Cet article est proposé par le nouveau Magazine "Liberalis"...
Avec ce nouveau numéro du magazine LIBERALIS, nous vous invitons à poser un autre regard sur vos professions libérales.
Nous vous invitons à découvrir nos rubriques à travers le prisme des sentiments et de l’action comme « Se passionner », « S’étonner » pour découvrir les savoir-faire ou encore « S’enflammer » pour les témoignages de collectionneurs.
- Le château d’Oiron côté jardin © JLRF
(Art & Culture/ Se cultiver) : La splendeur méconnue du Château d’Oiron dans le département des Deux-Sèvres.
Par Jean-Louis Roux-Fouillet
Le château d’Oiron dans le Poitou, au sud-ouest de Tours (Région Nouvelle-Aquitaine) est à l’origine une simple bâtisse fortifiée, transformée en demeure de plaisance à partir du XVIe siècle par la famille seigneuriale des Gouffiers. Ce magnifique et grand château trop méconnu, car sans doute trop proche des locomotives de la Vallée de la Loire, a dès son origine, était voué à l’art et à la culture. On considère que c’est le château le plus méridional des châteaux de la Loire.
- Le château d’Oiron côté cour © JLRF
Claude Gouffier, seigneur des lieux, Grand Ecuyer de François Ier et d’Henri II, y fit réaliser, peu avant 1550, une somptueuse galerie peinte, exemple exceptionnel du style de l’Ecole de Fontainebleau, qui a elle seule vaut le déplacement. Longue de 55 mètres, cette galerie, parmi les plus grandes de France, illustre à merveille le texte antique de l’histoire de Troie. Composée de 14 scènes, probablement exécutées par un atelier italien d’Emilie, elle témoigne de l’esprit de création qui régnait à Oiron durant la Renaissance. Humaniste, grand connaisseur de l’art de son temps, Claude Gouffier abritait également dans sa collection des tableaux aussi importants que le Saint Jean-Baptiste de Raphaël ou le portrait du roi Jean le Bon, tous deux aujourd’hui exposés au Musée du Louvre.
- La grande galerie Renaissance du château d’Oiron © JLRF
En 1700, Madame de Montespan achète le château, au nom de son fils le duc d’Antin. Elle partage sa vie entre sa propriété d’Oiron et ses cures à Bourbon-l’Archambault où elle meurt en 1707. Après un lent abandon, le château est classé Monument Historique en 1923.
Dès 1840, Prosper Mérimée, alors Inspecteur général des monuments historiques, avait attiré l’attention sur le mauvais entretien des fresques de la galerie Renaissance et sur la nécessité de sauvegarder cet ensemble exceptionnel.
En 1989, le ministère de la Culture et de la Communication décide d’enrichir ce patrimoine historique par la mise en place d’une collection d’art contemporain conçue spécifiquement pour le château en invitant des artistes internationaux, et c’est là toute l’originalité des lieux.
En 1993, est inauguré le premier volet de la collection « Curios & Mirabilia », la plus importante expérience menée en France d’inscription d’une création contemporaine dans un patrimoine ancien.
- Thomas Shannon, « Decentre-Acentre », salle des lévitations © JLRF
En 1996, la collection « Curios & Mirabilia » s’est enrichie de nouvelles œuvres et peut, pour la première fois, être présentée dans sa totalité. Elle cherche à renouer avec l’esprit de curiosité de la Renaissance en s’appuyant sur l’idée des anciennes collections qu’étaient les Cabinets de curiosité. Cette référence historique, traitée librement par les artistes, permet le lien avec le monument et redonne ainsi le sentiment d’un lieu habité aujourd’hui, tout en réactivant le souvenir des prestigieuses collections de Claude Gouffier.
La salle des portraits de Christian Boltanski est émouvante. Pendant 10 ans, l’auteur a systématiquement photographié les portraits des écoliers de Oiron. Ils sont disposés là, à la manière des portraits de l’ancien régime, pour rendre hommage au temps qui passe ou comme le précise le catalogue du musée, « l’œuvre se veut une image de l’égalité des chances sous un régime démocratique ».
- Les écoliers d’Oiron de Christian Boltanski © JLRF
Le château qui est géré par le Centre des Monuments Nationaux, ouvre ses portes sur le village d’Oiron où la création contemporaine a investi les places publiques et les ruelles.
Un lieu magique qui mérite de s’y intéresser.
A noter que l’exposition « Matrimoine » de l’artiste contemporain Laurent-Marie Joubert, qui a pour sujet le dialogue des cultures, présentée actuellement au château d’Oiron, s’installe au Domaine national du Palais-Royal à Paris du 30 septembre au 10 octobre 2023. A cette occasion elle donnera la parole et les pinceaux à Maria Motaung, Joyce Ndimande, peintres muralistes originaires d’Afrique du Sud, ainsi qu’à Bontle Tau et Seretse Moletsane, commissaires de l’exposition et peintres et à Mo Laudi, musicien et peintre, également sud-africains.
- La chambre du Roi à Oiron © JLRF
Château d’Oiron, 10 Rue du Château, 79100 Plaine-et-Vallées
Informations : www.chateau-oiron.fr
