Sélection Liberalis du week-end : Ouvrez les portes de l'Abbaye-Prison de Clairvaux.

Sélection Liberalis du week-end : Ouvrez les portes de l’Abbaye-Prison de Clairvaux.

Par la Rédaction de Liberalis

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Située dans la commune de Ville-sous-la-Ferté, à quinze kilomètres de Bar-sur-Aube, aux confins de la Champagne et de la Bourgogne, la grande abbaye de la « claire vallée » (Clara vallis) est un haut-lieu de l’histoire religieuse, forte de centaines de filiations à travers l’Europe.

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(Découvrir / Insolite) : Ouvrez les portes de l’Abbaye-Prison : Clairvaux dans l’Aube.

Située dans la commune de Ville-sous-la-Ferté, à quinze kilomètres de Bar-sur-Aube, aux confins de la Champagne et de la Bourgogne, la grande abbaye de la « claire vallée » (Clara vallis) est un haut-lieu de l’histoire religieuse, forte de centaines de filiations à travers l’Europe.

Fondée au XIIe siècle par Bernard de Clairvaux, l’histoire de l’abbaye remonte à 1115. Cette année-là, l’abbaye Notre-Dame de Cîteaux, à l’origine de l’ordre cistercien, établit quatre abbayes-filles : La Ferté, Pontigny, Morimond et Clairvaux. À Clairvaux, plus de huit cent moines s’installent, parmi lesquels le futur pape, Eugène III, ce qui contribuera grandement à la renommée de l’abbaye.

Réfectoire-Chapelle de l’Abbaye de Clairvaux © Roger Foley

Sous l’influence charismatique de son abbé, qui conseille rois et papes, l’abbaye de Clairvaux s’impose rapidement, faisant briller l’ordre cistercien. À son zénith, à la fin du XIIe siècle et au XIIIe siècle, l’abbaye accueille trois cents moines et cinq cents frères, généralement issus de la paysannerie, dédiés aux tâches domestiques et agricoles. Mais leur travail emblématique était au « scriptorium » pour copier et recopier inlassablement les livres saints et les grandes œuvres de la littérature grecque et latine. Ces moines étaient maîtres en enluminures et on peut toujours admirer leur cathédrale de livres reconstituée à la Médiathèque Jacques Chirac du Grand Troyes. Ce fonds Clairvaux est la plus importante collection médiévale française. On peut notamment y admirer la Grande Bible de saint Bernard, en six tomes, terminée en 1151. 

Abbaye de Clairvaux, grand cloître, cellule cage à poule © DRAC Grand Est

L’abbé de Clairvaux abandonne en 1708 l’austérité initiale du site et supervise la construction de nouveaux édifices dans un style classique, destinés à évoquer une vision du paradis. Cependant, avant la Révolution, l’abbaye souffre d’un déclin de popularité, n’abritant plus que trente-cinq moines.

Les révolutionnaires introduisent en 1791 une nouvelle peine, la « privation de liberté », qui remplace la prison préventive selon la conception de l’ancien droit, les châtiments corporels et les travaux forcés à perpétuité. Pour appliquer cette mesure, des prisons sont créées afin de détenir les condamnés pendant la durée de leur peine. En 1808, Napoléon Iᵉʳ transforme plusieurs anciens monastères, vendus comme biens nationaux, en prisons centrales, dont celle de Clairvaux. Au XIXe siècle, l’abbaye de Clairvaux abrite jusqu’à trois mille condamnés, devenant ainsi la plus grande prison du pays.

L’histoire de la prison de Clairvaux accompagne l’histoire de France et s’entrelace avec celle de célèbres procès et de détenus politiques notoires. En novembre 1831, le détenu Claude Gueux assassine le surveillant-chef Delacelle dans un atelier de Clairvaux. Condamné à mort et exécuté, Claude Gueux inspirera Victor Hugo pour son roman éponyme, qui constitue un plaidoyer contre la peine de mort.

Prison de l’Abbaye de Clairvaux © Association Renaissance de l’Abbaye de Clairvaux

Au XIXe siècle, plusieurs détenus politiques sont emprisonnés à Clairvaux dans une section isolée. Les révoltes de 1832, 1834, 1848 à Paris et à Lyon, ainsi que la Commune de 1871, conduisent à l’incarcération de nombreux anarchistes, tels qu’Auguste Blanqui et Pierre Kropotkine. Puis les insoumis de la bataille de Verdun en 1916, les mutins de la mer Noire en 1921, des cagoulards en 1934, des résistants, dont Guy Môquet, entre 1940 et 1944, plusieurs ministres de Vichy et des collaborateurs à la Libération, des responsables du FLN et trois des généraux putschistes pendant la guerre d’Algérie, des autonomistes et des acteurs du terrorisme international.

À compter du début des années 70, une nouvelle maison centrale est construite sur les vestiges de l’église médiévale. En 2002, les bâtiments non utilisés par l’administration pénitentiaire sont transférés au ministère de la Culture, qui entreprend alors un vaste programme de restauration et de réhabilitation du site.

Le canal et la grange, Abbaye de Clairvaux © Roger Foley

Ce chef-d’œuvre français de l’architecture monacale, aujourd’hui restauré, se visite retraçant 9 siècles d’histoire, à travers le bâtiment des convers du XIIe siècle avec son cellier et son dortoir, le réfectoire des moines du XVIIIe siècle transformé en chapelle pour les détenus au XIXe siècle, l’hostellerie des Dames, le Grand Cloître classique du XVIIIe siècle et la grange du XVIe siècle. 

Abbaye cistercienne de Clairvaux, Hostellerie des Dames, 10310 Ville-sous-la-Ferté
Informations sur les visites guidées : https://www.abbayedeclairvaux.com

Photo en logo : Abbaye de Clairvaux vue aérienne © DRAC Grand Est

Par la Rédaction de Liberalis

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