Cet article est proposé par le Magazine "Liberalis"...
Avec ce numéro du magazine LIBERALIS, nous vous invitons à poser un autre regard sur vos professions libérales.
Nous vous invitons à découvrir nos rubriques à travers le prisme des sentiments et de l’action comme « Se passionner », « S’étonner » pour découvrir les savoir-faire ou encore « S’enflammer » pour les témoignages de collectionneurs.
(Découvrir / Château) : Restauré, l’Appartement de parade, joyau du Château de Carrouges, est pour la première fois ouvert au public.
Situé en plein cœur de la Normandie dans l’Orne, près d’Alençon, le Château de Carrouges demeure un témoignage vivant de l’histoire tumultueuse de cette région. Imposant par sa stature et riche en histoires, ce château médiéval incarne le charme intemporel de la France rurale.
- Château de Carrouges © JLRF
De ces murs, sept siècles d’histoire nous contemplent, l’architecture du Château de Carrouges est en effet un mélange harmonieux de styles médiévaux et Renaissance. Ses tours imposantes, ses remparts massifs et ses jardins bien entretenus en font un exemple remarquable de l’architecture fortifiée de la région.
Carrouges est d’abord au XIVe siècle une place forte de la guerre de Cent Ans construite à proximité de la frontière entre la Normandie et le Maine. De ces premières constructions, il ne reste aujourd’hui plus que le donjon. Il devient un logis seigneurial au XVe siècle, l’aile Blosset, augmenté au XVIe siècle d’un châtelet d’entrée considéré comme le premier témoin de l’architecture de la Renaissance en Normandie. De nouveau fortifié au temps des guerres de Religion, sa fonction de demeure de prestige s’affirme par la construction à la fin du XVIe siècle de deux ailes « classiques » et des escaliers qui les desservent dus à l’architecte François Gabriel. En 1570 la reine de France, Catherine de Médicis y séjourna.
- Chambre de parade du Château de Carrouges © JLRF
Pendant 700 ans le château restera entre les mains de la même grande famille, jusqu’à son acquisition en 1936 par l’État. Ce monument qui connaitra entre ses murs le dernier duel judiciaire en 1386, restitué dans le film de Ridley Scott, « Le Dernier Duel » (2021), Matt Damon incarnant Jean IV de Carrouges, est aujourd’hui confié à la gestion du Centre des Monuments nationaux.
À l’intérieur, les visiteurs peuvent découvrir des salles richement décorées, témoins de la vie quotidienne de l’aristocratie française à travers les siècles. Les meubles d’époque, les tapisseries flamboyantes et les portraits de famille ajoutent une touche de grandeur à l’ensemble, transportant les visiteurs dans un voyage à travers le temps.
- Oratoire de la chambre de parade de Carrouges © JLRF
Dans la continuité des opérations de restauration menées au château de Carrouges depuis 2015 pour la conservation et la mise en valeur du château, le Centre des monuments nationaux, a terminé la restauration, au deuxième étage, de la chambre de parade, dite « de l’Évêque », dont le riche décor du XVIIe siècle est déparé. Le décor était encore en place dans son intégralité au milieu du XIXe siècle, mais il a été déposé lors des campagnes de consolidation de la charpente et du mur de refend.
- Antichambre de la chambre de parade – Carrouges © JLRF
Commandé vers 1648 par Jacques Le Veneur, amateur et collectionneur d’art italien, à l’architecte Maurice Gabriel, et au menuisier sculpteur François Albot, tous les deux originaires d’Argentan, cet appartement est un rare exemple subsistant en France d’ensemble de boiseries et lui de décors peints de la première moitié du XVIIe siècle, de qualité similaire à ceux des châteaux d’Oiron et de Cormatin et de l’hôtel de Lauzun à Paris. Encore jamais ouvert au public, cet appartement situé au second étage du pavillon sud-est du château est composé de quatre salles, d’une antichambre, d’une chambre de parade, d’un cabinet doré et d’un oratoire. Il a retrouvé toute sa splendeur au terme de deux années d’une importante campagne de restauration, de restitution et de remeublement.
La chambre principale, chambre de parade du château rebaptisée tardivement et de façon erronée « chambre de l’évêque », est la pièce maîtresse de l’appartement. Elle est ornée d’un important ensemble de boiseries peintes et sculptées autour d’une cheminée imposante et de son tableau représentant Apollon et Marsyas d’après Guido Reni, redécouvert dans les réserves du château et qui retrouve son emplacement d’origine. Les panneaux des lambris anciens s’inspirent de compositions de l’Albane dont certaines, alors au château de Carrouges, sont aujourd’hui conservées au château de Fontainebleau. L’oratoire entièrement boisé est orné de compositions peintes d’après les fresques de Raphaël dans les loges du Vatican.
Conçu comme une œuvre d’art totale, cet espace offre une plongée inattendue sous les ors de Versailles et dans l’art italien.
Le remeublement complet des espaces a été mené grâce à des dépôts, des acquisitions, des prêts et des donations. Il présente de la manière la plus juste possible le goût et l’art de vivre de l’aristocratie des années 1630-1650 selon les descriptions anciennes, les inventaires et l’iconographie des intérieurs de l’époque. Ce remeublement permet également, par la restitution du cabinet doré, d’évoquer la pratique du collectionnisme et le goût italien du commanditaire de cet appartement unique représentatif du style français d’avant le siècle de Louis XIV.
À la sortie, sur une dizaine d’hectares se déploient de magnifiques jardins, vergers, bosquets, terrasses et pelouses, dans lesquels il est particulièrement agréable de déambuler.
Une magnifique occasion de pouvoir célébrer l’année du 80ᵉ anniversaire de la Libération et de se réapproprier l’histoire et la mémoire des lieux. Vous avez aussi la possibilité de profiter d’un repas gastronomique, comme autrefois, à la table de Louis XI ou Catherine de Médicis, à partir d’un certain nombre de convives.
Château de Carrouges, 61320 Carrouges
Informations et réservations : www.chateau-carrouges.fr
Photo en logo : Châtelet d’entrée du Château de Carrouges © JLRF
