Le CRFPiste est un étudiant "hors-piste" !

Il n’est pas aisé administrativement et socialement de passer cet examen. Le CRFPiste entame en effet un long parcours d’obstacles lors de ce slalom annuel.

Pour la plupart des CRFPA, l’examen se passe avec l’inscription dans un IEJ (Institut d’études judiciaires) rattaché à une Université. (Il existe quelques régions où l’inscription en IEJ n’est pas de mise…). Nous avons de facto le statut d’étudiant.

Il existe quelques rares IEJ (dont le mien) qui n’attribuent pas le statut étudiant. Alors pourquoi il y a un intérêt/désavantages à ce statut ?

 La carte Imagin’R (-50% du prix du navigo) pour les moins de 26 ans
 Pouvoir emprunter en BU (ce qui n’est pas négligeable pour réviser un examen)
 des réductions étudiantes par-ci par-là
 Ne pas pouvoir s’inscrire à pôle-emploi, ne pas toucher le RSA/RMI….
 Devoir confirmer tous les étés à la CAF que l’on conserve son logement sous peine de se faire sucrer son allocation même si elle ne nous a pas rappelé de faire la déclaration de maintien.
 Payer une sécurité sociale étudiante lors de son inscription et la faire payer en doublon à son employeur lors d’un contrat de travail parallèle.
 Bénéficier de la sacro-sainte convention de stage, sésame pour pouvoir travailler en cabinet trois fois plus que les 35h pour trois fois moins que le smic.
 Pouvoir être chargé d’enseignements (Chargés de TD).

Donc évidemment, quand l’IEJ ne donne pas le statut étudiant, en plus des frais d’inscription d’IEJ (+/- 200/300€), il conviendra de s’inscrire dans un Master. Si la cause est nulle, par contre les frais d’inscription eux ne le seront pas (200€ de sécu, 300/400 la formation fantôme) pour obtenir sa jolie carte étudiante avec option Monéo. Cette carte sera le sésame pour pouvoir emprunter en BU, avoir ses allocations étudiantes (plus réduites que si pas étudiant), et pouvoir avoir une convention de stage, entre autres.

Or l’année Universitaire est du 1er septembre année N au 30 septembre N+1.

Pourtant, il ne vous aura pas échappé que l’examen du CRFPA s’organise comme suit :
 Inscription en IEJ entre octobre et décembre
 Début des cours/galops à partir de janvier à juillet.
 Selon les IEJ, quelques actualisations en septembre
 Écrits entre le 15 et 30 septembre à quelques jours près.
 Résultats fin octobre/début novembre
 Quelques jours après débuts des oraux pour les admissibles
 Petits Oraux/Grand Oral entre novembre et décembre
 Résultats d’admission début décembre
 Enfin, inscription à l’école (exp : EFB 17 au 19 décembre 2013)

Vous comprenez donc que pour l’IEJ l’année est en fait de Janvier à Décembre.

Or il existe une multitude d’universités qui considèrent que l’année étudiante finit le 30 septembre. Donc on se retrouve début octobre, en attente de résultats en pleine piste noire :
 Sécurité sociale étudiante maintenue jusqu’à la fin de l’année civile mais ensuite radiation si pas d’inscription. Il faut donc penser à se radier et s’inscrire au régime général lors de la troisième tentative…
 Mutuelle complémentaire (si étudiante) renouvelée automatiquement sauf si la demande de résiliation a été faite deux mois avant l’échéance du 1er octobre. Si renouvellement tacite, elle ne pourra alors qu’être résiliée qu’en cas de droit à la CMU…
 La RATP/SNCF refuse d’octroyer les NAVIGO au tarif imagin’R puisque le CRFPiste ne peut produire un justificatif étudiant.
 Ne plus pouvoir emprunter à la BU, or y’a des oraux à réviser…
 Ou encore refuser des postes de chargé d’enseignement car ils sont conditionnés au statut étudiant, ou rattaché au statut d’ATER/Doctorant, ou travailler plus de 900h dans une entreprise
 Mais surtout, ne plus pouvoir signer de convention de stage.

Or ce dernier point est problématique. En effet, en général, quand on passe cet examen, c’est que l’on vise généralement l’avocature. Et certains étudiants ont besoin de travailler pour financer leurs études, ils comptent donc sur les stages en cabinet pour trouver l’équilibre entre travailler, réviser et gagner leur vie.

Donc, on se retrouve en octobre, après un premier sprint de fond, à devoir recommencer le révisions dans une incertitude. Il faut renoncer aux stages en cab qui pourtant nous dopent, puisque les Universités refusent de prendre en compte les conventions au-delà. Et on ne peut pas reprendre ses groupes de TD… (malgré quelques demandes et de nombreux besoins par-ci par-là.)

Alors quand les comptes bancaires atteignent la ligne rouge, on épie les annonces juridiques, et on envoie sa candidature un peu à foison tel le sportif à la recherche de toutes sortes de sponsors.

Mais trouver un poste de juriste devient délicat : expliquez à un/une DRH que ce poste est fait pour vous alors que, pertinemment il/elle sait que vous passez cet examen dont la réussite vous mettra hors-jeu dans l’entreprise…

En pleine descente dans une course de fond, sur la piste de son Graal, le CRFPIste, étudiant officieux, est pourtant freiné dans sa lancée sur cette pente vertigineuse. Il ne cesse de parcourir les obstacles qui encombrent le chemin. Il n’a jamais été aussi proche de la ligne d’arrivée. Mais celle-ci est si floue, si obstruée, qu’il ne sait guère si elle sera franchie avec succès.

Plus dure sera la chute.

C’est pourquoi il faut rester prudent et savoir saisir les possibles sorties de secours qui se présentent parfois sur le chemin. On peut s’y faufiler confortablement. Car, au final, elles peuvent s’avérer être un choix aussi judicieux, sinon plus que la ligne d’arrivée initiale escomptée. Il reste néanmoins la difficulté de s’y insérer, car la marche arrière n’est guère possible.

Mais ne dit-on pas que ce qui compte est le parcours traversé et non le résultat ?