L’affacturage (ou "factoring").

Par Nicolas Gurnot, Expert-comptable.

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Explorer : # affacturage # gestion de trésorerie # financement des créances # risque d'impayé

Problème de trésorerie, client en retard dans leur paiement : quelles solutions ? L’affacturage (ou "factoring"), comment faire ? Combien ça coûte ? Vous allez comprendre ce qu’est l’affacturage (ou factoring) et quelles sont les étapes permettant de le mettre en place.

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Du fait de clients ayant du retard dans leur paiement, vous avez des difficultés de trésorerie. Vous souhaiteriez trouver une solution rapide qui vous permette de piloter votre besoin en fonds de roulement ? L’affacturage est peut-être la solution.

1) L’affacturage, qu’est-ce que c’est ?

L’affacturage (ou factoring) est la technique par laquelle :
- une société (l’adhérent) transmet les créances qu’elle a sur ses clients (les débiteurs cédés)
- à une société d’affacturage (factor ou affactureur).

En échange du paiement d’une commission, l’adhérent obtient une garantie contre le risque d’impayé, la gestion de son poste clients et le financement immédiat de ses créances.

Ce contrat financier et commercial est un contrat synallagmatique, successif, à titre onéreux. Il est soumis aux règles de droit commun des contrats (les contrats doivent inclurent les clauses suivantes : objet, cause, capacité, consentement).

L’affacturage est une technique de gestion commerciale au service de la société : le "factor" procède à l’enregistrement des factures, relance les débiteurs, procède aux encaissements et assure le service du contentieux en cas de non-paiement. L’affacturage est également une technique de financement des créances à court terme (180 jours maximum) lorsque le "factor" paie par anticipation tout ou partie du montant des créances transférées.

Généralement les services inclus dans le contrat d’affacturage sont les suivants :
- La prévention du risque et la garantie contre les impayés, en assurant en cas d’insolvabilité l’indemnisation jusqu’à 100% des créances cédées et garanties.
- La gestion du poste clients, de l’enregistrement à l’encaissement des factures : le "factor" se charge de relancer les débiteurs et gère les règlements de ces derniers. Il entame les procédures contentieuses si nécessaire. Les sociétés, alors dégagées de ces contraintes administratives, peuvent se recentrer sur leur cœur de métier.
- Les "factors" proposent un financement immédiat des créances, permettant de transformer la créance en une trésorerie réelle et disponible.

2) Quel est l’intérêt de l’affacturage ?

En plus des services inclus dans le contrat d’affacturage, l’affacturage dispose de trois autres avantages :
- Il est plus avantageux que l’assurance classique. En effet, il peut couvrir les créances à 100%, contre 60 à 85% pour l’assurance. De plus, il permet d’obtenir des liquidités immédiatement, contre un délai de trois à six mois pour l’assurance. Enfin, il n’existe pas de plafond d’indemnisation en affacturage, alors que l’assurance en prévoit un, de 10 à 25 fois la prime annuelle.
- La société conserve l’exclusivité sur la relation commerciale avec les clients. Elle peut donc négocier les conditions de vente (prix, délais, ristournes…).
- La disparition du poste clients entraîne une baisse du besoin en fonds de roulement. La société peut alors régler ses factures au comptant et obtenir de meilleures conditions d’achat.

3/ Comment sont transférés les risques ?

Le "factor" subrogé investi des créances dont il devient propriétaire, se charge du recouvrement et en garantit la bonne fin. Si le débiteur cédé s’avère insolvable, la perte est donc pour lui.
L’affactureur prend l’exacte place juridique qu’occupait précédemment l’adhérent et devient le créancier direct et personnel des clients de l’adhérent.
Ce mode de transfert est opposable aux tiers – notamment en cas de redressement judiciaire de l’adhérent – sans qu’il soit nécessaire de le faire notifier par huissier ou accepter au cédé par un acte authentique.
Il ne peut acquérir plus de droit qu’en avait l’adhérent subrogeant. Ainsi, le débiteur cédé pourra soulever à son encontre tous les moyens de défense qu’il avait contre le son créancier initial. L’un de ses moyens est l’exception générale de compensation, mais elle est opposable au "factor" que si elle est née avant la subrogation.
Le "factor" n’a aucun recours contre son client en cas de créance impayée. Sauf dans le cas d’une créance inexistante ou avec une fausse cause où le "factor" peut exceptionnellement agir contre l’adhérent.
Il est cependant utile d’informer le débiteur cédé pour lui interdire un paiement de bonne foi au vendeur. L’information se fait le plus souvent au moyen d’une mention que l’adhérent s’engage à apposer sur les factures qu’il émet.

4) Quel est le coût de l’affacturage ?

Le coût se décompose en deux :
- La commission d’affacturage qui rémunère les services prévus au contrat (gestion du poste clients, recouvrement et garantie). Elle correspond à un pourcentage du montant TTC des créances cédées (entre 0,6 et 1,5%).
- La commission de financement destinée à rémunérer l’avance de trésorerie faite par la société d’affacturage. Elle évolue en fonction du marché monétaire.

5) D’accord, mais concrètement cela fonctionne comment ?

Dans le cadre de la convention générale d’affacturage, l’affactureur ouvre un compte courant à l’adhérent. Quand ce dernier lui remet des créances et qu’elles sont approuvées, l’affactureur le paie en inscrivant le montant au crédit du compte au moment convenu avec lui et débite à l’instant d’après le montant des frais.

Comme vu précédemment, le coût de l’affacturage comprend deux types de rémunération : la commission d’affacturage qui couvre la gestion des comptes et le recouvrement des créances, et la commission de financement ou taux de découvert en cas de paiement anticipé.

Comme l’escompteur, le "factor" se fait transférer la propriété des créances. Outre la garantie de compensation, il peut exiger des sûretés personnelles, une assurance-crédit ou des retenues de garantie.

6) Qui peut bénéficier de l’affacturage ?

Toutes les sociétés qui possèdent des créances nées, certaines et exigibles peuvent bénéficier des avantages de l’affacturage, quels que soient leur secteur d’activité et leur taille. Le "factor" doit s’assurer que les créances qu’il achète correspondent à une prestation / livraison qui a été réellement et totalement effectuée, sans contestation de règlement possible à l’échéance.

7) Quel est le rôle du commissaire aux comptes avec l’affacturage ?

Si la société est dotée d’un commissaire aux comptes, ce dernier ne pourra s’opposer à cette convention.
En effet, le commissaire aux comptes est soumis à un principe de non immixtion dans la gestion de ses clients.
Il est par ailleurs difficilement envisageable que la convention d’affacturage soit soumise au contrôle des conventions réglementées du commissaire aux comptes.

8/ Qui peut proposer un service d’affacturage ?

L’affacturage est une opération de banque donc seuls les établissements de crédit peuvent, selon la loi du 24 janvier 1984, la pratiquer.
Le "factor" est un établissement de crédit qui, moyennant rémunération, se charge d’opérer le recouvrement de la créance (française ou née à l’étranger), d’en garantir la bonne fin, y compris en cas de défaillance du débiteur (ce qui le différencie de l’escompteur) et de régler par anticipation tout ou partie des créances transférées.

Seules les créances certaines, nées, exigibles ou à terme peuvent faire l’objet d’un affacturage.
L’affactureur n’a pas à se charger d’encaisser et de garantir la bonne fin des seules mauvaises créances commerciales à court terme de ses clients. C’est pourquoi il existe une clause dite de globalité ou d’exclusivité selon laquelle le client doit offrir au "factor" toutes les créances prévues par le contrat.

Le "factor" a, lui, un pouvoir d’approbation ou de sélection des créances. Cependant si le "factor" refuse une créance qu’il juge douteuse, il peut néanmoins se charger de les encaisser comme simple mandataire. L’adhérent supporte dans ce cas-là le poids de l’éventuelle insolvabilité du client.

9) Conclusion

Malgré un coût considérable, la technique de l’affacturage est très intéressante pour les sociétés, en particuliers pour les PME, car elle procure une sécurité de financement.

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Discussion en cours :

  • par Burdeyron olivier , Le 2 janvier 2020 à 13:32

    Bonjour,
    Pour réagir à votre article très complet, je souhaiterai préciser qu’il n’est pas vraiment adapté de comparer l’affacturage à l’assurance crédit, car le premier porte sur du financement alors que le second porte sur de l’assurance de créances. La différence porte aussi sur l’objet déclencheur de l’indemnisation des créances, pour le premier c’est quand le débiteur est en liquidation judiciaire, alors que pour le second c’est lorsque le débiteur est en défaut de paiement avant procédure.
    Cordialement
    Olivier Burdeyron
    e-affacturage

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