Partir avec Erasmus+ durant vos études de droit : les clés pour une expérience réussie.

Partir avec Erasmus+ durant vos études de droit : les clés pour une expérience réussie.

Nathalie Hantz, Rédaction du Village de la Justice

Il existe d’autres programmes de mobilité lorsque l’on est étudiant, pourtant Erasmus (devenu Erasmus+ depuis 2014 [1]) est celui qui est directement associé dans l’esprit de tous aux études à l’étranger, dont il est presque devenu synonyme. Apprentissage d’une autre langue, ouverture d’esprit, nouvelle ligne sur son CV : toutes les raisons sont bonnes pour avoir envie d’en profiter, et les étudiants en droit ne font pas exception. Nos clefs pour vous aider : une FAQ + les conseils d’un Vice-Doyen en charge des relations internationales + le retour d’expérience d’étudiants !

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Notre FAQ pour un Erasmus en Droit.

Erasmus+, c’est pour qui ?

Pour tous ! Et c’est une des évolutions du programme Erasmus+ par rapport Erasmus tel qu’il existait avant 2014.

Une seule obligation : ce séjour doit "avoir un objectif d’apprentissage, de formation ou de partage d’expérience et de connaissance".

Il est ouvert :
- à toutes les personnes en poursuite d’études, en apprentissage, alternance, formation, qui enseignent, forment, en recherche d’emploi, élèves à l’école, collège, lycée, ou qui souhaitent devenir bénévoles ;
- précisément pour les étudiants : tous ceux inscrits, y compris en alternance, dans un établissement d’enseignement supérieur, quels que soient la discipline, le cycle d’études ou le diplôme préparé.

Où ? et Combien de temps ?

2 à 12 mois maximum par cycle d’études (il existe cependant des mobilités physiques plus courtes, dites "mobilités hybrides", de 5 à 30 jours, possibles si elles sont combinées avec des activités "virtuelles" [2].

En Europe... et dans le Monde entier, là aussi c’est un des apports de la nouvelle version d’Erasmus.
Cependant, votre faculté française ne proposera pas toutes les destinations  ! Contactez le service en charge des relations internationales pour obtenir la liste des facultés des destinations possibles.

Stages ou études ?

Erasmus+ vous permet de poursuivre des études ou d’effectuer un stage en Europe pendant votre parcours post-bac. Vous pouvez cumuler les deux, mobilité d’études et de stage tant que la durée totale n’excède pas les 12 mois par cycle (BTS, BUT, licence, master, doctorat).

- Votre période d’études se déroule dans un établissement d’enseignement supérieur partenaire de votre université. Vous partez dans le cadre de leurs accords de coopération internationale.

Cette période d’études à l’étranger s’intègre dans votre cursus et vous pouvez choisir de partir un semestre ou une année universitaire. Elle peut aussi être plus courte (cf supra : la mobilité hybride).

- Votre stage en entreprise, peut être réalisé au sein d’un institut de recherche ou de tout organisme public ou privé actif sur le marché du travail.

Cette période de stage à l’étranger s’intègre dans votre cursus. Sa durée est comprise entre 2 et 12 mois. Elle peut aussi être plus courte (5 à 30 jours) si elle est combinée à des activités virtuelles : c’est la mobilité hybride.

De quelles aides puis-je bénéficier ?

Vous recevrez une bourse de la part du programme d’Erasmus+ (qui n’est pas conditionnée aux revenus).

Ses mensualités diffèrent notamment en fonction des destinations, et du choix stage ou étude.
Exemples : Allemagne, Autriche, Belgique, Chypre, Espagne, France, Grèce, Italie, Malte, Pays-Bas, Portugal : 292 à 606€/mois pour les études ; 442 à 756€/mois pour les stages ; 786€/mois pour les étudiants inscrits dans un établissement des Outre-mer.

Cette aide peut être cumulée avec l’AMI (Aide à la Mobilité Internationale) si vous êtes boursier de l’enseignement supérieur sur critères sociaux.

Vous pourrez également bénéficier d’aides "locales" (votre région, votre commune etc.)

Enfin, il existe des aides "bonus", comme par exemple celle de la "Mobilité verte" que propose le programme Erasmus+ : un financement supplémentaire aux étudiants qui utilisent des moyens de transport plus vertueux (train, bus, covoiturage) pour se rendre dans leur université d’accueil.

Pour tous les détails sur ces aides :
- Bourses Erasmus+ et Aide à la mobilité internationale (AMI)
- Comment est calculé le montant de la bourse Erasmus + ?

Quelle valeur ont mes études là-bas ?

Comme le rappelle le site du programme : "Vous signez un contrat pédagogique avec votre établissement d’origine et d’accueil ou une convention de stage entre votre établissement et l’entreprise d’accueil. Ces documents attestent des enseignements et des activités suivis pendant votre séjour Erasmus+.

Vous obtenez à l’étranger ce que l’on appelle des crédits, ces fameux ECTS. Ce système est utilisé dans toute l’Europe pour faciliter la reconnaissance de la mobilité des étudiants."

Quelles démarches pour partir en Erasmus+ ?

Le maître-mot pour vous : An-ti-ci-per. "Une mobilité études se prépare une année à l’avance." (dixit la Faculté de droit de Montpellier, c’est beaucoup mais en tous cas il faut bien au moins 6 mois pour s’informer, trouver les bonnes destinations et universités intéressantes pour votre cursus, trouver les conditions d’hébergement sur place etc. )

Certaines facultés prévoient les inscriptions en début d’année civile pour un départ à la rentrée suivante.
L’idéal sera de vous rendre au bureau des relations internationales de votre université, puisque c’est auprès de votre faculté d’origine que vous serez inscrit.

Niveau exigé, lettre de motivation, examen de niveau en langue (type TOEFL) : chaque faculté a ses spécificités et son organisation, alors partez à la pêche aux infos auprès de ceux qui sont responsables d’Erasmus+ (et il y en a dans chaque fac).

Voici quelques liens utiles vers les pages dédiées aux échanges internationaux de vos facultés de droit. Qu’il s’agisse de votre fac ou non, elles vous donnent des conseils avisés et marqués par l’expérience en la matière :
- Montpellier
- Marseille
- Rennes
- Nantes
- Université de Lorraine
- Université catholique de de Lille

Autres conseils de la Rédac : ne vous privez pas de passer du temps sur le site officiel Erasmus+, extrêmement riche d’infos, clair et complet, et cherchez des témoignages d’étudiants qui "sont passés par là" pour l’organisation des études dans votre "fac Erasmus" et les hébergements, réseaux sur place etc. Erasmus, c’est aussi un réseau !

Et partir sans Erasmus... c’est possible ?

Oui, il existe d’autres programmes de mobilité comme CIVIS [3], un programme basé sur un partenariat entre des universités européennes et africaines, ou encore le programme MICEFA (Mission interuniversitaire de Coordination des échanges Franco-Américains)
Pensez aussi volontariat international en entreprise ou en administration (VIE/VIA) ou Service civique internationale.

Nos sources :
- Comment partir à l’étranger en dehors de vos études ?
- Études à l’étranger : comment partir en dehors du programme Erasmus ?

Les conseils d’Alexandre Mayol, Vice-Doyen de la Faculté de Droit, Économie et Administration de Metz en charge des relations internationales.

Pourquoi partir en Erasmus en fac de droit ?

« L’expérience Erasmus dans un cursus juridique peut répondre à plusieurs attentes.
Académique, d’abord, pour s’enrichir de nouvelles compétences dans l’étude du droit d’un autre pays.
Linguistique, ensuite, puisque partir en Erasmus représente une opportunité de vivre une immersion complète dans une autre culture. Pour les étudiants, c’est une excellente occasion de pratiquer une, voire plusieurs langues étrangères, et de revenir parfois complètement bilingues.

Alexandre Mayol

Enfin, Erasmus est aussi une expérience humaine formidable où les étudiants peuvent prendre une année pour mûrir, sortir d’une zone de confort, en partant à la rencontre de nouvelles personnes dans un autre pays. Pour certains, Erasmus est la première expérience de voyage à l’étranger et beaucoup en reviennent changés, en ayant pris le temps de réfléchir à la suite de leurs choix d’études. »

À quel moment est-ce idéal (plutôt L3 ou M1) ?

« Il est compliqué de recommander un moment idéal pour faire une mobilité. Je dirais que la 2ᵉ année de licence peut être un moment assez opportun car elle n’est pas l’année diplômante de la licence, contrairement à la L3.
Dans la perspective de la sélection entre la L3 et le M1, j’incite les étudiants à la prudence, car un cursus Erasmus peut être mal perçu dans certains Master sélectifs qui estiment que la formation n’a pas été suivie complètement en L3. Concernant le fait de partir en M1, cela peut aussi être complexe car le choix de partir se fait généralement plusieurs mois avant, alors même que les étudiants n’ont pas encore été acceptés en M1. En revanche, certains Master intègrent la mobilité Erasmus dans le cursus. Cela dépend donc du programme que vous avez intégré. »

Le déconseilleriez-vous à certains étudiants et pourquoi ?

« Bien que cela ne soit pas mon opinion, je constate que des responsables de Master refusent de considérer la légitimité d’un semestre effectué en Erasmus en raison de la non-équivalence stricte des matières suivies (il est clair qu’un étudiant parti en Espagne n’aura pas étudié le droit administratif des biens français) ou encore du mode de validation qu’ils estiment trop simple.
Dans ce contexte, j’invite certains étudiants désireux de suivre un cursus juridique très spécialisé en droit français et sélectif de ne pas partir, par exemple, en L3, pour ne pas réduire leurs chances d’être acceptés en Master. À l’inverse, certains Master valorisent énormément cette expérience, notamment- et cela se comprend - en droit international, droit communautaire ou en droit des affaires où la composante internationale peut être forte, avec une forte prégnance de l’anglais. Le conseil que je donnerais serait d’échanger avec le correspondant aux relations internationales et avec les responsables de licence et de master pour avoir leur avis. »

Quels sont les points de vigilance à avoir en tête pour que cette expérience soit une réussite pendant et après ?

« Trois points de vigilance à mon sens. D’abord, être au clair sur les motivations pour faire un Erasmus afin de bien choisir le pays et la faculté de destination. Par exemple, partir dans un pays sans maîtriser sa langue peut être un handicap, surtout si l’anglais est peu maîtrisé par les personnes.

Ensuite, préparer son séjour en se renseignant sur la faculté et les retours d’expériences des étudiants qui sont déjà partis (ou vivant encore sur place). Chaque ville héberge une association d’étudiants en Erasmus (le réseau "Erasmus Student Network" dit ESN) que je conseille de contacter pour avoir une idée de la qualité de la vie étudiante sur place. Enfin, prendre le temps de discuter avec vos responsables de licence, Erasmus ou de Master au sujet de votre départ afin d’éviter une déconvenue lors de la sélection en Master. En inscrivant cette mobilité dans un vrai projet d’études et personnel, on peut s’assurer de vivre une magnifique expérience sur tous les plans ! »

Retours d’expériences !

Malo de la Perrelle est parti en Allemagne dans le cadre d’un M1 Droit international à l’Université Grenoble Alpes : il nous raconte !

« L’Erasmus a été pour moi une expérience très enrichissante évidemment sur le plan universitaire avec des cours de très grande qualité, mais pas seulement.

Malo de la Perrelle

Il permet une réelle ouverture au niveau linguistique, culturelle et sociale. J’y ai rencontré des personnes exceptionnelles avec qui je suis toujours en contact.
Il m’a aussi beaucoup fait grandir au niveau de la maturité et de l’autonomie (particulièrement au niveau des démarches et de l’entrainement en anglais et allemand).

Freiburg, en Allemagne, est une ville à taille humaine entourée de montagne, parfaite pour ceux qui aiment la nature. Malgré sa taille, cela reste une ville universitaire très dynamique. Le petit bémol a été... la météo, très pluvieuse en hiver !
Je mettrais tout de même une réserve quant à la difficulté administrative pour partir en échange bien que ma faculté française m’ait très bien soutenu. »

Yanis Stienlet, actuellement en Master 2 à l’Université Grenoble Alpes, revient d’une année d’erasmus (Master 1) au sein de l’Université Libre de Bruxelles

« Je dois avouer que je n’ai jamais été très doué pour les langues étrangères mais j’avais tout de même envie de faire une année d’étude à l’étranger. En effet, l’utilité d’un séjour Erasmus ne réside pas uniquement dans l’aspect linguistique du programme européen mais également dans la possibilité de découvrir une nouvelle culture et un nouveau système différent de ce que nous connaissons en France. C’est pourquoi, lorsque j’ai eu l’opportunité d’effectuer une année Erasmus à l’Université Libre de Bruxelles (ULB), donc en Belgique francophone, j’ai saisi l’occasion et je n’en ai pas été déçu !
En effet, même si la Belgique et la France sont très proches dans beaucoup d’aspects, au niveau du droit, il y a une différence fondamentale qui entraîne beaucoup de répercussions, c’est une monarchie parlementaire avec un système fédéral. Étudiant le droit public, cette expérience était donc très enrichissante et permet réellement d’appréhender des systèmes différents du nôtre et donc de mieux se saisir de nombres d’enjeux qui n’apparaissaient pas comme tel avant ce dépaysement.

Yanis Stienlet

D’un point de vue académique, cette expérience était donc vraiment intéressante ; toutefois, avec le recul, je regrette de ne pas avoir plus profiter du côté humain de l’expérience. De nature relativement timide, j’ai eu du mal à faire le premier pas pour m’intégrer au mieux et quand j’ai commencé à vraiment m’intégrer j’ai regretté de ne pas avoir fait ce pas plus tôt car l’ambiance Erasmus est vraiment incroyable. De plus, même si c’est l’aspect francophone qui m’a décidé de partir en Erasmus avec mon faible niveau en langue, avec le recul, je regrette de ne pas avoir saisi cette occasion pour parfaire ce niveau plutôt que de me reposer sur mes acquis. D’autant plus que la faculté proposait des cours en anglais ou néerlandais (et que la région est bilingue néerlandaise), ça aurait été l’occasion de développer une nouvelle compétence mais malheureusement cela restera une occasion manquée.

Enfin, si je peux donner un conseil aux étudiantes et étudiants envisageant de faire une année d’Erasmus : Allez-y ! L’expérience est merveilleuse, tant humainement qu’académiquement et si comme moi, vous êtes complexés par votre niveau de langue, n’hésitez pas à partir dans une université francophone qui dispose des cours dans une autre langue, la majorité des universités dispensent des cours en anglais ! Je sais également que l’on se dit souvent que le droit est moins propice à un Erasmus car, par définition, il est différent dans chaque pays mais en réalité cela ne pose pas de problème car la réflexion juridique, elle, est identique et que relever les différences et ressemblances entre les différents droits est une aide précieuse pour comprendre les enjeux relatifs à ces derniers. »

Nathalie Hantz, Rédaction du Village de la Justice

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Notes de l'article:

[1C’est l’addition de deux programmes de la Commission européenne : le Programme pour l’éducation et la formation tout au long de la vie (EFTLV dont dépendait notamment Erasmus, Lifelong Learning Programme en anglais) et le programme Jeunesse en action. Toutes les explications ici.

[2Celles-ci "associent des activités virtuelles en lien avec la mobilité, comme l’apprentissage à distance organisé par l’établissement d’accueil, avec une mobilité physique à l’étranger." Source : https://agence.erasmusplus.fr/2020/....

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