Une opportunité mais aussi un choix !
Marie Jourdain, avocate installée à son compte, avait pour principal client l’entreprise qui l’a recrutée, initialement en qualité de Responsable Juridique puis Secrétaire Général.
- Marie Jourdain, Secrétaire général de Renault Sport F1
« J’ai été le conseil de Renault Sport F1 pendant environ 3 ans et, à l’issue de cette période, je devais être en charge de la majorité de leurs dossiers juridiques et contractuels. L’entreprise traversait une période propice à la création de leur propre département juridique, mon implication était de plus en plus importante et c’était un projet d’entreprise qui m’intéressait beaucoup. Cela s’est fait assez naturellement. C’était une opportunité alliée à un choix ; en effet, je souhaitais continuer à avoir une proximité avec les opérationnels et, surtout, avoir la possibilité de contribuer directement à la stratégie d’entreprise.
Je souhaitais être en amont des dossiers, impliquée dans le quotidien de l’activité, influer sur des projets stratégiques ce qui n’est pas possible de la même façon en tant qu’avocat. En entreprise, le juriste a une vision transverse qui permet d’appréhender l’ensemble des enjeux, les tenants, les aboutissants et donc, ce faisant, d’avoir une vraie valeur ajoutée au niveau stratégique. »
- Géraldine Brun, Avocate associée de Diametis
Géraldine Brun a elle fait le choix inverse en créant un cabinet qui propose une offre de direction juridique externalisée aux entreprises.
« Je voulais allier les avantages de ces deux professions (expérience du terrain, esprit d’entreprise, secret professionnel, statut d’indépendant notamment) pour proposer une prestation juridique novatrice sur-mesure et ajustable, en phase avec les nouveaux besoins et attentes des clients (efficacité, souplesse, solution concrète et coût maîtrisés). C’était donc un choix mais aussi une opportunité puisque la conjoncture était particulièrement propice aux mutations des professions juridiques, aux prestations juridiques nouvelles en rupture avec le modèle classique des cabinets d’avocats et à l’externalisation des services supports de l’entreprise. »
Un changement conditionné par certaines qualités…
Pour les cabinets d’avocats, intégrer un directeur juridique ou un juriste senior présente l’avantage majeur de disposer d’un professionnel qui est à la fois expert juridique et opérationnel parce qu’il a exercé le droit tout en ayant une connaissance approfondie de l’entreprise et ses rouages.
Pourtant, comme l’explique Blandine Cordier-Palasse, consultante, « le nombre de directeurs juridiques qui deviennent avocat est à ce jour très marginal. L’intégration d’un directeur juridique en cabinet d’avocats international semble difficile mais des facteurs clés contribuent à sa réussite.
Il doit avoir une capacité à trouver une clientèle, à générer une activité propre indépendante apte à lui assurer un bon niveau d’activité. Il doit être entrepreneur et avoir l’esprit d’entreprise. Le métier d’avocat est un équilibre complexe mais qui doit être harmonieux entre des qualités qui peuvent paraître a priori contradictoires. Il doit à la fois avoir une dimension commerciale mais aussi une capacité à traiter lui-même les dossiers techniques tout en sachant déléguer et faire du leverage, à travailler seul et en équipe.
- Blandine Cordier-Palasse, Consultante
Il doit aussi apprendre à gérer un stress de nature différente. A la pression résultant des dossiers et de l’environnement hiérarchique et/ou organisationnel s’ajoute une pression supplémentaire liée à la prise de risque entrepreneurial. »
… pour devenir un véritable atout pour l’entreprise ou le cabinet.
« Le directeur juridique peut apporter une vraie valeur ajoutée au cabinet : il a en général une vision plus pragmatique et opérationnelle d’une entreprise. Il a une capacité à discerner ses problématiques, à formuler les bonnes questions, à accompagner les dirigeants dans la prise de décision. Son expérience peut donc être très propice au partage d’expériences au sein du cabinet et au bénéfice des clients que le cabinet conseille » poursuit Blandine Cordier-Palasse.
Du côté de l’entreprise, les avantages sont finalement un peu les mêmes puisque l’entreprise disposera en interne d’un conseil qui aura « une vision globale et beaucoup plus pratique, ce qui permet de trouver des solutions opérationnelles efficaces et adaptées à l’entreprise, mais également d’avoir une contribution réelle et significative dans la détermination et la mise en œuvre de la stratégie de l’entreprise », nous explique Marie Jourdain.