Qui passe l’épreuve du Grand Oral ?
Celui qui a passé avec succès les épreuves écrites du CRFPA. Admissible, l’épreuve du Grand Oral constitue, avec l’épreuve obligatoire d’anglais, la dernière marche qui le sépare de l’entrée dans l’une des écoles du Barreau.
Le candidat a donc déjà prouvé sa valeur en tant que juriste, non seulement du point de vue des connaissances, mais aussi de la technique, de la méthode et de sa capacité à devenir un vrai professionnel du droit, un futur avocat. Les consultations en droit des obligations, en procédure et dans sa matière de spécialité lui confèrent une véritable légitimité en tant que futur praticien car déjà les épreuves d’admissibilité commandent de franchir une première étape entre le monde estudiantin et le monde professionnel.
Notons d’ailleurs, qu’un stage en cabinet n’est pas à négliger pour connaître de la pratique du droit, au-delà de la simple théorie universitaire.
Bref, celui qui passe le Grand Oral a déjà du mérite, reste à prouver au jury qu’il présente des qualités d’analyse, de réflexion et d’oralité que tout avocat doit naturellement posséder.
Où, quand et comment l’épreuve se déroule-t-elle ?
- Jacob BERREBI
Directeur de la Prépa CRFPA ISP
L’épreuve se passe au sein de l’IEJ dans lequel vous vous êtes inscrit en candidat libre ou en tant qu’étudiant. Tout est donc organisé au niveau local.
L’épreuve du Grand Oral a lieu dans les jours qui suivent les résultats d’admissibilité (souvent fin octobre, début novembre). Une année, les épreuves commençaient à 8h du matin le lendemain du jour des résultats des écrits, pourtant annoncés à 18h. Cela peut être violent. Il faut s’y préparer, mais nous y reviendrons.
Le jury est toujours composé de trois personnes : un avocat, un magistrat et un universitaire (lequel préside le plus souvent le jury). L’hétérogénéité du jury révèle deux éléments importants : d’une part, l’épreuve est considérée comme le grand saut entre l’Université et le monde professionnel ; d’autre part, le futur avocat est sélectionné par des juristes professionnels et donc par ses futurs pairs, qui attendent de lui des qualités se rapprochant des leurs. Cela implique pour le candidat de toujours se demander ce que l’on attend de lui ou encore pourquoi on lui pose telle ou telle question.
L’épreuve se déroule en deux temps : 1h de préparation suivie de 45 minutes devant le jury. Ces 45 minutes devant le jury sont idéalement divisées en deux étapes : 15 minutes d’exposé de l’exercice préparé, 30 minutes d’entretien sous la forme de questions-réponses avec le jury. Nous reviendrons également sur les conseils à suivre pour aborder chacun de ces temps dans les prochaines lignes.
Mais avant cela, et pour en revenir aux modalités de l’épreuve, il convient d’évoquer un point essentiel : tout le monde ne passe pas le Grand Oral dans les mêmes conditions. Chaque IEJ a sa pratique : certains IEJ décident de faire passer plusieurs élèves en même temps devant plusieurs jurys, d’autres ne prévoient qu’une salle avec des jurys tournants et sur plusieurs jours, certains oraux se font dans des petites salles et rarement en public, d’autres IEJ proposent un Grand Oral plus solennel avec un large public prévu, etc. Se renseigner avant auprès de son IEJ est important, cela évite de découvrir sur le moment les conditions de l’épreuve et d’être déstabilisé par elles !
Toujours quant aux modalités de l’épreuve, certains passent leur Grand Oral en connaissant leurs notes et donc leur moyenne aux écrits. Autrement dit, ils savent s’ils ont des points d’avance ou s’ils sont « justes ». D’autres IEJ ne communiquent pas les notes et c’est la grande incertitude. Chacune des deux situations a ses avantages et ses inconvénients ; dans tous les cas, il faut savoir adapter sa stratégie.
Quel est le programme de l’épreuve ?
Le programme est commun à tous les IEJ et donc tous les candidats : la protection des libertés et droits fondamentaux ainsi que la culture juridique. Plus vaste, on ne peut… Disons que l’essentiel se situe sur le terrain des libertés au sens large mais que rien n’interdit au jury de creuser dans tous les pans du Droit, y compris dans ses aspects historiques.
A ce titre, sans faire l’économie d’une bonne préparation et d’un travail de fond sur les connaissances (V. les questions suivantes), il est nécessaire pour chaque candidat d’accepter que c’est la seule matière, et donc la seule épreuve, dans laquelle on ne peut pas connaître l’entièreté du programme. TOUS les candidats sains d’esprit (il est parfois préférable d’être fou) se diront le jour de l’épreuve « Je ne suis pas prêt ! » (voire « Au secours, je ne suis pas prêt ! »). L’épreuve est volontairement faite ainsi.
Les libertés, les droits fondamentaux et la culture juridique constituent un programme transversal se rapportant à toutes les matières : nul ne peut être spécialiste de l’ensemble du Droit. De plus, les libertés montent de manière considérable en puissance depuis 50 ans dans notre société, de sorte que leur omniprésence ouvre la porte à des discussions sur toutes les questions sociétales, politiques (attention, on est là pour analyser et non exprimer une opinion) ou encore d’actualités.
Une observation et une anecdote pour étayer ces éléments.
L’observation : le jury n’est pas spécialiste de toutes les questions et parfois vous en savez plus que lui. C’est arrivé au rédacteur de cet article : membre du jury, entendre le candidat annoncer son sujet, masquer son ignorance derrière une pokerface (comme le candidat doit savoir le faire également), être intéressé et même parfois impressionné par la réflexion du candidat. Bref, impossible pour les trois membres du jury de tout savoir sur tout et d’avoir la même culture juridique.
L’anecdote : je suis lié d’amitié avec l’un des plus grands enseignants de droits et libertés fondamentaux qui soit et qui enseigne au sein notre Prépa. Alors qu’il professe dans le cadre du CRFPA depuis près de 20 ans, il me disait récemment qu’il ne connaissait pas encore 50% de la matière. Il l’a dit sans rire et pourtant c’est un bourreau de travail… Cela laisse une nouvelle fois deviner que l’on ne peut tout savoir en cette matière, et que ce n’est donc pas là le secret pour réussir.
Quels exercices constituent l’épreuve ?
Si le programme est commun, les sujets et même le type d’exercice sont définis au niveau local, par chaque IEJ. C’est ici que s’arrête le caractère national de l’examen et que des disparités (je n’ose dire inégalités) surgissent.
Les IEJ sont libres de déterminer un ou même plusieurs exercices proposés à leurs candidats.
Florilège : l’exposé-dissertation (l’exercice le plus commun), le commentaire d’avis ou de décision de justice (jugement, arrêt, juridictions nationales ou internationales, etc.), le commentaire de texte (des lois, des propositions de lois, des conventions européennes, internationales, etc.), le commentaire d’un article (de presse ou de doctrine), un exposé-dissertation à partir d’un document, un exposé-dissertation dans lequel il convient de défendre une thèse, un cas pratique ou consultation…
Certains IEJ annoncent au cours de l’année la nature de l’exercice, d’autres non (ce qui est de plus en plus rare heureusement). Là aussi, se renseigner est essentiel pour bien se préparer.
Quand se préparer pour le Grand Oral ?
Voici l’une des questions les plus épineuses et les plus débattues tant parmi les préparationnaires que parmi les enseignants qui les préparent. Aussi, vous comprendrez que les lignes qui suivent n’offrent qu’un avis, certes tranché, mais un avis qui n’engage que son auteur.
Quand devez-vous commencer à travailler la matière ? Avant les écrits ou après les écrits ?
Beaucoup penchent pour commencer à travailler les libertés et droits fondamentaux avant les écrits et ce, avec des arguments forts convaincants : « le programme est vaste et infini », « je n’y connais rien ou pas grand-chose en dehors des libertés dans la matière choisie en option pour les écrits », « il y a trop peu de temps pour travailler la matière après les écrits », etc.
Alors oui chacun de ces arguments reposent sur un postulat vrai, mais la déduction selon laquelle « il faut donc commencer à travailler la matière avant les épreuves d’admissibilité » est erronée.
Certes, ces arguments sont souvent exploités par les professeurs des IEJ qui enseignent les libertés fondamentales pendant le second semestre, mais c’est souvent pour justifier leur cours et son placement temporel au cours de la session universitaire. Il suffirait peut-être de leur proposer de faire leur cours en septembre et octobre pour qu’ils tiennent un autre discours, mais cette souplesse, la faculté de droit n’en est pas capable. Les IEJ fonctionnent sur le modèle universitaire traditionnel alors que l’examen n’est pas en mai ou en juin, comme en Licence ou en Master, mais en septembre pour les écrits et les quinze premiers jours de novembre pour le Grand Oral (Cherchez l’erreur !)
Reprenons chacun des arguments déjà avancés pour montrer leurs limites : Oui, le programme est vaste et infini, mais ce constat est vrai avant ou après les épreuves écrites. Oui, vous n’y connaissez rien en droit pénal et en procédure pénale et la matière regorge de concepts liés aux droits et libertés, parce que vous avez pris droit administratif ou droit des affaires en option aux écrits. Pensez à votre ami pénaliste qui doit lui appréhender les notions de police administrative ou la liberté du commerce et de l’industrie.
Encore, affirmer qu’il y a trop peu de temps pour envisager une matière (deux avec l’anglais mais ce n’est pas comparable) quand il y a un mois et demi de travail potentiel entre les épreuves, c’est oublier que l’on consacre (à tort) bien moins de temps de préparation à chacune des épreuves écrites… certains candidats se trompent d’ailleurs en ne consacrant que les deux mois de l’été pour préparer les quatre épreuves d’admissibilité.
Enfin, il y a trois arguments forts pour affirmer qu’il ne faut pas commencer à travailler la matière avant les épreuves d’admissibilité. Le premier est évident et strictement logique : les épreuves écrites sont elles aussi difficiles et nécessitent un apprentissage laborieux. Travailler les épreuves orales en même temps que celles-ci, c’est parasiter votre travail alors même que réussir les écrits est une condition sine qua none pour passer les oraux.
Le deuxième argument est stratégique : l’écrémage entre les candidats se fait davantage au niveau de l’admissibilité plutôt qu’au niveau de l’admission. Il s’agit d’arrondis statistiques (à affiner selon les années et selon les IEJ) mais en simplifiant l’on peut dire que sur 100 candidats qui passent les écrits, seulement 30 seront déclarés admissibles ; sur 100 candidats admissibles, 70 seront admis.
Le troisième est mathématique : les notes de l’admissibilité et de l’admission se compensent, dès lors prendre des points d’avance aux écrits permet d’aborder plus sereinement le Grand Oral.
En bref, voici mon conseil : travailler le Grand Oral après les écrits, mais tout de suite (ou presque) après les écrits !
(A cet instant, sachez que le rédacteur de ces lignes a parfaitement conscience que vous le maudirez la veille de votre Grand Oral et que vous regretterez – à tort, je l’espère – de l’avoir écouté).
Comment se préparer pour le Grand Oral ?
Comment se préparer alors que la matière est infinie et que l’on a que peu de temps pour le faire ? Une telle question ne relève pas de la quadrature du cercle mais presque !
Par où commencer ? Le droit constitutionnel ou le droit pénal ? le droit des personnes ou le droit de propriété ? Le droit français ou le droit de l’UE ? Il ne faut pas que j’oublie les conventions internationales … Ah oui et évidemment la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme… et le droit social… Pfiou…
Que faut-il savoir ? Les textes, oui mais tous ? La jurisprudence, oui mais tous les arrêts ? de toutes les juridictions ? Pfiou…
Il faut agir avec méthode et encore une fois se demander ce que le jury attend de nous : il n’attend pas du futur avocat qu’il soit spécialiste de tout. Bien au contraire, il s’agit de pouvoir argumenter sur tout avec méthode et intelligence, à partir de bases solides.
Il faut donc travailler à partir d’un ou plusieurs ouvrages solides, ou des polys bien faits, bien structurés, complets (sans pouvoir être exhaustifs), des revues d’actualités ou une sélection de l’actualité faite pour vous.
Un conseil personnel : on ne peut tout ficher, mais des fiches synthétiques peuvent être utiles.
Chaque professeur, chaque enseignant, chaque membre de jury a son idée, sa recette.
Voici la mienne : faire un tableau dans lequel chaque grande notion de la matière, chaque liberté, chaque droit fondamental est décrypté sous divers angles. En voici la structure :
Notion | Définition | Sources textuelles en droit français | Sources textuelles en droit européen et/ou international | Jp importantes en droit français | Jp importantes en droit européen et/ou international | Actualités | Notions liées / autres libertés en cause |
---|---|---|---|---|---|---|---|
Qqs ex. | |||||||
La liberté d’aller et venir | |||||||
Le droit de propriété | |||||||
La garde à vue | |||||||
La QPC | |||||||
L’ordre public | |||||||
etc. |
Alors bien-sûr, ce tableau peut lui-même se prolonger indéfiniment, notamment quand on y ajoute des institutions, des juridictions ou des autorités administratives (ex. il peut par exemple être intéressant de faire un point par ex. sur la nouvelle Arcom).
Ce tableau a deux atouts : d’une part, en l’élaborant, le candidat apprend les bases et consolide ses connaissances (pour cette raison, il est fortement déconseillé de « récupérer » ce tableau déjà tout fait) ; d’autre part, dans les derniers jours avant l’épreuve, il est un instrument utile de révision.
Avoir des cours dédiés, dans lesquels les enseignants mettent l’accent sur les connaissances fondamentales mais aussi et surtout sur la méthode des différentes épreuves est un vrai plus, sinon une nécessité.
Reste l’ingrédient principal : il faut s’entraîner. Il est téméraire de se lancer dans une épreuve aussi particulière que le Grand Oral sans s’y être confronté avant… Le candidat bien préparé est celui qui ne passe pas l’épreuve pour la première fois, le jour J, le jour de la véritable épreuve. Passez des oraux blancs est un impératif.
Que faire pendant l’heure de préparation ? Quelles ressources documentaires utiliser ?
1 heure de préparation : c’est si long, mais aussi si court en même temps. Savoir employer cette heure à bon escient est évidemment essentiel. Voici 5 commandements à suivre pendant l’heure de préparation.
Le premier commandement : garder son sang-froid quel que soit le sujet. Qu’il semble facile en apparence, et il est nécessaire de ne pas se précipiter et de ne pas perdre de vue l’objectif : séduire intellectuellement par son raisonnement et non uniquement par ses connaissances, séduire par son analyse et non par une simple restitution de connaissances. Que le sujet semble difficile, et une intense concentration pendant l’heure de préparation constitue la seule issue salvatrice. Pour cela, lire, relire, relire le sujet quelle que soit sa nature. Même si le sujet n’est énoncé qu’en un mot ou une phrase, prendre le temps de définir les termes du sujet est un impératif. Que le sujet soit un commentaire de décision ou une consultation et le temps d’étude du sujet se prolonge mais le candidat ne peut pour autant faire l’économie de plusieurs lectures. Un contre-sens, un hors-sujet seraient une catastrophe.
Le deuxième commandement : recenser au vu du sujet les libertés et droits fondamentaux ainsi que les notions qui lui sont liées directement ou indirectement, explicitement ou implicitement. Vous devez immédiatement noter au brouillon ces éléments. Etablissez une liste, relisez-là à plusieurs reprises, ajouter ce qui vous semble pertinent, éliminer ce qui vous semble finalement trop éloigné du cœur du sujet. Il est ensuite nécessaire de problématiser le sujet. Demandez-vous : « Pourquoi le jury m’a donné ce sujet ? » ou encore « Quelle problématique spécifique ce sujet pose-t-il aux regards des droits et libertés fondamentaux ? »
Le troisième commandement : utiliser intelligemment les ressources en sa possession pour compléter la liste précédemment établie. C’est aussi un vaste sujet. Quelles ressources amener ? Comment les employer ? Pour rappel, chaque candidat arrive avec ses ressources. Le jour du Grand Oral, c’est le défilé des valises : chaque candidat apporte ses codes, ses recueils dans la limite des documents autorisés. Faut-il emporter tous les codes possibles et imaginables ? La réponse est évidemment négative : sélectionner les codes utiles, ceux que vous avez appris à manipuler au moins pendant la phase de révision. Assez mais point trop ! Pendant l’heure de préparation, il faut être sûr d’avoir les informations de base à disposition mais il ne faut pas avoir à les chercher parmi une tonne de ressources.
Voici une petite sélection personnelle et vous la trouverez peut-être trop succincte (choisissez des recueils et codes à jour) :
- H. Oberdorff, J. Robert, Libertés fondamentales et droits de l’homme – CRFPA, LGDJ ;
- D. Soldini, Les grands textes de libertés et droits fondamentaux – CRFPA, Dalloz ;
- Code civil et code de procédure civile, Dalloz ou LexisNexis ;
- Code pénal et code de procédure pénale, Dalloz ou LexisNexis ;
- Code de justice administrative, Dalloz ;
- Code constitutionnel et des droits fondamentaux, Dalloz ;
- Code électoral, Dalloz.
Le quatrième commandement : préparer un brouillon très structuré de l’exposé. Il doit être détaillé mais non rédigé (sauf exception, V. cinquième commandement). Il doit servir de guide pour le candidat (un fil d’Ariane pour lui), lui éviter de se perdre, lui éviter les blancs sans pour autant que le candidat ne lise et que cela nuise à son éloquence. Sur la forme, le brouillon doit être clair et l’écriture soignée, lisible en un coup d’œil. Comme le contenu va s’étaler sur plusieurs pages, celles-ci doivent être numérotées, bien ordonnées ; le candidat n’écrit qu’au recto pour éviter de devoir retourner ses feuilles devant le jury. Sur le fond, tout exposé repose sur un plan certain, bien présenté, élégant ; mais ce n’est pas tout, toutes les principales informations, comme les textes, les arrêts, etc. y sont clairement exposés en évidence pour que le candidat n’ait pas à faire jouer sa mémoire devant le jury.
Le cinquième commandement : assurer le début et la fin de la présentation. Les premiers moments de votre exposé comme les derniers vont marquer les esprits du jury. Aussi, voici un conseil qui vient en partie en contradiction avec le précédent. Il est toujours conseillé de rédiger complètement les premières phrases (l’introduction si c’est une dissertation, la fiche de jurisprudence si c’est un commentaire d’arrêt, le résumé des faits si c’est un cas pratique, etc.), mais aussi les dernières (la conclusion). Bien sûr qu’il faut éviter de les lire, mais cela offre une solution de secours en cas de stress au démarrage (le « blanc » dans les premiers instants donne une bien mauvaise impression) ou au moment de terminer l’exposé (la dernière impression du jury sur l’exposé).
Comment faire un bon exposé ?
A nouveau, les premiers et les derniers instants comptent : il ne faut pas oublier de saluer le jury en entrant dans la salle. Un « Bonjour, mesdames et messieurs les membres du jury ! » suffit (vous pouvez aller plus loin en les saluant au regard de leurs fonctions, mais ce n’est ni nécessaire, ni utile). Placez-vous à côté de la table et de la chaise et attendez que le jury vous offre la possibilité de vous asseoir (attention, dans certains IEJ, le candidat doit ou est autorisé à passer son Grand Oral debout, renseignez-vous !). Une fois assis, le jury vous demande de commencer et vous n’oublierez pas de lui rappeler votre sujet.
Pendant l’exposé, appuyez-vous sur vos notes pour réaliser votre exposé, mais sans lire, uniquement pour vous offrir des certitudes dans l’exposé du plan et lorsqu’il est nécessaire de citer vos sources, vos majeures. Lisez calmement, à voix haute et audible, donnez une impression d’assurance, ne faîtes pas d’effet de manche mais ne soyez pas atone, offrez des pauses au jury pour noter et analyser vos propos aux moments importants de votre exposé. Votre éloquence sera analysée. N’oubliez pas de contrôler la durée de l’exposé (soit grâce à une horloge, soit grâce à une montre posée sur la table). Délayez (un peu si vous êtes court), accélérez (sans exagération) si vous êtes long !
Sur le fond, votre exposé doit porter sur les libertés et droits fondamentaux et non devenir une épreuve de spécialité (surtout si avez tiré un sujet sur lequel vous avez beaucoup de connaissances). Votre exposé doit vous permettre de réaliser une argumentation, une démonstration (plus encore lorsqu’il s’agit de porter une thèse ou de réaliser un cas pratique). Le jury sera déçu qu’un candidat se contente de réciter quelques connaissances ou des éléments qu’il a trouvés dans les codes et les recueils pendant l’heure de préparation. C’est la raison pour laquelle il est essentiel d’avoir élaboré une problématique pendant l’heure de préparation.
Durant l’exposé, le style doit être soutenu ; l’oralité n’est pas un prétexte au manque de rigueur syntaxique et juridique. Encore, le candidat ne doit pas seulement être juste d’un point de vue théorique et académique. C’est la raison pour laquelle toute bonne argumentation repose également sur l’exemple. La démonstration doit être fondée sur l’autorité des textes et des sources, mais aussi sur la pertinence des illustrations utilisées, provenant idéalement de la jurisprudence ou de l’actualité.
Concluez clairement votre exposé et taisez-vous. Ne concluez pas votre intervention par un « Voilà ! » ou « Merci, j’ai terminé ! ». Votre silence après une dernière phrase énoncée à voix audible mais plus basse que le reste de l’exposé suffit à donner le signal au jury qu’il doit reprendre la main.
Comment assurer dans la phase de questions-réponses ?
Trop souvent, l’exposé fini, qu’il ait été réussi ou non, le candidat se relâche, se déconcentre, se perd. Pourtant, le Grand Oral est loin d’être fini, il reste 30 minutes, lesquelles sont consacrées à un entretien fondé sur l’interrogation du candidat.
Les questions peuvent porter sur l’exposé ou sur toutes autres parties du programme, autant dire du Droit. Il est difficile d’anticiper les questions qui vont être posées, même si parfois il est possible d’éveiller le questionnement du jury par des ouvertures lors de l’exposé ou dans la réponse aux questions (c’est l’idéal évidemment mais difficile…).
Il faut être capable de se mobiliser et de se remobiliser à chaque question. Que vous connaissiez ou non la réponse, prenez le temps de la réflexion avant de répondre. Trois à cinq secondes avant de prendre la parole peuvent être utiles. Cela donne de la solennité à la question et à la réponse, cela doit vous permettre de construire votre réponse, de trouver un exemple, de construire une argumentation.
A ce titre, la technique du syllogisme est un outil utile : la réponse idéale à une question posée par le jury voit le candidat raisonner, dans un premier temps, en s’appuyant sur une majeure, un texte, une source du droit se rattachant le plus souvent à une liberté, un droit fondamental. Dans un second temps, le candidat saura à nouveau se référer à des illustrations issues de la jurisprudence ou de l’actualité. Ce n’est donc que dans un troisième temps que la réponse à la question sera clairement exposée comme le fruit d’un raisonnement. Au surplus, des réponses construites et argumentées prennent un certain temps et évite de se retrouver sous le feu d’une mitraille de questions. L’entretien prend alors la forme d’une conversation plutôt que d’une interrogation, et c’est une nouvelle étape franchie vers la réussite
En toute hypothèse, une erreur importante doit être impérativement évitée : il ne faut jamais considérer le jury comme un ennemi, une opposition. Même lorsqu’il y a un débat avec le jury, même si l’un des membres du jury se présente comme un contradicteur, même s’il est peu amène ou peu sympathique, le candidat ne doit pas perdre son objectif de vue : séduire par son intelligence, sa rigueur, sa capacité de réflexion. Souvent, le jury qui fait remarquer au candidat qu’il a commis une erreur lui offre la possibilité de se justifier, de réfléchir à d’autres réponses ou solutions. S’obstiner sans explication est une autre erreur. Raisonner, argumenter, séduire. Le sang-froid se conserve pendant toute l’épreuve.
Une dernière chose à faire au terme de ces 45 minutes, lorsque le jury déclare que l’épreuve est terminée (il est parfois aider d’un chronomètre ou d’un « réveil »), le candidat doit l’accepter. Les seuls mots qui sortent de sa bouche sont « Merci, au revoir ! » ; il se lève, marche fier et digne vers la porte, qu’il ouvre et ferme (sans la claquer ni volontairement ni involontairement).
En conclusion, l’épreuve du Grand Oral est difficile mais c’est bien normal, c’est la dernière grande épreuve avant de devenir avocat ; les écoles du barreau ne reprocheront pas à votre serviteur, ce volontaire raccourci omettant les épreuves du CAPA (notamment au vu de leur moindre difficulté, y compris s’agissant de l’épreuve orale de déontologie).
Bien préparé, armé d’une confiance parfois innée, souvent acquise (notamment grâce à des entraînements sérieux), le candidat peut même réussir son Grand Oral en prenant du plaisir… après tout et après cela, il plaidera et cela sera une autre paire de manches !
Quelques mots sur la Prépa ISP :
La Prépa ISP, prépa aux concours juridiques, depuis 1984, a aidé plusieurs milliers de candidats à avoir le CRFPA.
Depuis 30 ans, c’est en moyenne 75% de nos élèves qui sont admis à l’examen du CRFPA. Notre formation, réalisable entièrement à distance, vous conduit étape par étape, de l’admissibilité à l’admission et grâce à un corps professoral composé d’universitaires et de professionnels, à la réussite de l’examen.
Par Jacob BERREBI,
Directeur de la Prépa CRFPA au sein de la Prépa ISP (www.prepa-isp.fr)
jacob.berrebi chez prepa-isp.fr