Cet article est proposé par le Magazine "Liberalis"...
Avec ce numéro du magazine LIBERALIS, nous vous invitons à poser un autre regard sur vos professions libérales.
Nous vous invitons à découvrir nos rubriques à travers le prisme des sentiments et de l’action comme « Se passionner », « S’étonner » pour découvrir les savoir-faire ou encore « S’enflammer » pour les témoignages de collectionneurs.
(Culture / Exposition) : « La naissance des grands magasins. Mode, design, jouet, publicité 1852-1925 » au MAD Paris.
Le musée des Arts décoratifs (MAD) nous propose une exposition explorant l’émergence des grands magasins, devenus au cœur du XIXe siècle les nouveaux symboles de la modernité et du consumérisme. Les noms illustres tels que Le Bon Marché, Au Printemps, La Samaritaine et Les Galeries Lafayette se révèlent à travers l’histoire de la politique et de la société, depuis le Second Empire jusqu’à leur apogée lors de l’exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de 1925. D’autres disparus, Les Grands Magasins du Louvre, Le Grand Bazar de la rue de Rennes, La Belle Jardinière, Les Grands Magasins Dufayel, Au Tapis Rouge, ancêtre des grands magasins parisiens (création 1784), témoignent, eux aussi, de cette aventure des temples de la consommation.
- Cheval tricycle 1880-1900 © Les Arts Décoratifs Christophe Dellière
Une sélection soigneusement choisie parmi les 700 œuvres exposées, allant des affiches aux vêtements, jouets et objets d’art décoratifs issus des collections du musée, éclaire l’évolution du commerce parisien à partir de 1852. Initié par des entrepreneurs audacieux, ce concept novateur de vente au détail a donné naissance à des espaces dédiés à la clientèle féminine, transformant ainsi le paysage commercial et annonçant l’avènement de la société de consommation. L’exposition aborde divers thèmes, tels que l’émergence de la mode et sa démocratisation, l’invention des soldes, le marketing centré sur l’enfant, ainsi que le développement de la vente par correspondance, nous offrant ainsi un parcours riche en découvertes.
Dès les années 1850, les grands magasins jettent les bases du commerce moderne et de la société de consommation dans un contexte d’essor économique. Leur naissance est directement liée aux réformes structurelles et à la politique économique volontariste mises en place par Napoléon III afin de moderniser la France.
- Jules-Jean Chéret (1836-1932) Aux Buttes Chaumont 1888 © Les Arts Décoratifs Christophe Dellière
Zola dans « Au bonheur des dames » s’inspire, entre autres, directement d’Aristide Boucicaut, fondateur du premier grand magasin parisien moderne, le Bon Marché, qu’il inaugure en 1852.
Les grands magasins instaurent une saisonnalité par le biais d’expositions aujourd’hui connues sous le nom de soldes. Parmi elles, le blanc, les gants et dentelles ou encore les toilettes d’été. Ces évènements permettent de répartir les ventes sur l’ensemble de l’année, réduisant ainsi les périodes creuses.
Le XIXe siècle du flâneur baudelairien, est aussi celui de la Parisienne, figure mythifiée et protéiforme, dont l’ombre marque les murs des grands magasins de la capitale. Ces temples séduisent la Parisienne, elle peut toucher, regarder et essayer. Une grande partie de la population, française et étrangère, accède alors à des biens jusqu’alors réservés aux élites.
L’apparition de rayons destinés aux enfants fait écho à la place grandissante qu’ils prennent dans la famille. Cette évolution socio-psychologique se lit dans la culture matérielle de l’époque : leurs vêtements se différencient progressivement de ceux des adultes et les jouets.
- Leonetto Cappiclio (1875-1942) Au Louvre, Jouets et étrennes 1922 © Les Arts Décoratifs Jean Tholance
Au Bon Marché, Aristide Boucicaut met en place la vente par correspondance afin d’écouler une marchandise dont la production ne cesse de croître. Les catalogues de vente, richement illustrés, concourent aussi à élargir la clientèle sur le territoire et à l’étranger.
Chaque grand magasin dispose d’un pavillon monumental à l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de 1925, lui permettant de promouvoir ses plus belles créations en matière de mobilier, céramique, textile, verre et autres objets décoratifs.
La création des ateliers d’art dans les grands magasins est un phénomène qui émerge dans l’entre-deux-guerres, avec l’apparition d’une nouvelle génération de créateurs soucieux de se regrouper et de renouveler la place des arts décoratifs. Le Printemps fait figure de pionnier dans le domaine en inaugurant, en 1912, l’atelier de création Primavera. Spécialisé dans la production de meubles et d’objets d’art en série. Ainsi, la saga des débuts de ces géants est déroulée dans une impressionnante scénographie.
- Jean-Gabriel Domergue (1889-1962) Galeries Lafayette, emprunt national 1920 © Les Arts Décoratifs Christophe Dellière
En collaboration avec le MAD, une seconde exposition sera organisée à la Cité de l’architecture et du patrimoine à Paris, du 6 novembre 2024 au 6 avril 2025, mettant en lumière l’importance des grands magasins. Cette exposition explorera l’émergence de ces emblèmes de la consommation à une échelle globale, en examinant leur histoire sur le long terme et dans un contexte international et territorial. Elle se penchera notamment sur leur adaptation face à l’émergence de nouveaux acteurs au cours du XXe siècle, tels que le prêt-à-porter, les supermarchés et l’e-commerce. Le cadre architectural éblouissant et fonctionnel sera bien sûr évoqué.
Du 10 avril au 13 octobre 2024
MAD, Musée des Arts décoratifs, 107 rue de Rivoli, Paris 1er
Informations : https://madparis.fr
Photo en logo : Les Grands Magasins Dufayel, 1895-1900, affiche © Les Arts Décoratifs