Cet article est proposé par le nouveau Magazine "Liberalis"...
Avec ce nouveau numéro du magazine LIBERALIS, nous vous invitons à poser un autre regard sur vos professions libérales.
Nous vous invitons à découvrir nos rubriques à travers le prisme des sentiments et de l’action comme « Se passionner », « S’étonner » pour découvrir les savoir-faire ou encore « S’enflammer » pour les témoignages de collectionneurs.
(Découvrir / Lieu insolite) : 5.000 œuvres d’art optique et cinétique à découvrir dans un lieu stupéfiant : la Fondation Cherqui !
Par Jean-Louis Roux-Fouillet
Il y a des lieux tout à fait étonnant qu’il est agréable de découvrir en Région Parisienne et dont on ne soupçonne pas l’existence. Nous vous emmenons aujourd’hui dans les coulisses de la Fondation Jean et Colette Cherqui, temple de l’art optique et cinétique, qui se situe à Aubervilliers aux portes de Paris.
Jean Cherqui est un scientifique, pharmacologue, médecin, statisticien, et l’un des initiateurs des premiers médicaments génériques dans les années 1980.
C’est un rapatrié d’Algérie, déraciné, qui doit refaire sa vie à Paris, à quarante ans passés. Mais l’homme a du flair et le laboratoire de recherche et développement qu’il implante à Aubervilliers va rapidement prospérer, grâce à de judicieux dépôts de brevets. Le capitaine d’industrie est aussi un collectionneur d’art éclectique qui entreprend, avec son épouse Colette, le chemin des galeries, salles des ventes et musées parisiens. Il conserve les garages et espaces de stockage du rez-de-chaussée de son laboratoire pour y installer sa collection, et y crée sa propre fondation : l’Institut Jean et Colette Cherqui.
- © Fondation Cherqui
Est-ce son goût pour les sciences, les mathématiques, la mélodie géométrique des molécules enchevêtrées qui le guide vers ces expériences sensorielles, cette fascination pour la lumière, l’optique, l’exploration du phénomène visuel ?
Deux grands « C » nous accueillent sur les portes du hangar des anciens laboratoires de Jean Cherqui, infatigable passionné, qui a amassé l’une des plus importantes collections d’art optique et cinétique au monde. Un lieu incroyable abritant une collection hors norme d’œuvres et qui n’est pas juste un simple espace d’exposition, mais bien la présentation d’une histoire de famille, d’amoureux d’art et de transmission.
Justement, c’est Mathias Chetrit, le petit-fils du docteur Jean Cherqui, qui nous ouvre les portes de cette caverne d’Ali Baba.
La fondation qui s’étend sur plus de 1 200 m² est un espace ludique avec des installations, des œuvres monumentales et des salles consacrées à certains artistes, comme le plasticien Thomas Canto. L’artiste majeur de la collection est l’uruguayen Carmelo Arden-Quin, l’un des créateurs du mouvement Madi dans les années 40/50. On peut également découvrir une piscine de ballons de l’artiste bolivien Gaston Ugalde, une Ferrari repeinte par José Franco, une installation de Jésus Rafael Soto, une goutte d’eau géante de Gyula Košice, l’oeuvre « Cosmos » de 1969 de Hugo Demarco, des totems conçus par Ettore Sottsass, Giancarlo Caporicci et ses sculptures et suspensions… Les amateurs apprécieront.
- © Fondation Cherqui
Ici, l’interactivité est maitre ! Il ne faut pas hésiter à toucher les œuvres qui très souvent sollicitent la participation du visiteur. Une œuvre de Romano Zanotti de 1967 nécessite de tirer sur deux gros ressorts qui produisent un son de sabre laser. Plus loin, un visiteur actionne une étrange bibliothèque qui se met soudainement à marcher...
La Fondation expose une collection d’art qui compte près de 5000 pièces et qui fait référence dans le monde entier. Réunie avec autant d’enthousiasme, que d’opiniâtreté sur plusieurs dizaines d’années, elle se montre singulière dans le paysage artistique français, en raison de son contenu atypique. Elle nous livre un panorama de la seconde moitié du XXᵉ siècle où la mondialisation artistique était abstraite, minimaliste, géométrique, optique ou cinétique, et son origine extrêmement latino-américaine. Mais pas uniquement, 18 nationalités sont en effet ici représentées.
Mathias Chetrit « contaminé » par son grand-père a donc repris le flambeau. Il est l’héritier de cette fabuleuse collection et est lui-même artiste sous le nom de « Falcone ». Son atelier se trouve à l’étage et il nous précise que le lieu n’est pas figé, bien au contraire, il est voué à la création. Nous traversons d’ailleurs divers ateliers d’artistes.
- © Fondation Cherqui
Souhaitant partager et faire découvrir ce lieu exceptionnel, il anime désormais les visites lui-même. Une rencontre enrichissante pour comprendre la passion du collectionneur et approcher des œuvres majeures de l’histoire de l’art contemporain. « Ce qui passionnait mon grand-père, c’est le mouvement », nous indique-t-il. D’où la large place dévolue à l’art lumino-cinétique, né au milieu des années 1950, qui compte des membres aussi illustres que Victor Vasarely ou Yaacov Agam.
Vous aussi, faites mouvement, direction Aubervilliers !
- Fondation Cherqui © JLRF
Fondation Cherqui, 61 rue Lécuyer, 93300 Aubervilliers, métro Aubervilliers – Pantin – Quatre Chemins (ligne 7).
Visites sur réservation et informations : https://ccfondation.com
Photo en logo : Fondation Cherqui © JLRF