[Parution] "Cold cases, un magistrat mène l’enquête".

Le livre aborde tout d’abord le crime dans sa matérialité juridique, mais surtout, dans sa diversité. Le crime de sang et le crime de sexe en constituent la trame.
Jacques Dallest, au vu de son expérience professionnelle, y décrit les raisons qui poussent certains individus à passer à l’acte, comment les services de police et de gendarmerie mènent les enquêtes  ; les collaborations entre ces services et leurs homologues européens, internationaux.
De même, il donne des pistes concrètes pour une meilleure instruction des crimes, une meilleure conservation des preuves...
Enfin, il décrit avec précision ce que sont les “cold cases”, comment un crime devient une affaire non élucidée, comment ces affaires complexes sont traitées en France, quels sont les enseignements à tirer des méthodes d’enquête utilisées ailleurs dans le Monde.

L’ouvrage se lit de façon fluide, tout lecteur y trouvera matière à compléter sa culture en matière pénale.

Pour vous permettre d’aller plus loin, la Rédaction du Village de la Justice s’est entretenue avec l’auteur, Jacques Dallest.

Quelles ont été vos motivations à la rédaction de cet ouvrage ?

« J’ai exercé pendant 44 ans dans la Justice, d’abord en qualité d’attaché d’administration au ministère de la Justice (1978-1982), auditeur de justice (1982-1984) et magistrat (1984-2022).

Dès mon premier poste, je me suis passionné pour le sujet des "cold cases" avec en toile de fond un lancinant questionnement sur le passage à l’acte.

Et depuis, je milite pour qu’une culture du "cold case" soit diffusée dans les juridictions : intérêt pour ces affaires, implication durable, connaissances des nouvelles techniques scientifiques, empathie à l’endroit des proches des victimes, communication, formation etc...

Voici décrit en quelques lignes ce que j’ai mis en place dans mon cadre professionnel pour rendre plus efficiente la prise en charge de ces crimes complexes.

Comme procureur notamment à Marseille en 2008, j’ai mis en œuvre au sein du parquet un dispositif pour réexaminer les affaires criminelles clôturées. En 2006, j’ai été membre d’un groupe de travail sur les crimes en série qui a produit un rapport en 2007. J’évoquais déjà l’intérêt de parfaire sensiblement le dispositif pénal en la matière.
J’indiquais notamment qu’une mémoire criminelle était nécessaire dans les parquets. En effet, il n’existe pas d’état à jour des crimes non élucidés dans les juridictions et aucune traçabilité de ces affaires sensibles n’est mise en œuvre.

En 2018, j’ai proposé à la DACG de réfléchir à l’amélioration du traitement judiciaire des "cold cases".
En 2019, on m’a confié la présidence d’un groupe de travail qui a abouti (malgré le COVID) au dépôt d’un rapport en 2021. Ce rapport mentionnait une vingtaine de recommandations. Le garde des Sceaux et le parlement a adopté le principe de la création d’un pôle national spécialisé en l’intégrant dans un titre spécifique du CPP.
Notre travail commun a donc permis que la loi du 22 décembre 2021 introduise dans notre droit plusieurs articles qui mettent la France en position de tête sur la question avec la Hollande. Loi qui a permis également la mise en place, le 1er mars 2022, du pôle national de Nanterre.

Dans mes dernières fonctions de procureur général à Grenoble, j’ai invité les 5 procureurs du ressort à mettre en place une politique pénale dynamique dans le domaine des crimes non élucidés et d’entretenir des liens constructifs avec le pôle de Nanterre. 12 affaires du ressort de la cour ont été proposées au pôle. 9 ont été retenues dont les disparus de l’Isère (disparitions et meurtres d’enfants dans les années 80) ».

S’il ne fallait n’en retenir qu’un seul, quel est le point fort de votre ouvrage ?

« Mon livre expose les solutions déjà adoptées pour mieux traiter les crimes complexes (création d’un pôle national, notion de parcours criminel) et suggère plusieurs nouvelles pistes, quelquefois très concrètes, pour ce faire.
Le chapitre final plus prospectif pose la question de l’avenir du crime complexe : l’évolution technologique mais aussi celle des esprits permettra-t-elle d’en finir avec le "cold case" ? »

À qui adressez-vous ce livre ?

« L’ouvrage destiné au grand public, mais aussi aux professionnels de la justice. Il s’efforce d’expliquer la problématique du crime non élucidé dans ses divers aspects. Ce thème ancien occupe aujourd’hui pleinement l’actualité. Les médias (magazines, documentaires, podcasts, reportages, débats) se passionnent pour le sujet et proposent quotidiennement au public des affaires criminelles récentes ou passées. Le journaliste devient enquêteur, procureur et endosse volontiers la robe du juge ce qui n’est pas sans poser problème (exemple l’affaire Lelandais présenté comme coupable avant son procès)
L’actualité ramène souvent à des faits divers, il est donc important que le plus grand nombre de personnes comprenne le processus de ces affaires complexes ».

Informations techniques :
Titre : Cold cases, un magistrat mène l’enquête.
Auteur : Jacques Dallest
Éditeur : Mareuil Editions
ISBN : 978-2-372-54277-7
Parution : janvier 2023
Pages : 381
Prix : 22 Euros