Le diplôme est-il toujours un sésame dans le domaine du droit ?

Le diplôme est-il toujours un sésame dans le domaine du droit ?

Marie
Rédaction du Village de la justice.

Une étude de l’Observatoire de la formation, de l’emploi et des métiers (OFEM) de la CCI Paris Ile-de-France montre que, plus que le diplôme ou le renom d’une école, d’une université, le monde de l’entreprise favorise les compétences et le "savoir-être" de leurs futurs employés et recrute davantage de personnes sans-diplôme.
Qu’en est-il dans le monde du droit ? Quelle importance les cabinets d’avocats et services juridiques accordent-ils au diplôme lors d’un recrutement ? Ces questions reviennent fréquemment sur le forum du Village de la justice. C’est pourquoi le Village de la justice s’est entretenu avec des professionnels du recrutement pour apporter des éléments de réponse.

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Pour déterminer l’importance du diplôme dans le monde du droit, la rédaction du Village de la justice s’est adressée à Julie-Isabelle Binon, gérante de TeamRH, cabinet de recrutement pour les fonctions support [1] notamment ; à Sharon Golec, associée, de Legalteam Solutions, cabinet de conseil en management et recrutement pour les professions juridiques et à William Cargill, directeur associé de Valoritis, cabinet de recrutement d’avocats.

1. Le diplôme reste un élément fondamental...

Shanon Golec, Legalteam Solutions.

En ce qui concerne les juristes, Sharon Golec précise que « oui, le diplôme est important surtout pour les jeunes juristes, car la formation universitaire est souvent le seul élément qu’un recruteur puisse évaluer concrètement.
La notoriété de la faculté dans laquelle a été obtenu le diplôme a aussi son importance notamment en ce qui concerne les Master II. Cependant, le caractère essentiel du diplôme dépendra du type de poste à pourvoir ; pour un poste d’expertise, par exemple le droit boursier ou financier, le diplôme sera primordial. Pour un poste plus généraliste, le critère de personnalité primera sur le diplôme
 » (ndlr : voir ci-après).

William Cargill, Valoritis.

En ce qui concerne les jeunes avocats, William Cargill remarque que «  plus le cabinet est prestigieux plus le diplôme du candidat, la mention et l’université dans laquelle il a été obtenu auront de la valeur. En fait, depuis une quinzaine d’années, les cabinets d’avocats français font honneur, comme leurs homologues américains, aux écoles de prestige et de qualité. Avant, l’origine du diplôme importait moins.
Cependant, il est préférable pour un candidat de faire d’excellentes études de Droit en France et de parler anglais que d’obtenir un LLM lambda à l’étranger...
 »

2. … Mais, d’autres critères sont pris en compte lors d’un recrutement, parfois plus importants que le diplôme lui-même !

L’expérience, les compétences :

Julie-Isabelle Binon, TeamRH.

Ces deux éléments sont fondamentaux pour les fonctions support (assistant/e, secrétaire juridique, traducteur/trice...) comme nous l’explique Julie-Isabelle Binon, « le diplôme importe peu, l’expérience et les compétences prévalent.
Que la personne ait obtenu son diplôme à l’issu d’un BTS, ou en passant par l’ESAS [2] ou l’Enadep [3], cela n’a pas ou peu d’importance ; ce sont les compétences et l’expérience qui sont essentielles.
La seule nuance à ce propos tiendrait au fait que le cabinet recruteur cherche une personne parlant une langue étrangère et plus particulièrement l’anglais, et sauf pour l’Enadep, ces écoles ne proposent pas ou peu d’enseignement de langues étrangères. 
 »

Pour les avocats, « il est a noter que depuis quelques années, les candidats placent leur expérience professionnelle avant leur formation dans le CV. Ils la mettent ainsi en avant. Plus on est jeune dans la profession et plus le critère du savoir-faire est capital. D’où l’importance de réaliser des stages, d’engranger de l’expérience professionnelle » nous dit William Gargill.
Julie-Isabelle Binon précise à ce titre que « les cabinets d’avocats regardent les stages réalisés par le candidat au cours de sa formation, l’expérience et les compétences ainsi acquises lors de ces stages. A ce titre, l’alternance est une très bonne voie pour être plus facilement embauché. »

La personnalité :
Pour les juristes l’élément primordial est le critère de la personnalité. Voici la définition qu’en fait Sharon Golec : « On entend par personnalité du candidat sa capacité à s’adapter et à adapter son discours à des interlocuteurs variés. C’est aussi sa capacité à s’intégrer dans une équipe juridique, mais aussi auprès des opérationnels. C’est sa capacité à communiquer, à convaincre. La personnalité comprend également l’attrait du candidat pour l’opérationnel.
Enfin, le critère personnalité implique que le candidat soit une personne agréable, simple, qui partage les informations, ses connaissances. 
Ce critère est devenu capital ces 10 dernières années, car les juristes sont de plus en plus, voire totalement intégrés dans les équipes. Ils ne sont plus seulement vus comme des experts. De façon générale, la prédominance du critère personnalité par rapport à celui du diplôme dépendra du profil recherché, du type de poste à pourvoir. Comme je l’ai dit précédemment, s’il s’agit d’un poste généraliste, l’expérience, la personnalité priment sur le diplôme ; s’il s’agit d’un poste d’expertise, le diplôme a plus d’importance, mais sans écarter la personnalité, car les experts travaillent aussi en équipe et interagissent avec des interlocuteurs variés. A diplôme, expériences équivalents, c’est la personnalité du candidat qui fera la différence.
 »

Le savoir-être :
La valeur de ce critère est notable ; le savoir-faire sera le critère de sélection pour départager deux candidats ayant une formation et des compétences égales.

La maîtrise d’une langue étrangère :
Chacun des trois intervenants s’accorde pour dire que la maîtrise d’une langue étrangère et plus particulièrement de l’anglais est un plus, voire déterminante lors d’un recrutement.

La mention :
Que ce soit pour un poste d’avocat, de juriste ou de secrétaire, la mention obtenue lors du diplôme est un élément important du recrutement.

3. Les conseils des professionnels du recrutement.

Pour les fonctions support, les conseils de Julie-Isabelle Binon :
« Dans un CV tout est pris en compte, d’où l’intérêt de soigner la présentation du CV, d’en soigner sa rédaction. Le CV peut-être comparé à un puzzle, chaque pièce doit trouver sa place. Tous les éléments inscrits dans le CV doivent être cohérents les uns avec les autres.
Il faut toujours pouvoir expliquer son parcours, le justifier. Souvent les candidats aux fonctions support ont du mal à expliquer oralement leur parcours. Il est donc nécessaire de maîtriser son CV pour pouvoir le présenter.
Pensez à transmettre un courrier de référence de votre ancien employeur ou les coordonnées d’une personne à contacter. Ces éléments sont un plus, tout comme la maîtrise de la langue anglaise.
 »

Pour les avocats, les conseils de William Cargill :
« En ce qui concerne le CV du candidat , notre cabinet est attentif :
- au parcours universitaire,
- à la précision et la rigueur, sur le fond et dans la forme, avec lesquelles le CV est réalisé.
- à l’orthographe !
 »

Pour les juristes, les conseils de Sharon Golec :
- « Chaque étudiant, chaque jeune juriste diplômé, doit mener une réflexion approfondie sur son projet professionnel. Quel type de poste il recherche, quel environnement... ? Il doit avoir une idée claire de son projet professionnel, cela lui permettra d’être plus convaincant lors d’un entretien.
- Il faut porter une attention plus particulière aux stages faits durant les études universitaires. Les stages sont valorisant, de plus, ils aident à la construction du projet professionnel. A ce titre l’alternance est encore plus intéressante, car elle donne une expérience du métier et une connaissance du monde de l’entreprise sur le long terme.
L’alternance tend à se développer en France.
- Chaque candidat doit avoir une idée très claire de ses avantages concurrentiels (et l’alternance en est un, comme les langues, les expériences extra-juridiques, les qualités personnelles du candidat...)
- Il faut être persévérant, même s’il n’est pas facile de trouver son premier poste en CDI. Il faut toujours, dans la mesure du possible, choisir un CDD en cohérence avec son projet professionnel.
 »

Vous aurez compris en lisant ces propos que le diplôme reste un élément ayant de l’importance, mais qu’il n’est plus le seul critère pris en compte par les recruteurs. Comptent tout autant l’expérience, la personnalité, les compétences, la maîtrise d’une langue étrangère, le savoir être... A méditer !

A lire aussi :
- Sur le Village de la justice : Etudiants en Droit, le difficile choix du Master...
- Article de Jacques Attali : Faut-il dynamiter les diplômes ?

Marie
Rédaction du Village de la justice.

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Notes de l'article:

[1Les fonctions support : assistant(e), secrétaire juridique, traducteur(trice)...

[2Ecole Supérieure d’Assistantes Spécialisées.

[3Ecole nationale du Droit et de Procédure.

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Discussions en cours :

  • Dernière réponse : 18 juin 2015 à 14:34
    par Brigitte Sillam , Le 17 juin 2015 à 14:13

    Je suis étudiante en droit, j’ai trouvé que cet article est plein de conseils. Des idées permettant d’avoir les clés lors de la recherche d’un premier emploi. BRAVO

    • par Marie , Le 18 juin 2015 à 14:34

      Je vous remercie pour votre retour. Vous me voyez ravie que le contenu de cet article vous apporte de l’aide, des pistes de réflexion.
      Un des objectifs du Village de la Justice par son contenu est de rendre service à l’ensemble de la communauté du droit (aux professionnels du droit, aux étudiants...). De donner à tous matière à réflexion pour pouvoir agir....

      Marie.

  • par Jean-Marc Deraine , Le 15 juin 2015 à 16:12

    Cet article me paraît indispensable pour tout étudiant en droit et permet de construire un profil en adéquation avec les besoins du marché

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