Avant toute chose, connaissez-vous le monde VUCA ?
Le monde VUCA est celui dans lequel vous exercez au quotidien, c’est le monde du business aujourd’hui, celui dans lequel nous évoluons tous et auquel l’avocat n’échappe évidemment pas. Ce nouvel acronyme du langage professionnel, formé des 4 initiales des mots anglais Volatility - Uncertainty - Complexity - Ambiguity, désigne l’environnement actuel qui est de de plus en plus complexe, volatile, incertain et ambigu.
En ce début de XXIème siècle, dans cet environnement VUCA, on assiste inexorablement à une révolution sociétale, sans doute même anthropologique, le rythme de la société s’accélère chaque jour de plus en plus, la transformation numérique de la société est en marche : digitalisation, hyper connexion, fonctionnement en réseau, information en temps réel, intelligence artificielle, désintermédiation, réintermédiation, notation, toutes ces notions résonnent en vous et font partie de votre nouveau vocabulaire.
Face à cette espèce de ronde sans fin qui peut donner le vertige, la clé, Charles Darwin nous la donnait déjà il y a 200 ans : "Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s’adaptent le mieux aux changements". Une des conséquences de ces évolutions est la nécessité vitale pour toute organisation de réussir ses transformations, d’acquérir une forme d’agilité qui la rende apte au changement qu’elle va devoir vivre et qu’elle ne connaît pas encore.
Votre profession d’avocat, comme beaucoup d’autres, est aujourd’hui en plein bouleversement, on peut penser qu’elle est à un tournant de sa longue histoire et dans ces conditions, votre préoccupation professionnelle est d’abord de s’orienter vers une conduite du changement et de réussir les transformations qui s’imposent pour la rendre incontournable, attractive et pérenne.
Mais comment solliciter et développer l’usage ou plutôt “la consommation” de prestations juridiques ?
Il est important que vous puissiez répondre à cette question critique dans ce nouveau monde, où les projets, les priorités et stratégies changent rapidement afin de tenter de vous adapter à la volatilité des situations, sachant que la visibilité se réduit chaque jour un peu plus et qu’au-delà du court terme règne l’incertitude et l’inconnu.
Aujourd’hui, près de 80 % des besoins juridiques ne sont pas couverts et près des deux tiers de votre activité est représentée par le conseil, versus le tout judiciaire il y a encore 20 ans ; votre profession évolue très rapidement et les legaltech et quelques start-up ont déjà commencé à ubériser le droit.
Ubériser a rejoint le dictionnaire en 2017 et dans le Larousse, sa définition est la remise en cause du modèle économique d’une entreprise ou d’un secteur d’activité par l’arrivée d’un nouvel acteur proposant les mêmes services à des prix moindres, effectués par des indépendants plutôt que des salariés, le plus souvent via des plateformes de réservation sur Internet.
Il est de votre devoir aujourd’hui de réagir, de construire votre attractivité et votre modèle de rentabilité, d’anticiper pour ne pas vous faire ubériser à votre tour par de nouveaux entrants ou d’autres professions connexes. Car, oui, l’avocat fait partie du monde business aujourd’hui, oui, le changement est souvent plus que salutaire, et enfin oui, l’avocat a toutes les cartes en main pour transformer son activité.
Votre profession réglementée caractérisée par une déontologie forte, une discipline exigeante et une compétence garantie, est gage de garantie de qualité. En d’autres termes, vous bénéficiez d’une marque "avocats" forte et porteuse, bourrée d’atouts pour n’en citer que quelques-uns : la noblesse de votre mission, le dynamisme incroyable de votre jeunesse, la croissance forte de vos effectifs de 3% en moyenne par an et la parité exemplaire (55% de femmes) qui ferait pâlir d’autres secteurs...
Forts de ces nombreux avantages, vous pouvez imaginer de nouveaux modèles, utiliser de nouvelles méthodes d’organisation du travail déjà éprouvés dans d’autres univers, innover en observant ce qui se fait ailleurs. Soyez conscients que vous pouvez changer la donne et que le vivier de non-consommateurs du droit, votre marché en fin de compte, est très important.
De nouveaux clients sont prêts à vous suivre si vous les écoutez et si vous vous répondez à leurs principales attentes de consommateurs :
simplicité d’accès : votre disponibilité et votre proximité physique,
réactivité : votre capacité à répondre vite et précisément aux sollicitations,
simplicité de fonctionnement : vos modes de collaboration et méthodes de travail,
lisibilité de vos prix : la clarté et la transparence de votre offre de services et de vos honoraires.
Quelles sont les applications très concrètes possibles à court/moyen terme dans votre activité ?
Bien sûr votre mission est avant tout de conseiller et de défendre un client (qu’il soit B2C un particulier, ou B2B, une association ou une entreprise) devant la justice, mais il ne tient qu’à vous de vous adapter et de mettre en place une nouvelle stratégie métier pour orienter vos choix tactiques avec plus d’agilité, de rapidité et d’efficacité.
Albert Einstein écrivait : “ La folie, c’est se comporter de la même manière et s’attendre à un résultat différent”. Alors qu’attendez-vous pour faire différemment et vous référer à des disciplines empruntées au monde de l’entreprise comme le management, le marketing, le développement commercial ou la formation ?
Ces différentes spécialités sont éprouvées quotidiennement depuis des décennies dans le monde économique et vous permettent de dessiner des actions très concrètes à court et moyen terme pour votre activité, comme par exemple :
élargir vos compétences : savoir pitcher, savoir prendre la parole en public, créer son identité numérique, développer sa marque personnelle, mettre en place une nouvelle proposition de valeur...
utiliser l’innovation technologique : mettre en ligne un site web ou un extranet, faire appel aux chatbots, smart contracts et formulaires intelligents, utiliser la blockchain, tous ces concepts ne doivent plus vous être étrangers, vous devez vous les approprier et les éprouver dans votre activité,
optimiser vos méthodes de travail et modes de management : (mode participatif / mode projet / travail en équipe) et développer l’idée de partage de votre savoir (knowledge management),
vous former en continu tout au long de votre carrière (savoir-faire et savoir-être),
renforcer votre éthique : parité, diversité, égalité, mobilité doivent continuer d’enrichir votre vocabulaire et votre pratique quotidienne…
Le changement, c’est maintenant...
Le garde des Sceaux souligne que "la transformation numérique est le cœur du réacteur. Sans celle-ci, il n’y aura pas de transformation de la justice". Cette transformation numérique est évidemment très importante et déjà en cours, mais celle de votre profession toute entière est un enjeu encore plus fondamental.
Comme pour la démocratisation du transport aérien qui a apporté une croissance du marché avec l’arrivée des nouveaux entrants low cost, on peut penser qu’il en sera de même pour la démocratisation du matériau juridique, plus l’accès à l’avocat sera mis en évidence et simplifié, plus le besoin de droit se développera.
Profitez de ce momentum et de cette aubaine, entourez-vous, faites-vous accompagner et conseiller dans cette conduite du changement pour être véritablement innovant et différenciant. Alors qu’attendez-vous pour être acteur de la transformation de votre profession ?