence du tribunal arbitral ;

• La convention d’arbitrage doit également être compatible avec d’éventuelles autres conventions de résolution des litiges prévues dans d’autres instruments juridiques auxquels le contrat principal fait référence (par exemple un contrat de construction qui ferait référence à un cahier des charges, comprenant une clause de résolution des litiges) ;

• Il convient également de se méfier des traductions aléatoires de conventions d’arbitrage conclues dans une langue étrangère, la traduction des concepts juridiques pouvant être source d’ambiguïté.

Secrétaire Général du Centre d\’Arbitrage du Gicam
Enseignant-Chercheur
Consultant

Recommandez-vous cet article ?

Donnez une note de 1 à 5 à cet article :
L’avez-vous apprécié ?

85 votes

Cet article est protégé par les droits d'auteur pour toute réutilisation ou diffusion (plus d'infos dans nos mentions légales).

Village de la justice et du Droit

Bienvenue sur le Village de la Justice.

Le 1er site de la communauté du droit: Avocats, juristes, fiscalistes, notaires, commissaires de Justice, magistrats, RH, paralegals, RH, étudiants... y trouvent services, informations, contacts et peuvent échanger et recruter. *

Aujourd'hui: 156 320 membres, 27838 articles, 127 254 messages sur les forums, 2 750 annonces d'emploi et stage... et 1 600 000 visites du site par mois en moyenne. *


FOCUS SUR...

• Assemblées Générales : les solutions 2025.

• Voici le Palmarès Choiseul "Futur du droit" : Les 40 qui font le futur du droit.




LES HABITANTS

Membres

PROFESSIONNELS DU DROIT

Solutions

Formateurs