[Tribune] Pourquoi les avocats du Barreau de Paris n’aiment pas leur ordre ?

Par Frédéric Chhum, Avocat.

1153 lectures 1re Parution: Modifié: 4.69  /5

Explorer : # désamour des avocats # démocratie ordinale # réformes nécessaires # participation électorale

Ce que vous allez lire ici :

Le Barreau de Paris, malgré sa forte interaction avec l'ordre, montre un désintérêt pour les élections ordinales. Avec une hausse des avocats, une réforme démocratique est essentielle : transparence des candidatures, incitations au vote et débats ouverts sont nécessaires pour renforcer l'engagement et l'efficacité de l'ordre.
Description rédigée par l'IA du Village

Les avocats du Barreau de Paris tournent le dos à leur ordre.
A cet égard, depuis 20 ans, lors des élections de leurs représentants (Bâtonnier/e, Membre du Conseil de l’ordre) on constate 2/3 d’abstention (24 000 avocats du Barreau de Paris sur 34 000 ne votent pas) sur alors même les modalités de vote électronique sont très simples (un vote en un clic).

NDLR : cet article est une tribune de candidat aux élections au Bâtonnat de Paris.

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Pourtant, dans certains barreaux de province, le taux de participation est de plus de 90% aux élections ordinales. La raison, nous dit on, serait que dans les barreaux de province, le nombre d’avocat est moins élevé.

La population des avocats est pourtant biberonnée, dès la première année des études de droit, aux cours de droit constitutionnel durant laquelle est enseignée les règles de la démocratie.

Malgré cela, les avocats du Barreau de Paris rejettent massivement leur démocratie ordinale.

Pourtant, les avocats traitent quasi quotidiennement avec leur ordre.

Qu’il s’agisse de recruter un collaborateur, l’ordre le valide.

Qu’il s’agisse de faire entrer un associé, cette association est validée par le Conseil de l’ordre.

Qu’il s’agisse d’une question déontologique, l’ordre répond tous les jours à des dizaines de questions de déontologie posée par les avocats.

Qu’il s’agisse d’un conflit avec un cabinet pour un collaborateur ou un conflit entre associés, l’ordre permet souvent une concilation.

Qu’il s’agisse d’un conflit entre confrères avant une audience prud’homale, le conflit peut être tranché par zen prud’hommes.

Qu’il s’agisse d’une perquisition, où un membre du conseil de l’ordre délégué du bâtonnier pour veiller au respect du secret professionnel.

Pourquoi ce désamour ? C’est quoi ton problème, ordre des avocats de Paris ?

Il y a 30 ans, nous étions 12 000 avocats au Barreau de Paris. Aujourd’hui, nous sommes 35 000 avocats, soit 3 fois plus.

Notre profession (et il faut s’en réjouir) est attractive. Des milliers d’étudiants sacrifient leur été en payant des prépas trop chères pour passer le CRFPA.

En 30 ans, les méthodes de travail ont été révolutionnées avec les nouvelles technologies.

Les avocats se sont aussi hyperspécialisés.

La Place de Paris est aussi devenue très internationale. Depuis 30 ans, beaucoup de cabinets anglais ou américains ont créé un bureau à Paris. Il y a plus de cabinets américains à Paris qu’à Londres et plus de cabinets londoniens à Paris qu’à New York.
Ceci étant dit.

Que faire pour réconcilier les avocats du Barreau de Paris avec leur ordre ?

Plus de démocratie ordinale.

Selon nous, il faut plus de démocratie ordinale.

Dès lors, il faut intégrer dans les postes de cadres dirigeants des non ordinaux (secrétaire général, directeur de la déontologie, directeur des règlements des litiges, etc.).

Aujourd’hui, ces postes sont réservés aux ordinaux sans passer par la possibilité de permettre aux confrères de candidater à ces emplois.

Il faut aussi rendre l’élection au Bâtonnat plus transparente et plus démocratique.

Ceci passe par un plafonnement des dépenses de campagne (à 50 000 euros, montant à débattre) et un remboursement de celles-ci par l’ordre si le candidat obtient plus de 10% de voix exprimées.

J’avais déposé un rapport en Conseil de l’ordre en décembre 2021 en ce sens.

Il faut inciter les consœurs/confrères à voter. Une incitation financière pourrait être créer avec une réduction de 30 euros des cotisations ordinales pour les consœurs et confrères qui ont participé aux élections.

Il faut aussi en finir avec le système des binômes pour les élections qui a entrainé une raréfaction des candidatures (18 candidats soit 9 binômes lors des élections au conseil de l’ordre en 2023 contre 50 candidats en 2015 avant la réforme).

Il faut aussi organiser une Assemblée générale annuelle ouverte à tou(te)s les consœurs et confrères qui pourraient poser toute question à leur Bâtonnier/et aux membres du conseil de l’ordre (sur les comptes de l’ordre, sur la déontologie, sur l’évolution technologique de la profession avec l’IA générative).

Il faut aussi créer des débats participatifs notamment sur l’utilisation des bénéfices historiques importants de la CARPA (35 000 000 d’euros en 2023 et la même chose en 2024), du fait de l’augmentation des taux d’intérêts depuis début 2022.

Il faut aussi instaurer une parité femmes/hommes à la Conférence du Stage où les consœurs bien qu’ultra-majoritaires à l’entrée au Barreau sont étonnamment minoritaires au sein de la Conférence.

Voilà quelques pistes.

L’ordre des avocats doit redevenir un centre d’attention pour les avocats du barreau de Paris.

A cet égard, on l’a vu lors de la crise de la covid-19 durant laquelle les consœurs/confrères se sont spontanément tournés vers leur ordre lorsqu’ils avaient des interrogations (télétravail des avocats collaborateurs, aides financières, tenue des audiences, etc.).

L’ordre des avocats de Paris sera plus fort si la participation aux élections ordinales est élevée.

A défaut, il continuera à se bunkériser et de mourir.

Cela ne serait ni bon pour lui, ni bon pour les avocats du Barreau de Paris.

Frédéric Chhum, avocat et ancien membre du Conseil de l’ordre des avocats de Paris (mandat 2019 -2021)
Chhum Avocats (Paris, Nantes, Lille)
chhum chez chhum-avocats.com
www.chhum-avocats.fr
http://twitter.com/#!/fchhum

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