Idée reçue n°41 : "le Parquet Général, ça ne sert à rien !"
Dans l’extrait ci-dessous Alexandre Rossi, procureur de la République, propose un éclairage juste et pédagogique sur ce préjugé et lui attribue un pourcentage de vérité.
Son objectif ? Démêler le vrai du faux.
Au travers de 50 exemples d’idées reçues, Alexandre Rossi explique le ressenti de la société vis-à-vis de la Justice et y apporte un démenti argumenté lorsque cela s’avère nécessaire ou au contraire le justifie par des exemples lorsqu’il est réel.
Un des plus de ce livre : à la fin de chacune des idées traitées, l’auteur attribue un pourcentage de vérité. Et il est bien placé pour le faire, en effet par sa fonction de procureur de la République il est tout à la fois à l’intérieur des institutions judiciaires et en contact avec la société civile. Ainsi, il connaît bien le fonctionnement de la Justice (de ses travers comme de ses qualités) tout en ayant conscience des préjugés que porte la société française sur la Justice.
Un livre courageux car il porte un regard critique, mais salutaire, sur la Justice française et son fonctionnement. L’auteur ose dénoncer les travers de la Justice, ses faiblesses ou mettre en avant ses forces et ce, sans concession.
Un livre bien utile pour mieux comprendre certaines idées reçues, pour lutter contre les stéréotype et acculturer chacun de nous.
Entretien avec l’auteur et magistrat Alexandre Rossi.
Pourquoi pensez-vous que votre livre est nécessaire ?
Alexandre Rossi : « Issu d’une famille et d’un milieu amical de non-juristes, je suis très souvent « pris à partie » au sujet de faits divers et médiatiques par ces derniers. Je suis ainsi confronté à des clichés, approximations, et on me demande souvent mon avis. Parfois, on ne me croit pas et je peux mesurer l’inculture juridique de certains (d’ailleurs je l’explique aussi puisque la justice est complexe et communique peu). C’est la même chose quand j’écoute la radio ou regarde certains programmes télé en prime time, quand je parle avec des justiciables ou des partenaires.
La matière première de ces idées reçues était facile à trouver. Je voulais apporter, par mon analyse de magistrat depuis 15 ans, mes éclairages. Je le fais de façon objective, tenant la loi et la façon dont je la fais appliquer. Je suis très attaché à vulgariser notre action judiciaire : je le fais par des cours à la faculté, dans mes écrits, dans mes discours, par ces livres (mon premier était lié précisément à la fonction de procureur). D’ailleurs, la déontologie du magistrat nous impose d’être accessible et compréhensible ».
Quel point fort, s’il ne fallait en retenir qu’un, souhaitez-vous mettre en avant dans ce livre ?
« C’est qu’il faut se méfier de certaines idées reçues qui n’existent que pour discréditer la justice et notre droit, déstabiliser les juges et enfin refléter des opinions politiques et partisanes. C’est le cas quand on affirme, sans connaître et uniquement par le prisme des faits divers, que la justice est laxiste. J’explique, exemples et chiffres à l’appui, que tout indique le contraire notamment en raison du nombre de détenus en France ; que le juge ne fait qu’appliquer la loi et les peines prévues ; que la justice, à mon sens, ne doit être ni sévère ni laxiste mais juste et prendre en compte les faits et la personnalité ».
A qui le destinez-vous ?
« A tous. Aux citoyens désireux de dépasser leurs clichés, sachant que j’en profite aussi pour donner des précisions sur certaines procédures, réalités professionnelles.
Aux étudiants en droit qui aspirent à être magistrats, policiers, gendarmes, qui seront très vite interpellés sur leur lenteur, déconnexion, laxisme, entre soi, complexité, froideur, ….
Aux professionnels qui pourront aussi s‘y retrouver ».
Sur quoi vous êtes-vous basé pour faire les pourcentages de véracité de chaque idée reçue ?
« J’explique que certaines idées reçues sont vraies comme la lenteur de la justice mais je profite pour l’expliquer (% fort). Certaines sont totalement fausses, notamment en lien avec « l’américanisation » de notre justice (% faible).
Enfin, j’essaie d’apporter certaines nuances (autre %). J’y mêle l’état de notre droit, mon regard de professionnels et j’ai pris beaucoup d’exemples ».
Pouvez-vous en quelques mots nous indiquer votre parcours ?
« Natif de Marseille, âgé de 42 ans et fils de marin-pompier et d’assistante dentaire, je suis magistrat de l’ordre judiciaire depuis une quinzaine d’années, plus précisément magistrat du parquet.
J’ai eu le concours de la magistrature après un parcours étudiant des plus classiques : bac scientifique à 18 ans ; 5 ans de droit et entrée à l’ENM à 24 ans.
J’ai commencé comme substitut du procureur à Aurillac, puis le Le Puy en Velay, Tarascon. J’ai été nommé vice procureur à Nîmes en 2015 ; substitut général à la cour d’appel de Nîmes en 2020 et j’ai la chance de diriger le parquet de Cahors depuis janvier 2022 en tant que procureur de la République. J’ai effectué tous les sous-métiers du parquet et j’ai pu aussi être correcteur de plusieurs concours (officier de police, commissaire, magistrat) et enseignant à la faculté de droit (Nîmes) ».
Informations techniques :
Titre : 50 idées reçues sur la Justice ;
Auteur : Alexandre Rossi ;
Editeur : Ernick.B.Edition ;
ISBN : 2383130842 ;
Parution : 10/11/2022
Nombre de pages : 180
Prix : 16,90 euros.