Il ressort en effet de cette journée que dans le contexte actuel de digitalisation, le besoin d’avoir recours à des outils numériques et d’intelligence artificielle se fait sentir pour de nombreux professionnels du droit tels que les directions juridiques, les cabinets d’avocats, les notaires, etc.
Lionel Schwritz est membre de Legal Suite. Cette société en pleine expansion (+120% de CA entre 2011 et 2018) est un éditeur pour directions juridiques, possédant 600 clients et plus de 50 000 utilisateurs. Il explique que la société range ses clients en 5 classes en fonction de leur maturité et de leur niveau d’utilisation de l’intelligence artificielle. Ce classement va de la catégorie dite « Degré 0 » - c’est à dire que les clients n’ont pas d’outil numérique, utilisent du papier et possèdent peu de standards - à la catégorie « World class ». Cette-dernière signifie que le client travaille avec l’intelligence artificielle, tels que des chatbots, des outils d’analyse des contrats intelligents, etc. Les chatbots sont des agents conversationnels qui permettent d’échanger avec un internaute, et notamment de répondre à ses interrogations juridiques sans l’intervention d’un professionnel.
Il est intéressant de se pencher sur le cas des « world class » qui utilisent des outils qui présentent un réel intérêt pour les cabinets et directions juridiques, à savoir le chatbot juridique et le générateur de contrats. En effet, les directions juridiques sont souvent sollicitées par leurs clients pour des questions à faible valeur ajoutée. Le chatbot est alors un conseil juridique et une interface avec une solution de gestion des dossiers juridiques des clients. Ainsi, il permet aux directions juridiques de se décharger des questions les plus fréquentes en proposant un chatbot intégré au module de conseil de Legal Suite. Celui-ci améliore les délais de traitement et harmonise les réponses aux clients.
Les directions juridiques sont également souvent sollicitées sur des contrats répétitifs. Pour se soulager de ces tâches répétitives et permettre une meilleure autonomie des opérationnels, les directions juridiques utilisent des générateurs de contrats. Cet outil fréquemment utilisé permet de sécuriser les contrats et va incontestablement augmenter l’efficacité des directions et départements juridiques des entreprises.
Comme chez les juristes d’entreprise, l’automatisation des documents et des process devient une problématique de plus en plus importante au sein des cabinets d’avocats. Il s’agit pour eux non seulement d’optimiser leur organisation mais également de pouvoir s’adapter aux besoins de leurs clients qui se digitalisent et attendent de leurs avocats d’être capable de les accompagner.
Maître Nathalie Attias, avocate en droit social au barreau de Paris et Présidente d’ACE-Paris, était présente au Village de la Legaltech. Pour elle, les outils numériques doivent permettre aux avocats de ne plus avoir à faire les petites tâches très chronophages pour pouvoir se recentrer sur la réflexion au profit du client qui est le cœur du métier. L’une des solutions est alors d’automatiser et de modéliser des actes et des process. Une machine est en effet capable de lire plus d’un million de décisions de justice quand un avocat en lit environ 4 de manière approfondie en une heure.
Les notaires ne sont pas en reste. Maître Elisabeth Ashworth, avocate fiscaliste chez CMS Francis Lefebvre Avocats, a présenté au cours d’une conférence relative aux enjeux et facteurs clés de l’automatisation de l’expertise juridique, l’algorithme iiara créé avec son équipe à destination des notaires. Il s’agit d’une plate-forme d’audit et de rédaction d’actes permettant aux notaires de bénéficier de l’expertise des avocats du cabinet en termes de clauses fiscales et ainsi s’assurer de la pertinence et de la fiabilité de celles-ci. Le cabinet a par ailleurs développé une seconde version de l’algorithme dans laquelle le client est autonome. Iiara lui fournit alors une réponse si la question ne pose pas de problème particulier ou rend un petit rapport d’audit concernant les clauses plus complexes. L’idée pour le cabinet est, là encore, de se concentrer sur les missions à forte valeur ajoutée.
Les outils numériques peuvent être développés « sur-mesure » par les professionnels du droit eux-mêmes à supposer qu’ils en aient les compétences ou proposés par la multitude de legaltech florissant sur le marché depuis quelques années. Bien que ces solutions dites « sur étagère » ont pour inconvénient de ne pas toujours correspondre parfaitement à l’usage personnel du professionnel, il s’agit tout de même d’une économie de temps et d’argent.
Nous retiendrons de notre visite à cette 4ème édition du Village de la Legaltech qu’est désormais proposée une multitude d’outils numériques et d’intelligence artificielle à laquelle il est aujourd’hui impératif de s’intéresser.