« Le leadership, ça s’apprend » affirme ainsi Marie Hombrouck aux juristes venues assister à cet atelier de formation sur le leadership. Si la plupart témoignent des difficultés réelles qu’elles rencontrent dans le cadre professionnel, elles souhaitent également acquérir des méthodes pour mieux s’affirmer, faire valoir leur point de vue et leur valeur en tant que juriste.
Se connaître pour avancer.
« La première phase obligatoire est de faire un audit : quels sont les freins qui m’empêchent d’avancer ? » explique-t-elle. Il est en effet important de déterminer ce qui a pu nous manquer dans certaines situations professionnelles. Car s’il faut savoir composer avec l’environnement de l’entreprise, ses collègues ou ses supérieurs, il est possible d’influer sur ses propres censures ou lacunes. Cette prise de conscience va ensuite jouer sur plusieurs éléments qui sont nécessaires pour progresser.
D’abord, la posture. « Il faut avoir cette posture de pouvoir et oser. Si vous voulez un poste, il faut vous mettre dans le costume » Ensuite, n’ayez pas peur de l’échec. Il ne faut plus avoir peur et arrêter de se poser cette fameuse question : « Si j’ai le poste du dessus, vais-je y arriver ? » Cette peur de l’échec, rarement justifiée, est souvent le premier pas vers l’autocensure. Enfin, « ne soyez pas parfaite. Nous avons souvent le syndrome de la « 1ère de classe » mais pour avancer il n’est parfois pas nécessaire d’avoir coché toutes les cases : si on se sent légitime, on y va. Et si ça ne marche pas, ce n’est pas grave. » souligne Marie Hombrouck.
Connaître son tempérament et ses limites permet enfin « d’apprendre à dire non et savoir se respecter. Il faut alors anticiper et identifier quand on y arrive plus. »
Lorsque c’est possible, il ne faut pas simplement opposer un refus sans appel, mais « plutôt que d’arriver avec un problème, venir avec des solutions. »
L’importance du relationnel.
Cette introspection permet ensuite de savoir quelles qualités et compétences faire valoir. Il faut « mettre en avant ses différences, confirme Marie Hombrouck. Pourquoi vous ? Qu’est-ce qui fait que vous devriez être directrice, au Comex, que vous méritez ce poste ou cette rémunération ? Et il faut marteler le message. »
La question du timing est en effet important : progresser dans sa carrière ou demander une augmentation exige de l’anticipation. Ce n’est pas le jour du rendez-vous qu’il faut faire valoir ses arguments, mais bien avant, afin que votre demande soit déjà (presque) acquise. Il faut alors « connaître un maximum d’informations sur l’entreprise, pour savoir quand agir. »
Ce qui fait alors apparaître un autre point essentiel : l’importance du réseau – d’abord interne à l’entreprise. « L’erreur peut être de se concentrer sur son travail et d’oublier le côté interne : le verre le soir, le déjeuner avec des collègues, ... A un moment donné, cela vous servira. Car les négociations se passent très souvent en off, par exemple à la machine à café. »
Ce volet relationnel permet aussi de bénéficier de l’expérience de l’autre, pour en tirer des enseignements. Être associé à un homme – car « les blocages ne viennent pas toujours des collègues masculins » - ou avoir le retour d’un homme pour savoir comment il réagirait face à une situation donnée, sont des occasions pour avoir un autre regard et de nouvelles idées sur les attitudes à adopter.
Se construire un réseau externe est aussi essentiel pour construire sa carrière professionnelle. Il faut dans un premier temps avoir un profil Linkedin à jour et actif, puis savoir se dégager du temps pour rencontrer de nouvelle personnes. Le mentoring peut également être bénéfique à la construction de son leadership. Le système repose souvent sur des associations féminines réunissant des dirigeantes de grandes entreprises et qui choisissent de prendre une femme sous son aile et de l’aider dans sa carrière. Le concept du reverse mentoring permet, à l’inverse, d’apprendre des plus jeunes.
Le cas pratique de la rémunération.
La situation concrète, et fréquente, de la demande d’augmentation est une très bonne illustration de ce que ces différentes résolutions peuvent apporter. Car, selon Marie Hombrouck, l’étape ne devrait pas être si complexe pour des juristes : « Vous négociez toute la journée, vous êtes donc des professionnelles de la négociation ! La rémunération est un sujet difficile parce qu’il y a de l’affect : c’est sa propre valeur qui est en jeu. Il faut se positionner uniquement en tant que professionnelle. »
Il faut tenir compte de certaines spécificités, selon que l’on commence un nouveau poste ou que l’on occupe déjà le poste concerné. Lorsque l’on est en recherche d’emploi, il faut impérativement connaître son marché et sa valeur, en consultant les différents indicateurs consultables sur des sites comme Glassdor. Cela permet ainsi de donner une fourchette adaptée quand la fameuse question de la rémunération arrivera en entretien. Il faut ensuite être claire dans son propos, pour éviter toute confusion et être ainsi sûre d’obtenir ce que vous avez demandé. Ce qui signifie qu’en amont, vous avez déterminé ce que vous vouliez privilégier : la rémunération, l’équilibre de vie, la responsabilité liée au poste, …
En étant déjà en poste, l’information et la communication sont les éléments clés. Il faut bien connaître la structure et les coutumes de son entreprise, travailler sa posture en amont pour être pris au sérieux, et bien préparer son entretien, « en restant factuel. ‘Vous m’avez fixé des objectifs, je les ai réussis, voilà ce que je veux’, que ce soit en terme de rémunération ou d’avantages. Soyez informées, soyez stratégiques, et soyez force de proposition. »
Consolider son leadership implique donc de devenir plus stratégique dans la conduite de sa carrière et la construction de ses relations.
Mais le point de départ reste avant tout de se convaincre de sa légitimité et de ses compétences en tant que juriste. Car, comme le souligne Marie Hombrouck, « la clef de la réussite, c’est la confiance en soi. Et la clef de la confiance en soi, c’est le travail ».