Enquête de l'OMPL : trois scenarii d'évolution des cabinets d'avocats.

Enquête de l’OMPL : trois scenarii d’évolution des cabinets d’avocats.

Marie,
Rédaction du Village de la Justice.

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Explorer : # emploi formation # Évolution professionnelle # transformation numérique # gestion des compétences

L’observatoire des métiers dans les professions libérales (OMPL) [1] vient de publier les résultats de son enquête prospective sur l’évolution des cabinets d’avocats, dans le cadre de son rapport annuel.
Cette étude a été effectuée à la demande de la Commission paritaire nationale pour l’emploi et la formation professionnelle des cabinets d’avocats (CPNEFP). Elle a pour objectif de faire un état des lieux de ces entreprises spécifiques et de leur évolution possible.
Le Village de la Justice vous présente ici quelques éléments essentiels de cette étude riche d’enseignements pour l’ensemble des professionnels oeuvrant au sein des cabinets d’avocats.

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L’étude, principalement axée sur le champ emploi-formation, a pour finalité d’apporter des éléments d’observation, d’analyse et de prospective. Ces éléments permettront à la branche "cabinet d’avocats" et à ses acteurs d’élaborer une politique emploi-formation.
Cette étude est bénéfique aux avocats car elle leur apportent un regard extérieur sur l’évolution collective des entreprises, des emplois et des compétences.
Ce dossier est utile à l’ensemble des salariés du cabinet car il leur permet de mieux appréhender leurs évolutions et mobilités professionnelles.

I. Etat des lieux des cabinets d’avocats :

Un des grands enseignements de cette étude est que l’activité d’avocat renforce son basculement de l’exercice « libéral » et solo vers celui « d’entreprise ».
Le nombre de cabinets d’avocats s’élève à 27.000 (16.000 cabinet d’avocats sans salarié et 11.000 avec des salariés).
Pour les cabinets employeurs la composition se fait ainsi :

Répartition des salariés selon la taille des entreprises (source : Actalians/ Enquête OMPL)

Sur la période 2007-2012 (dernières données disponibles), en termes de poids démographique et d’évolution, l’analyse par strate montre un retrait des cabinets de trois à 50 salariés. À l’inverse, les cabinets d’un et deux salariés représentent 27 % des effectifs 2012 contre 24 % en 2007.

Actuellement, le nombre d’actifs composant le secteur des cabinets d’avocats est estimé à environ 100.000 personnes [2], dont 60 % d’avocats. Soit une moyenne de 1,58 avocat pour un salarié non-avocat.

La répartition des actifs est présentée dans le tableau ci-après :

Répartition des actifs dans le secteur des cabinets d’avocats (source : étude OMPL - Cabinet d’avocats).

A. Enseignements relatifs aux avocats :

La France compte 60.223 avocats avec une moyenne de 90 avocats pour 100.000 habitants [3].
La profession d’avocat reste jeune : la tranche des 30-49 ans regroupe plus de 60 % des avocats en exercice, pour un âge moyen de 43,3 ans dans une profession où la durée des études s’allonge.
1er enseignement : la profession d’avocat poursuit sa féminisation : aujourd’hui, plus d’un avocat sur deux est une femme (54 %) toutes générations confondues.

Pyramide des âges par genre (source : caisse de retraite, traitement DGCIS-P3E, 2010)

2ème enseignement : il existe une hétérogénéité des revenus. L’écart de revenus entre avocats précaires et avocats associés de grands cabinets se creuse de plus en plus.
3ème enseignement : depuis une dizaine d’année, on constate une baisse de 14 % des mentions de spécialisation. Celle-ci n’empêche pas le développement de dominantes au niveau des cabinets et des avocats.
4ème enseignement : le statut d’avocat salarié se marginalise au profit du statut de l’avocat associé ou de celui de l’avocat collaborateur. Entre 2000 et 2013, ces deux statuts spécifiques de l’avocat ont connu une hausse de respectivement de 69% et de 80%.

B. Enseignements relatifs aux actifs non-avocats :

Les actifs non-avocats sont les juristes, les secrétaires, les documentalistes, les knowledge manager, les techniciens et cadres comptables, informatiques, ressources humaines, communication.... Plus la taille du cabinet sera importante, plus grande sera la diversité des métiers en son sein.
Ces actifs non-avocats ont pour la grande majorité un CDI et la part des femmes y est très importante, à hauteur de 89% des postes (majoritairement non cadre).

1er enseignement : Il ressort de cette étude que les cabinets d’avocats prennent soin de bien former leurs salariés et plus particulièrement les nouveaux arrivants. Les actifs non-avocats bénéficient de plus en plus de formations continues, avec une forte progression des stages courts. Aussi entre 2006 et 2014, le nombre de stagiaires de la formation continue a été multiplié par deux.
Ces formations sont principalement des formations diplômantes ou certifiantes.

2ème enseignement : les salariés des cabinets d’avocats perçoivent leur qualité de vie au travail (QVT) comme bonne. Notamment grâce aux relations positives qu’ils entretiennent avec les clients du cabinet.
Cependant, cette QTV doit être améliorée concernant les points suivants :
- manque de visibilité relative à l’évolution professionnelle ou hiérarchique,
- coexistence d’ordre et de contrordres,
- fortes pressions du travail,
- manque de prévisibilité du travail.

3ème enseignement : le nombre d’emplois salariés reste stable, même si l’on constate que le ratio moyen secrétaires/avocats est orienté à la baisse. Et du fait de l’usage des technologies de l’information et de la communication (TIC), les avocats semblent s’orienter vers toujours plus d’autonomie.

II. Quelle évolution possible pour les cabinets d’avocats ?

L’OMPL présente 3 senarii d’évolution possible.

Les principales composantes qui détermineront l’évolution des cabinets d’avocats sont le niveau d’activité et la répartition du travail entre avocats et non-avocats en termes qualitatif et quantitatif.
Les facteurs de rupture déterminant l’essentiel de l’évolution des composantes ci-dessus sont : la suppression de la territorialité de la postulation, la banalisation de la prestation, la structuration d’un processus de production, l’accentuation de la concurrence externe, le retrait des monopoles d’exercice relatifs à chacune des professions du droit, la mobilisation des nouvelles possibilités de communication, l’ouverture du capital, et les nouveaux équilibres de vie.

A partir de là, 3 évolutions sont possibles :
-  Le scénario A « Atone » : les cabinets adopteraient une position défensive centrée sur l’autonomisation des avocats, c’est-à-dire en renforçant leur capacité à produire la prestation juridique et la gestion du cabinet sans l’appui de personnel, de secrétaire, d’assistant.
-  Le scénario B « Baisse » : les avocats entreraient dans un cercle lui-même négatif de guerre des prix, de baisse des chiffres d’affaires, de diminution des effectifs, les uns les autres se renforçant dans leur effet négatif sur l’emploi.
-  Le scénario C « Croissance » : plus favorable pour l’emploi, ce scénario est construit sur une hypothèse positive de fin de crise. Dans un contexte d’augmentation générale de l’activité et du chiffre d’affaires, les avocats et les cabinets partiraient à la conquête de nouveaux clients, de nouveaux marchés et de nouvelles organisations du travail. Pour faire cela, ils auront besoin de déléguer de l’activité et de renforcer les compétences du cabinet. Ce scénario s’appuie sur une branche entreprenante pour l’emploi et l’activité qui accompagne ces changements.

La formation continue : une aide pour l’évolution du cabinet d’avocats.

Il est possible que pour évoluer, le secteur cabinet d’avocats n’aura pas le choix du scénario et intègrera un peu de chaque.

En conclusion...

Les cabinets d’avocats qu’ils comportent ou non des salariés sont de véritables entreprises. Entreprises dont le fonctionnement a été fortement et durablement transformé par l’arrivée tardive, mais massive des technologies de l’information et de la communication (TIC). Entreprises dont le fonctionnement est grandement impacté par la crise que traverse la France et le bouleversement engendré par l’arrivée sur internet d’une nouvelle façon de consommer et proposer le droit.
Mais ces structures, aussi hétérogènes soient-elles, ont conscience de leurs compétences et valeur ajoutée. Aussi font-elles de plus en plus preuve d’imagination et d’innovation pour se développer différemment, c’est bien ce que l’on peut constater à la lecture de l’actualité des avocats sur le Village et ailleurs...

Liens vers les dossiers complets de l’enquête réalisée par l’OMPL sur les cabinets d’avocats :
- l’étude statistique,
- l’étude prospective.

Marie,
Rédaction du Village de la Justice.

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Notes de l'article:

[1L’OMPL est une association créée le 28 février 2005. Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site de l’OMPL.

[2Ce chiffre est à manipuler avec précaution, du fait de l’ancienneté des données et en raison d’outils de mesure différents pour les salariés et les non-salariés. Cependant, il est intéressant de disposer d’une estimation du nombre global d’actifs.

[3L’écart va de 30 avocats pour 100.000 habitants en Franche- Comté et Picardie à 233 pour l’Île-de-France.

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