LegalTech : uberisation du droit ou automatisation juridique ?

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Présentes depuis les années 2000 aux Etats-Unis, les LegalTech font une entrée remarquée sur le marché français. Vendre en ligne une nouvelle façon de consommer le droit, l’enjeu de ces startups ambitieuses est loin de faire l’unanimité. Automatisation juridique ou ubérisation ? Menace ou opportunité ? Le point sur les nouvelles technologies de dématérialisation du droit.

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LegalTech, de quoi parle-t-on ?

A l’image des Fintech, les LegalTech regroupent les startups qui utilisent les technologies en ligne pour automatiser des services. Sauf que ces entreprises innovantes s’attaquent désormais à la matière - très protégée en France -  du droit.

Deux catégories de LegalTech se positionnent avec une rapidité exponentielle :

Les entreprises B2C

Les acteurs y sont de plus en plus nombreux. S’adressant aux particuliers, ils s’emparent d’une matière technique pour proposer en ligne des services dématérialisés dans le domaine du juridique. Génération de contrats sur mesure, formalités d’immatriculation d’une société en quelques clics, édition de baux personnalisés, gestion de contentieux… à des prestations de plus en plus pointues s’ajoutent des kilomètres de contenus et dossiers à visée informative. De quoi permettre au profane de s’économiser les services d’un avocat ? Sur le papier, oui.

Mais ce système naissant de démocratisation — de vulgarisation ? — du droit divise et les professionnels crient à une ubérisation néfaste, usurpée et dangereuse. Qui est à l’initiative de ces business juteux ? Pas nécessairement des juristes compétents ou même qualifiés. Et que valent les algorithmes utilisés par ces nouveaux logiciels ? Sans doute pas l’expérience ni la qualité du conseil d’une profession protégée… Certains avocats s’insurgent, dénonçant les limites de la LegalTech : le droit offert à prix discount ne peut pas être fiable. Face à eux, les startups contrattaquent et arguent en se basant sur l’expérience Uber : en facilitant l’accès aux services juridiques — notamment en baissant les coûts — l’image de la profession s’améliore, et de plus en plus de particuliers envisagent de s’offrir les prestations en question. En modifiant les comportements et les croyances, il s’agirait de faire grossir le marché clients.

Les entreprises B2B

Du côté des juristes et des cabinets d’avocats, les LegalTech B2B mettent à disposition des professionnels des outils numériques destinés à accélérer certains process — notamment les tâches pour lesquelles ils ne sont pas rémunérés. On ne parle plus là d’ubérisation, on évoque à plus juste titre une automatisation du droit. Facturation en ligne, partage et stockage de données, enregistrement de temps passé, édition de documents personnalisés sur la base de modèles, communication en ligne sécurisée avec le client… les fonctionnalités de ces plateformes SaaS permettent une gestion optimale de l’activité de l’avocat.

Gain de temps, meilleure rentabilité, communication facilitée et image améliorée : les arguments en faveur de ces LegalTech sont incontestés et de nouveaux acteurs de poids émergent. Point d’esclandre qui viserait ces entreprises B2B, les structures clientes tous effectifs confondus n’y voient que du positif — à la condition sine qua non que la LegalTech sécurise parfaitement son logiciel de gestion, bien entendu.

L’émergence d’une concurrence bénéfique ?

Automatisation juridique des tâches des juristes et avocats d’un côté, ubérisation du droit au profit du particulier de l’autre, la LegalTech joue sur plusieurs tableaux. Si son efficience est évidente en B2B, les avocats peinent à lui accorder du crédit côté B2C. Pourtant…

La simplification du droit, pourquoi pas… tant que les entreprises n’utilisent pas les nouvelles technologies au-delà des services juridiques de base. Baisser les prix des services juridiques, pourquoi pas… tant que les missions de conseil les plus spécifiques qui nécessitent l’intervention d’un professionnel formé et expérimenté demeurent leur monopole.
Et si la démocratisation du droit stimule le marché et incite les clients à recourir aux services des avocats, la concurrence devient vite bénéfique. Il est trop tôt pour en tirer les conséquences appropriées, mais il y a fort à parier que seuls les logiciels les plus avancés et les plateformes conçues par de vrais professionnels subsisteront en fin de course. Les autres ? Leurs erreurs donneront du travail aux avocats qui les répareront !

Une nécessité absolue de composer avec la LegalTech

Nombre d’acteurs majeurs de la profession l’ont compris : impossible de lutter contre la LegalTech — en place aux Etats-Unis depuis près de 20 ans déjà ! Rentrer en contact avec son client via une plateforme SaaS dans le cadre sécurisé de son dossier, automatiser les tâches administratives standard pour réduire les honoraires, se faire référencer via des plateformes en ligne de mise en relation : les avantages peuvent s’avérer importants au service de la profession toute entière — et les petites structures et les jeunes avocats ne manqueront pas d’en profiter.

La meilleure arme pour ne pas perdre le business serait sans doute de créer des alliances opportunes et de réfléchir à des systèmes win-win entre LegalTech et professionnels du droit. La crainte de perdre un monopole est justifiée, mais les comportements ont changé et le client est de plus en plus avisé : l’avocat doit accepter l’émergence des nouvelles technologies sur son secteur, gardant pour lui un savoir spécifique pour le moment irremplaçable.

La LegalTech est plus qu’une menace, elle représente une réelle opportunité à saisir. Vite.

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  • par Moicfilou , Le 3 octobre 2017 à 01:07

    Mon expérience est celle de quelqu’un confronté pour la première à la justice et donc à la profession d’avocat pour cause de divorce. Après environ un an, le constat est accablant :
    Des tarifs horaires démentiels qui démontrent soit des revenus annuels non moins démentiels, soit, plus probablement que le malheureux client qui passe la porte fera vivre le professionnel pendant quelques semaines pour quelques heures de travail.
    Un service client lamentable : avocat impossible à joindre au téléphone une fois qu’on est passé du statut de prospect à celui de client, conclusions avec nombreuses redites et mal articulées, passons sur les fautes d’orthographe. Ces reproches sont tellement récurrents sur les forums que personne ne peut sérieusement remettre en cause leur véracité.
    Il est dans ces conditions difficile de ne pas croire que ceux qui prévoient les pires problèmes avec les legal tech sont autre chose que les représentants d’une profession protégée (le recours à un avocat est obligatoire dans bien des cas) et aux pratiques moyenâgeuses dont l’inefficacité est in fine facturée aux clients, contraints et forcés de payer la note.
    Mon avis est tout autre : ça ne peut pas être pire qu’aujourd’hui.

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