Nullité du contrat d’assurance : l’occultation des antécédents de résiliation pour non-paiement des primes.

Par Alexandre Thinon, Avocat.

1441 lectures 1re Parution: 3.39  /5

Ce que vous allez lire ici :

Un contrat d'assurance peut être annulé si les antécédents de résiliation pour non-paiement des primes sont occultés lors de la souscription. La Cour d'appel de Paris a décidé que cette dissimulation a une incidence sur l'évaluation du risque par l'assureur.
Description rédigée par l'IA du Village

Une compagnie d’assurances peut-elle prononcer la nullité d’un contrat d’assurance si son assuré ne lui a pas déclaré, au moment de la souscription du contrat, avoir déjà fait l’objet d’une résiliation antérieure pour non-paiement des primes ?

-

En droit des assurances, il est constant que le non-paiement des primes d’un contrat d’assurance peut entraîner sa résiliation à l’initiative de l’assureur.

Ce principe trouve son fondement en l’article L113-3 du Code des assurances.

Après une pareille résiliation, les prospects en quête d’un nouvel assureur peuvent être tentés de lui occulter cette information lors de la souscription du nouveau contrat.

Puisque les contrats doivent être négociés et exécutés de bonne foi [1], cette dissimulation d’informations n’est pas appréciée par les compagnies d’assurances qui souhaitent en tirer toutes les conséquences.

Le Code des assurances ne prévoit pas expressément de sanction envers l’assuré qui, au moment de la souscription d’un contrat d’assurance, ne déclare pas à son assureur avoir déjà fait l’objet d’une résiliation antérieure pour non-paiement des primes.

En effet, l’article L113-3 du Code des assurances se contente d’aborder le régime et les conditions de la nullité de manière générale, laissant le soin à la Jurisprudence d’en préciser les contours.

La Cour d’appel de Paris [2] a récemment été saisie du sujet, lui offrant ainsi l’opportunité de formuler une réponse détaillée à cette question.

Les juges ont eu à se pencher sur le bien-fondé d’un assureur à opposer la nullité du contrat à son assuré qui, au moment de la souscription du contrat, avait déclaré qu’au cours des trois dernières années, aucun de ses contrats d’assurance n’avait pas été résilié par son précédent assureur.

Or, il est aisé pour un assureur de vérifier cette information, que ce soit en se rapprochant directement de l’ancien assureur, ou en consultant la fiche Agira [3].

Reste à déterminer si cette fausse déclaration change l’objet du risque ou en diminue l’opinion pour l’assureur, lui permettant ainsi de prononcer la nullité du contrat sur le fondement de l’article L113-8 du Code des assurances.

Dans l’arrêt précité, l’assuré excipait de sa bonne foi en concluant que la fausse déclaration qui lui était imputée n’avait nullement modifié pour le nouvel assureur l’opinion du risque, s’agissant uniquement de primes impayées, ce qui aurait pu justifier tout autant une majoration de primes plutôt qu’un refus de contracter.

La cour d’appel n’a pas suivi ce raisonnement en considérant que :

« L’information selon laquelle le prospect a vu son précédent contrat résilié pour non-paiement de primes a une incidence sur l’opinion du risque et sur la souscription de l’entier contrat lui-même. Une compagnie d’assurance est en effet confrontée à un risque accru dès lors que le prospect ne réglait pas les primes d’assurance auprès de son précédent assureur. Elle encourt en effet un risque certain de ne pas voir ses propres primes honorées ».

Par conséquent, la compagnie d’assurances n’a pas eu à prendre en charge le sinistre de son assuré tout en conservant les primes acquises.

L’assuré a même été condamné à prendre en charge les honoraires d’expertise et d’enquête indûment exposés par la compagnie et a été condamné aux frais irrépétibles ainsi qu’aux entiers dépens de l’instance.

Par cet arrêt, la Cour d’appel de Paris réaffirme que le principe de bonne foi est le point d’orgue lors de la conclusion d’un contrat d’assurance, en n’hésitant pas à condamner lourdement l’assuré.

Il est donc nécessaire pour les assurés de répondre aux questions posées par l’assureur avec sincérité et attention.

Alexandre Thinon, Avocat
Barreau de Tours

Recommandez-vous cet article ?

Donnez une note de 1 à 5 à cet article :
L’avez-vous apprécié ?

18 votes

Notes de l'article:

[1Article 1104 du Code civil.

[2CA Paris, Ch. 8, 05/04/2023, RG n° 20/18160.

[3Le fichier des résiliations Automobile Agira rassemble des informations sur les contrats d’assurance automobile résiliés par l’assuré ou par l’assureur, quel que soit le motif de la résiliation.

"Ce que vous allez lire ici". La présentation de cet article et seulement celle-ci a été générée automatiquement par l'intelligence artificielle du Village de la Justice. Elle n'engage pas l'auteur et n'a vocation qu'à présenter les grandes lignes de l'article pour une meilleure appréhension de l'article par les lecteurs. Elle ne dispense pas d'une lecture complète.

A lire aussi :

Village de la justice et du Droit

Bienvenue sur le Village de la Justice.

Le 1er site de la communauté du droit: Avocats, juristes, fiscalistes, notaires, commissaires de Justice, magistrats, RH, paralegals, RH, étudiants... y trouvent services, informations, contacts et peuvent échanger et recruter. *

Aujourd'hui: 155 800 membres, 27093 articles, 127 135 messages sur les forums, 2 580 annonces d'emploi et stage... et 1 600 000 visites du site par mois en moyenne. *


FOCUS SUR...

• Faux pas à éviter, bons conseils à suivre : votre check-list pour rédiger une bonne offre d'emploi juridique.

• Votez pour le Prix de l'Article juridique de l'année !




LES HABITANTS

Membres

PROFESSIONNELS DU DROIT

Solutions

Formateurs