Mesures de géolocalisation : la Cour de cassation rappelle les exigences de motivation pour le procureur et le JLD.

Par Myriam Driouch, Avocat.

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M. [B], mis en examen pour des infractions liées aux stupéfiants, conteste la légalité des autorisations de géolocalisation. La Cour de cassation a annulé partiellement mesures, soulignant le besoin d'une motivation précise respecter les droits de la défense, tout en affirmant l'importance des mesures de surveillance.
Description rédigée par l'IA du Village

L’arrêt de la Cour de cassation de la chambre criminelle du 1ᵉʳ octobre 2024 (n° 24-80.363) porte sur la procédure de géolocalisation dans une enquête criminelle et soulève des enjeux considérables en matière de droits fondamentaux, notamment le respect du cadre légal et de motivation imposée au procureur de la république et aux juges des libertés et de la détention.

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Contexte.

L’affaire concerne M. [H] [B], mis en examen pour des infractions à la législation sur les stupéfiants et association de malfaiteurs. Dans ce cadre, des mesures de géolocalisation ont été autorisées pour surveiller deux véhicules et deux lignes téléphoniques. La demande d’annulation des pièces de procédure a été rejetée en appel, ce qui a conduit M. [B] à se pourvoir en cassation. Il conteste principalement la légalité des autorisations de géolocalisation, lesquelles, selon lui, ne répondaient pas aux exigences de motivation circonstanciée en fait et en droit.

Enjeux juridiques.

Le principal enjeu de cet arrêt réside dans l’équilibre entre l’efficacité des enquêtes pénales et la protection des libertés individuelles. Le recours à des techniques de surveillance intrusive, telles que la géolocalisation en temps réel, est encadré par des dispositions strictes, notamment celles du Code de procédure pénale [1] et par l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’Homme qui garantit le respect de la vie privée. Toute autorisation de géolocalisation doit être suffisamment motivée, en se fondant sur des éléments de fait précis justifiant la nécessité de la mesure.

La décision de la Cour de cassation.

Dans cet arrêt, la Cour de cassation casse partiellement la décision de la Cour d’appel d’Orléans, estimant que les autorisations de géolocalisation concernant un véhicule et une ligne téléphonique étaient insuffisamment motivées. En effet, le procureur de la République s’était contenté de faire référence aux « nécessités de l’enquête » sans apporter de justification concrète et circonstanciée. La cour souligne que l’absence de motivation empêche un contrôle effectif de la légalité de ces mesures, ce qui constitue une violation des droits de la défense.

Cependant, la cour rejette la demande d’annulation pour un autre véhicule et une autre ligne téléphonique, car ces éléments n’avaient pas été visés dans le mémoire initial du demandeur. Cela montre l’importance d’une argumentation précise dans les recours en annulation de procédure.

Portée et implications pratiques.

Cet arrêt réaffirme que les mesures de géolocalisation, bien qu’essentielles dans certaines enquêtes criminelles, ne peuvent être autorisées sans une motivation précise, rigoureuse et circonstanciée. Les magistrats doivent désormais veiller à ce que chaque décision d’autorisation explicite en référence à la procédure les raisons pour lesquelles ces mesures sont indispensables à l’enquête, sous peine de voir ces autorisations annulées par les juridictions.

Pour les praticiens du droit pénal, cette décision impose une vigilance accrue lors de la demande et de la justification des mesures de surveillance. Les avocats de la défense pourront s’appuyer sur cet arrêt pour contester des autorisations de géolocalisation insuffisamment motivées, tandis que les magistrats devront veiller à mieux encadrer ces pratiques.

Conclusion.

L’arrêt du 1ᵉʳ octobre 2024 marque un pas important dans la protection des droits des personnes mises en examen, en rappelant les principes fondamentaux de motivation des décisions judiciaires. En cassant partiellement l’arrêt d’appel, la Cour de cassation met l’accent sur la nécessité d’un contrôle strict des mesures de surveillance, pour garantir que les droits de la défense soient respectés dans toutes les étapes de la procédure pénale.

Myriam Driouch
Avocat au Barreau de la Seine-Saint-Denis
avocat.myriam.driouch chez gmail.com
www.myriam-driouch-avocat.fr

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Notes de l'article:

[1Articles 230-32 et 230-33.

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