Focus sur le métier de formaliste.

Focus sur le métier de formaliste.

Interview de Dusan Jacimovic
Propos recueillis par A. Dorange
Rédaction du Village de la Justice

3740 lectures 1re Parution: Modifié: 1 commentaire 4.8  /5

Explorer : # rigueur # compétences juridiques # formation continue

L’adoption du guichet des entreprises (également connu sous le nom de « guichet unique ») a bousculé le monde des formalités légales des entreprises. Outre la fermeture des Centres de Formalités des Entreprises (CFE) dans les tribunaux de commerce, la centralisation et la digitalisation des démarches ont modifié l’écosystème constitué par les partenaires des entrepreneurs.
L’occasion de (re)découvrir le métier de formaliste, avec Dusan Jacimovic, directeur général adjoint du pôle formalités du Groupe Les Échos-Le Parisien.

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VJ : Pouvez-vous nous rappeler en quelques mots quelles sont les missions et les fonctions des formalistes ?

Dusan Jacimovic : Avec plaisir ! Le formaliste est un prestataire de services, au service des professionnels du Chiffre et du Droit. Il intervient après la rédaction des actes juridiques, dans le cadre de l’accomplissement de toutes les formalités juridiques prévues par la loi, auprès de l’INPI, des greffes des tribunaux de commerce, des recettes des impôts et divers autres organismes pour obtenir ou mettre à jour les extraits K-BIS qui sont la carte d’identité des entreprises.

Le métier est assez mal connu. Comment devient-on formaliste ?

D. J. : C’est un métier peu connu et dont on n’entend pas beaucoup parler dans les facultés de droit, voire pas du tout ! Il est souvent indiqué dans les ouvrages qu’il y a lieu d’accomplir les formalités juridiques auprès des tribunaux de commerce…

« C’est un métier dont on n’entend pas beaucoup parler dans les facultés de droit. »


C’est pour le moins elliptique lorsque l’on sait ce que cela recouvre comme réalité, en termes de métier et d’emplois : les greffiers des tribunaux de commerce, les formalistes et d’autres acteurs et opérateurs (numériques notamment) dans cet écosystème !

Il y a deux voies pour devenir formaliste : d’une part, la voie des praticiens qui ont appris un métier « sur le tas ». Ici bien sûr, le rôle de la formation et de la transmission d’un savoir-faire sont essentiels, tout comme la pratique, une longue pratique des dossiers.
D’autre part, une voie qui s’est considérablement accrue ces dernières années, avec des profils plus juridiques. La profession est de plus en plus composée de personnes disposant d’une solide formation juridique ayant travaillé en cabinet d’avocat, en cabinet d’expertise comptable ou dans une direction juridique, avant de rejoindre le secteur des formalités légales.

Deux types de profils donc. Qu’en est-il des compétences-clé pour être formaliste ?

D. J. : Dans tous les cas, le métier nécessite une rigueur, une méticulosité, un engagement et un sens du service. Je m’explique.

Une rigueur : commune à tous nos métiers. Dès que l’on touche au juridique, il est impensable de ne pas être rigoureux.
Une méticulosité : la complexité du système est telle qu’il faut être exact, impossible d’être dans l’à-peu-près.
Un engagement : nous travaillons au service des clients qui sont toujours dans l’urgence et dans l’attente. Nous pouvons difficilement être déconnectés de cette réalité.

« Nous ne sommes pas simplement des fournisseurs, mais des "trouveurs" de solutions. »

Un sens du service : nous sommes là pour trouver des solutions pour nos clients et nos partenaires. Clairement, nous ne sommes pas simplement des fournisseurs, mais des « trouveurs » de solutions : ce que l’on attend de nous, c’est de trouver une solution à un problème, et très souvent de la trouver vite. Il faut donc savoir supporter une pression quasi-permanente bien au-delà des deux grandes périodes de clôture et d’approbation des comptes annuels.
Au-delà de l’appétence pour le métier du service, il faut avoir intégré ces éléments-là pour satisfaire aux besoins de ce métier.

Est-ce que cela facilite les choses d’être juriste ? Très concrètement, que faut-il savoir faire et que peut-on espérer apprendre en devenant formaliste ?

D. J. : Vous avez raison de poser la question. Il faut savoir pourquoi on fait ça ! Lorsqu’un client vous demande quelque chose, il ne le fait pas sans raison. Il le fait, d’une part, pour répondre à une obligation légale et, d’autre part, parce qu’il a un obstacle ou un problème à régler.

Le fait d’avoir une formation juridique aide sur la première partie, c’est-à-dire sur le pourquoi : pourquoi telle formalité ? À quoi sert une assemblée ? Qui fait quoi ? Qui décide ? Pourquoi on fait comme ça et non autrement ? Etc.

Sur la deuxième partie, être juriste n’est pas différenciant. Il faut avoir l’instinct de surmonter les difficultés et trouver les solutions idoines. La technologie est une aide pour réduire la pression des petites tâches au quotidien et pour faciliter les échanges et le partage d’informations, etc.

« Il faut avoir l’instinct de surmonter les difficultés et trouver les solutions. »


Mais on ne peut pas réduire la partie incompressible qui est l’expertise, et la décision : le mandataire est doit proposer une solution à son client. Pour cela, et malgré de fortes dépendances extérieures, il doit s’engager.

C’est un métier dans lequel on apprend tous les jours et tout au long de sa carrière. Il y a toujours des réformes, des options que l’on n’a pas vues ou des situations nouvelles. Notre environnement change en permanence et nous devons nous adapter !

Interview de Dusan Jacimovic
Propos recueillis par A. Dorange
Rédaction du Village de la Justice

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Discussion en cours :

  • par Marie-Michelle DURIMEL , Le 17 août 2023 à 17:29

    Bonne approche de la profession de formaliste que j’ai effectivement appris sur le tas depuis plus de 30 ans et j’apprends encore... Je pense que la profession va encore évoluer avec ou sans diplômés, car le vrai diplôme c’est l’amour de ce métier, vrai élément booster et rien d’autre vraiment. J’adore mon métier. Cumuler ce poste avec la " confection et la réalisation" d’actes ssp ou authentique est un vrai bonheur malgré certaines difficultés que l’on peut rencontrer, mais qui forgent notre savoir-faire du métier. Bravo aux nouveaux arrivants mais l’INPI demeure une vraie galère pire qu’Infogreffe à ses débuts...

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