Génération X
Jean-Charles Simon, Avocat.
Génération Z
Eve Anne Dujardin, Avocate.
Jean-Charles Simon :
« Le Covid a changé la société d’une manière générale, et impacté notamment les jeunes, pour qui la période a été parfois très difficile à vivre.
Je pense aussi que cette période, et ce que nous vivons depuis, a mis en exergue plusieurs enjeux majeurs :
le changement climatique ;
le vieillissement de la population ;
La transformation numérique.
Une fois la pandémie derrière nous, plusieurs exigences se sont progressivement affirmées, et sans doute plus qu’avant des pré-requis sont à prendre en compte, particulièrement à l’égard des jeunes.
Je pense d’abord à leur "personnalité" et leur rapport à "l’estime de soi". A mon sens ils savent plus s’affirmer (sur leur rémunération, leurs perspectives d’évolution, leur travail, etc.) ; ils sont donc aussi plus réactifs dans leurs rapports aux autres.
Une autre conséquence de la pandémie est ce que j’appelle "le présent omniprésent" : cette génération est exigeante sur ce qu’elle veut dans le présent, mais moins dans sa vision à long terme, avec une vision surtout "courtermiste". Et cela empêche de construire une vision d’avenir... Pourtant il faut essayer de réfléchir à l’avenir ! Mais il faut constater que pour beaucoup de jeunes dans la profession, le temps d’un certain sacrifice du "présent personnel" au profit d’un "futur collectif" est passé. Comment de fait pérenniser nos cabinets avec ces jeunes générations ? C’est en enjeu car l’avenir est la jeunesse dans un monde où beaucoup des métiers de demain ne sont pas encore connus aujourd’hui.
Les jeunes confrères apportent une connaissance technique qui nous manque parfois vu la complexité et l’évolution de la règlementation. Les générations (Y et Z) sont aussi de plus en plus en capacité de décision. Il faut savoir parler aux dirigeants d’entreprises qui ont aussi cet âge et c’est plus simple en ayant à nos côtés des confrères auxquels ils peuvent s’identifier.
Pour autant, je constate que les jeunes entrepreneurs apprécient l’échange intergénérationnel et sont satisfaits de la complémentarité des savoirs.
Si on pense innovation, il faut à mon sens distinguer l’innovation du progrès. L’innovation du nouveau qui remplace l’ancien. Le progrès apporte ce qui n’existe pas. Or les jeunes permettent de s’améliorer sur ce point, de "rester au contact". Mais attention : tous n’ont pas la capacité pour cela...
Il me semble que les cabinets d’avocats doivent maintenant très rapidement s’adapter à ces évolutions, tout en conservant leur ADN principal...
Personnellement, je prends en compte ce qui est aujourd’hui une "certaine incertitude" : c’est une évolution de notre métier, et les jeunes eux l’acceptent.
Quoiqu’il en soit, il est indispensable de travailler entre différentes générations, c’est positif, et personnellement j’y prends beaucoup de plaisir ! »
Eve Anne Dujardin :
« J’ai un historique particulier au cabinet puisque j’y ai travaillé depuis mes 20 ans en tant que juriste, j’y suis en tant qu’avocate depuis un an et demi...
Quelle vision j’ai du travail "intergénérationnel" ? A vrai dire, je ne m’étais jamais posée la question, cela m’a paru fluide...
Je parle, j’agis en toute liberté et toute confiance (même si cela m’a pris du temps). En réalité, j’ai finalement été parfois surprise face aux façons de faire... des nouveaux arrivants ! Je crois que ceux qui arrivent en ce moment sur le marché du travail, et qui ont vécu une partie de leurs études pendant la crise Covid, n’ont pas les mêmes codes.
Pour en revenir à moi, je peux cependant dire que j’ai senti avec les générations précédentes les différences sur les méthodes de travail. Par exemple, en pleine discussion, si une question survient, je regarde Google et je fais une recherche rapide en même temps qu’on me parle, j’ai le smartphone scotché à la main...cela peut "choquer" certains. Mais il y a pour moi une immédiateté que j’apprécie, faire les choses "au moment où" lorsque c’est possible, pour gagner du temps...
Ce qui me semble vital pour notre génération, ce sont les besoins de liberté (liberté de mouvement comme des tâches à réaliser) et de confiance... Cela signifie horaires flexibles, télétravail et liberté aussi dans les dossiers qui nous intéressent... mais tout en restant dans une perspective de collectif ; contrairement à ce que dit Jean-Charles Simon : je crois que nous avons en tête l’avenir de nos cabinets et aimons évoluer en équipe, travailler avec et non pour, c’est ce qui nous permet d’apprendre et d’évoluer et en définitive de donner du sens à ce que nous faisons.
L’idée, c’est finalement de jouer collectif et pour demain tout en gardant sa liberté... c’est cela que j’ai voulu en rejoignant cette profession, dans ce cabinet. »
🤔 De quelle génération faites-vous partie ?
Les années de délimitation des générations varient selon les sources...
Nous avons pour notre part retenu celles-ci :
Génération X : Si vous êtes nés entre 1960 et 1980
Génération Y : si vous êtes nés entre 1980 et 1995
Génération Z : pour celles et ceux nés/nées après 1995.
Quand on parle relations de travail, on parle Management, nouvelles façons de collaborer, nouvelles formations... Autant de réflexions qui alimentent le Congrès annuel des RDV des Transformations du droit en octobre 2023 avec notamment un Village des Trajectoires professionnelles. Lecteurs du Village de la Justice, vous y êtes tous conviés !