Quel est le projet de la Clinique juridique de La Sorbonne ?
Eliz Erol : « Notre projet est d’institutionnaliser cette solution d’accès au droit au sein des universités françaises.
Cependant, leurs seuls financements proviennent des cotisations adhérentes. Aujourd’hui, une mise en œuvre efficace des permanences et des rendez-vous avec les requérants nécessite un local permanent, dans lequel l’association pourrait les recevoir ».
Qu’est-ce que cette structure représente pour les étudiants ?
Victor Colombani : "Lorsque nous avons eu l’idée de mettre en place une clinique du droit à Paris 1, nous partions de deux constats.
« Premièrement, notre cursus universitaire ne nous permet qu’imparfaitement de découvrir ce qu’est le droit en pratique. Les contenus de nos cours et travaux dirigés sont bien évidemment essentiels à notre formation de futurs juristes, mais aucun apprentissage ne nous invite à mettre nos connaissances juridiques en application avant notre formation professionnelle.
Pourtant, allier théorie et pratique semble présenter de nombreux avantages. Cela permet d’abord de consolider nos connaissances, puisque nous saisissons immédiatement leur intérêt en les appliquant à des cas réels. C’est aussi un aperçu de ce que sont les professions du droit et le conseil juridique ; autant d’éléments essentiels pour connaître le fonctionnement et les enjeux de nos futurs métiers.
Notre première motivation pour construire cette clinique juridique était donc d’ordre pédagogique : nous voulions créer un outil permettant de renforcer et de diversifier notre apprentissage du droit.
Corrélativement, arrivés à un certain niveau de leur cursus, de nombreux étudiants en droit désirent mettre leurs connaissances juridiques au service d’autrui, afin de se rendre utiles à la société.
Puisque nous sommes étudiants, que notre formation est incomplète et que nous n’avons prêté aucun serment, il serait inenvisageable de rémunérer nos activités d’accompagnement juridique. Mais nous avons une opportunité d’autant plus noble qu’elle est bénévole : celle d’amener le droit à ceux qui n’y auraient sinon pas accès.
C’est donc aussi une volonté d’engagement solidaire qui a motivé la création de notre clinique juridique ».
Dix ans après sa création, quel bilan peut-il être fait de l’activité de la clinique ?
Yassine Sellami : « Près de 10 ans après sa création, la Clinique juridique de la Sorbonne s’est progressivement ancrée dans le paysage associatif de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Réunissant plus de 600 adhérents, son panel d’expertise s’est élargi : elle est aujourd’hui composée de onze pôles spécialisés [2].
En plus de son service en ligne, des permanences juridiques sont organisées chaque semaine à la mairie du Vᵉ arrondissement pour accueillir des requérants.
Avec plus de 200 cas traités chaque année, elle est aujourd’hui la clinique juridique la plus importante de France.
La CJS a également développé la dimension scientifique de son activité, avec une organisation quasi hebdomadaire de conférences sur des questions nouvelles de différentes branches du droit (ex. La prise en compte de l’orientation sexuelle dans l’octroi du droit d’asile, les défis posés par la numérisation des relations de travail, etc.)
Tout en poursuivant et en développant ces activités, l’objectif à venir sera d’innover et de multiplier les nouvelles initiatives, toujours dans l’optique de démocratiser un accès simple et gratuit au droit pour tous, et de professionnaliser les étudiants en droit ».
Lien utile : Clinique Juridique de la Sorbonne