Cet article est proposé par le Magazine "Liberalis"...
Avec ce numéro du magazine LIBERALIS, nous vous invitons à poser un autre regard sur vos professions libérales.
Nous vous invitons à découvrir nos rubriques à travers le prisme des sentiments et de l’action comme « Se passionner », « S’étonner » pour découvrir les savoir-faire ou encore « S’enflammer » pour les témoignages de collectionneurs.
(Culture / Exposition) : Musée Cernuschi : « Reflets du Japon au tournant de la modernité », une évocation du passage du XIXe au XXe siècle au Japon.
Le musée Cernuschi niché en lisière du parc Monceau, présente en accès libre, une sélection de superbes estampes japonaises issues de la collection Jean et Yvonne Tavernier, léguées au musée par leur fils Paul en 2022.
Cette exposition aborde le passage du XIXe au XXe siècle à travers deux mouvements majeurs de l’estampe japonaise, l’ukiyo-e et le Shin hanga. Ces quarante-quatre œuvres, présentées pour la première fois au public, reflètent les évolutions de cet art, tant sur le plan esthétique que technique.
Jean et Yvonne Tavernier constituent leur collection d’art asiatique, dédiée aux arts graphiques, entre 1937 et 1946 alors qu’ils résident à Shanghai. Leur intérêt se porte à la fois sur les peintures chinoises et sur les estampes japonaises, réunissant dans les deux cas des œuvres anciennes et modernes. Cette exposition reste ainsi fidèle au regard pionnier des collectionneurs en présentant deux âges distincts de l’estampe.
- Ohara Koson (1877-1945) - Deux oiseaux sur une branche de glycine, première moitié XXe siècle
À la suite de la donation des peintures chinoises en 2017 par Paul Tavernier, le legs des estampes japonaises vient enrichir les collections du musée en 2022. Ce legs permet de constituer, pour la première fois au musée Cernuschi, un fonds d’estampes Shin hanga qui regroupe les principaux acteurs de ce mouvement, comme Yoshida Hiroshi, Kawase Hasui et Ohara Koson.
L’art de l’estampe ukiyo-e, littéralement « images du monde flottant », naît à l’époque d’Edo (1603-1868), une période économique prospère et culturellement florissante de l’histoire du Japon. Il reflète les plaisirs et les divertissements raffinés de la bourgeoisie citadine vivant au sein de la capitale, Edo, l’actuelle Tōkyō. Inspirées par la vie quotidienne et ses aspects les plus éphémères, ces estampes sont produites et diffusées massivement.
La collection Tavernier témoigne d’un goût pour les maîtres de l’estampe ukiyo-e de la fin de l’époque d’Edo issus de l’école Utagawa, tels que Kunisada (1786-1865) ou Kuniyoshi (1797-1861). Ce premier espace d’exposition propose notamment une sélection de triptyques restaurés pour cette occasion.
Cette exposition associe également aux œuvres issues du legs Tavernier des albums d’estampes, très rarement exposés en raison de leur fragilité, provenant de la collection d’Henri Cernuschi. L’ensemble présenté permet d’explorer des sous-genres de l’ukiyo-e tels que les images de belles femmes (bijin-ga), les caricatures (giga) ou les scènes inspirées du Dit du Genji (genji-e), célèbre roman du XIe siècle contant les intrigues amoureuses et politiques du Prince Genji, revisité à l’époque d’Edo par Ryūtei Tanehiko (1783-1842).
- Utagawa Kuniyoshi (1797-1861) - Histoire de la véritable loyauté des fidèles samouraïs (n°32), 1847-1848 © Paris Musées - Musée Cernuschi.
Le legs Tavernier est également riche en estampes modernes, qui témoignent de l’intérêt porté par les collectionneurs aux productions artistiques contemporaines. Si l’art de l’estampe connaît un déclin au cours de l’ère Meiji (1868-1912), il renaît dans la première moitié du XXe siècle sous l’impulsion de l’éditeur Watanabe Shōzaburō (1885-1962). Le mouvement Shinhanga, littéralement « nouvelle estampe » se caractérise à la fois par un perfectionnement des techniques d’impression et une esthétique renouvelée, s’adaptant aussi bien aux goûts japonais qu’occidentaux.
Le mouvement Shin hanga reprend le thème traditionnel du kachō-ga, littéralement « estampes de fleurs et oiseaux », en accordant une attention particulière à la précision des représentations. Les détails de la faune et de la flore permettent d’apprécier la qualité technique de l’impression.
Les paysages constituent l’un des sujets les plus importants au sein du mouvement Shin hanga. Les artistes ne s’intéressent plus principalement aux lieux célèbres comme les maîtres de l’époque d’Edo, mais dépeignent également leur expérience vécue d’un Japon rural et traditionnel. Cet aspect, parfois idéalisé, plaît particulièrement à leur clientèle occidentale.
- Kawase Hasui (1883-1957) - La rive à Shikishima, Maebashi, 1942 © Paris Musées - Musée Cernuschi
Parallèlement, cette exposition est l’occasion de découvrir la quarantaine de gravures d’artistes coréens appartenant à plusieurs générations et déployant des styles et des techniques extrêmement variés. Cette sélection, enrichie d’autres estampes issues des collections du musée, est exposée par roulement dans la salle dédiée aux arts graphiques du parcours permanent.
Jusqu’au 9 juin 2024
Musée Cernuschi, musée des arts de l’Asie de la Ville de Paris 7, avenue Vélasquez Paris 8
Informations : www.cernuschi.paris.fr
Photo en logo : Yoshida Hiroshi (1876-1950) - Tomo no ura, 1927 © Paris Musées - Musée Cernuschi