Village de la Justice : Quel est votre parcours professionnel ?
Pierre-Guillaume Klein : « J’ai eu la volonté de faire ce métier dès mes 12-13 ans... Un après un bac ES [1], j’ai intégré la faculté de droit d’Angers puis l’école du Louvre pour l’histoire de l’Art.
Le cursus pour exercer cette profession était alors le suivant :
Licence de droit ;
Licence d’histoire de l’art (L’école du Louvre reste la meilleure formation dans ce domaine à mon humble avis – Elle est accessible sur concours) ;
Examen d’entrée d’accès au stage avec un stage de deux ans ;
Examen intermédiaire au bout d’un an, avec tour de salle à Drouot et différents oraux ;
Examen final avec tour de salle à Drouot et différents oraux– comptabilité, anglais, déontologie.
Tout au long de mes années de lycéen puis d’étudiant, j’ai réalisé différents stages dans des maisons de ventes à Saumur, Angers, Paris, Versailles, dans des études familiales comme dans de grandes Maisons de ventes internationales telles Sotheby’s ou Artcurial. Des expériences riches qui m’ont appris à regarder, comprendre les œuvres d’art, découvrir des spécialités diverses, parfois éloignées des Beaux-Arts, manipuler les objets, et étoffer mon réseau d’experts.
Une fois mon examen d’accès validé, j’ai intégré une étude de commissaire-priseur pour un stage de huit mois qui s’est poursuivi chez un autre commissaire-priseur de Saint-Cloud (Maître Guillaume Le Floc’h).
Dans cette étude j’ai passé mon examen intermédiaire ainsi que mon examen final, et trois semaines après j’ai eu la chance de pouvoir diriger ma première vente aux enchères dans l’hôtel des ventes mythique parisien : Drouot ! Un moment fort.
Après plusieurs années passées dans cette étude, j’ai eu en 2020 l’opportunité de rejoindre l’étude Ouest Enchères Publiques en vue de m’y associer. J’ai pu alors m’y former sur les procédures collectives ordonnées par les Tribunaux Judiciaires ou de Commerce. En 2021, nous avons ouvert un hôtel des ventes à Rennes dans le cadre du développement de l’étude. »
V.J : Quelles sont selon vous les « qualités » essentielles du commissaire-priseur ?
P-G. K : « Les qualités essentielles d’un Commissaire-priseur sont : la probité dans tous nos actes, le travail, la curiosité, la ténacité, et l’adaptabilité, car aucune journée ne se ressemble ! Il faut aussi lors des ventes avoir une certaine énergie pour défendre chaque objet comme s’il était le plus important... Être sérieux sans se prendre au sérieux !« »
V.J : Vous avez finalement désormais la possibilité d’exercer trois professions en une... mais en auriez-vous l’envie et la possibilité ?
« En effet, la réforme engagée pour créer la profession de Commissaire de justice permet effectivement l’exercice des trois professions, à savoir les métiers d’huissier de justice et de commissaire-priseur judiciaire - désormais fusionnés en commissaire de justice - et celui de commissaire-priseur volontaire. Des métiers très différents pour lesquels nous avons reçu des formations complémentaires. Cette réforme va permettre de réinventer ces métiers en créant des synergies et des passerelles – c’est toujours intéressant de repenser son métier.
Cependant, à mon sens la question n’est pas celle de l’envie ou de la possibilité, mais celle du devoir. En tant qu’Officier ministériel, nous nous devons d’assurer la continuité du service public et de remplir les missions qui nous sont confiées et qui sont le reflet de nos prérogatives et de nos compétences exclusives. Ces compétences sont au service de la Justice et du justiciable. »
Et si c’était à refaire ? Que feriez vous différemment sur un plan professionnel ?
« Si c’était à refaire, je n’hésiterais pas : je recommencerais. C’est le principe d’un métier passion – vous n’avez pas l’impression de travailler ! Mon seul regret est d’avoir moins le temps pour les musées et les expositions... »
Conditions et voie d’accès au titre de commissaire-priseur ?
Il existe quatre voies d’accès et chacune de ces voies nécessitent des conditions d’accès spécifiques et permettent d’acquérir le titre de commissaire-priseur.
1. L’accès externe : l’examen d’accès (élèves en poursuite d’étude)
2. L’accès interne : la validation des acquis (clercs en évolution professionnelle)
3. L’accès passerelle : les Commissaires de Justice (officiers ministériels en diversification d’activités)
4. L’accès Ressortissants de l’UE.
Source : Conseil des maisons de vente