C’est une levée de fonds très importante pour le secteur de la Legaltech que ces 11 millions d’euros (Leeway avait déjà levé 3,5 millions d’euros de fonds en 2021) [1].
Le marché du CLM est un des sujets qui semble parmi les plus mûrs en termes d’offres, en pleine évolution avec l’IA, et qui est clairement au cœur des sujets prioritaires des Directions juridiques (notamment !). Il rejoint la préoccupation des DJ en ce qui concerne la numérisation des processus et une recherche d’ouverture accrue aux autres directions métiers et acteurs opérationnels.
Ce secteur a d’ailleurs fait l’objet récemment d’un livre-blanc sur le CLM du Village de la justice.
Pour en revenir à cette importante levée de fonds qui a pour but de participer à structurer l’offre et le marché, la Rédaction du Village de la Justice a souhaité analyser l’impact qu’elle pouvait avoir pour les clients, les directions juridiques.
D’où nos questions à Thibaut Caoudal [2], co-fondateur avec Antoine Fabre et Sébastien Decrême, de Leeway - désormais Tomorro donc.
Village de la Justice : Selon une étude menée par la fédération World Commerce & Contracting, que vous citez, la mauvaise gestion des contrats coûte en moyenne aux entreprises jusqu’à 9% de leur bénéfice annuel. C’est énorme ! Quels sont les exemples de pertes que vous observez ?
Thibaut Caoudal : "Un coût juridique, financier et opérationnel particulièrement conséquent à l’échelle de toute l’entreprise.
Faute de technologies adaptées, toutes les étapes du cycle de vie des contrats génèrent des risques juridiques et financiers.
On le voit au quotidien et dans tous types d’entreprises : le manque de visibilité sur les clauses à risques, les échéances manquées sur les contrats d’achats, le manque d’anticipation sur les négociations des contrats commerciaux ou encore le manque de suivi des clauses de révision de prix.
De manière globale, de plus en plus d’équipes sont impliquées dans le traitement, la négociation et la validation des contrats. Souvent négligé, le coût lié à l’efficacité du traitement et au mauvais suivi du contrat peut être très important selon la longueur des cycles de négociation et la teneur des engagements.
Preuve supplémentaire que la gestion de contrats n’est pas un sujet uniquement juridique mais aussi et surtout un sujet de performance opérationnelle et financière pour l’entreprise."
Village de la Justice : Votre levée de fonds est très importante. Pour les clients et futurs clients, quels peuvent être les apports de valeur qui pourraient en découler, apports de valeur pour leur propre entreprise ? En matière d’IA ? De soutien à l’internationalisation ? Peut-être aussi sur le management des équipes ? D’autres aspects ?
Thibaut Caoudal : "En 4 ans, nous avons franchi plusieurs paliers en permettant à 200 000 accords de se nouer, en gagnant la confiance de 200 entreprises en France et à l’étranger et en recrutant 30 collaborateurs.
Grâce à ce nouveau tour de table, nous souhaitons passer au niveau supérieur pour nous installer comme le leader du CLM en France d’ici à fin 2025.
Notre développement prioritaire, c’est l’IA. On est au tout début de ce que la technologie va apporter aux équipes juridiques sur ce sujet.
Pour cela, nous continuerons d’enrichir notre solution de gestion de contrats en nous appuyant sur les progrès de l’intelligence artificielle tout en renforçant notre service d’accompagnement destiné à accompagner nos clients.
Et pour y arriver, on recrutera encore 30 personnes, en grande partie pour développer notre tech et accompagner les clients dans la digitalisation de leurs process."
Village de la Justice : La recherche que vous allez pouvoir mener sur l’IA notamment, va-t-elle servir aussi vos clients à terme, avec des avantages compétitifs face aux autres Directions ?
Thibaut Caoudal : "Bien sûr ! L’IA représente une opportunité exceptionnelle pour les équipes juridiques. Que ce soit en termes de gain de temps au quotidien ou en termes d’analyse.
Jusqu’ici les équipes juridiques travaillaient en réaction. Grâce à la technologie, elles vont pouvoir anticiper, avoir une vision stratégique et donc gagner en visibilité.
Par exemple, analyser et extraire le résumé d’un contrat de 200 pages pour constater les écarts des clauses stratégiques avec les standards fixés par la politique contractuelle de l’entreprise.
Une avancée qui leur permettra de maximiser leur potentiel, leur rôle de conseil ainsi que leur positionnement au sein de l’entreprise."
Village de la Justice : Une direction juridique "rayonnante", souvent espérée dans l’entreprise, est-elle désormais envisageable, grâce à la technologie ?
Thibaut Caoudal : "C’est notre conviction ! Faire avancer les équipes juridiques et l’entreprise grâce à une technologie moderne, adaptée et en constante évolution. Les équipes juridiques qui ont adopté notre offre en témoignent et en récoltent les fruits au quotidien avec un temps de traitement des contrats divisé par 4, 12h gagné par semaine et un impact direct sur la croissance de l’entreprise et leur positionnement. "
NDLR : D’autres acteurs de cette famille de la gestion de contrats sont référencés sur notre Observatoire de la Legaltech.