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La crise, une opportunité ?

MessagePosté: Mar 03 Fév 2009 10:11
de Maire du Village
Bonjour à tous,
Suite à une discussion lors du dernier Café juridique à Paris - où l'on a parlé notamment d'emploi et de carrière (Pour participer aux prochains cafés, suivez la rubrique : http://www.village-justice.com/forum/viewforum.php?f=16 ), je vous propose ce sujet.
Si quelques recruteurs ou juristes en phase de "réflexion" sur leur carrière pouvaient témoigner, je pense que ce serait utile...


Naturellement, en période de crise, il est commun de dire que le recrutement souffre énormément.
Et c'est le cas aujourd'hui.

De toute évidence, le nombre d'offres d'emploi pour les juristes salariés a chuté (-30% environ dans le monde du droit - La situation est plus contrastée pour les avocats).
Il semble aussi que nombre de recrutements aient été gelés - retardés - en novembre / décembre 2008.
Beaucoup de cabinets de recrutement ont senti le vent de la crise sur leurs épaules.

Mais...

Mais au final, une crise n'est-elle pas une situation paradoxale pour les candidats ?

Certes il y a peu d'offres, mais il y a aussi très peu de candidats prêts à quitter leur "confortable" nid en CDI pour risquer une période d'essai plus incertaine, alors que l'on ignore quelles seront les entreprises encore en forme en fin d'année.

N'est-ce pas une chance pour ceux qui ont un peu d'expérience, de "booster" leur carrière en prenant des risques et en sautant quelques marches obligatoires habituellement ?

N'est-ce pas une chance pour ceux qui ont moins d'expérience, d'accéder à des postes habituellement plutôt destinés aux "1 à 3 ans d'expérience" ?

Qu'en pensez vous ?
Certains ont ils constaté cela ?
Certains ont-ils pris ce risque ?

MessagePosté: Mar 03 Fév 2009 11:06
de Hervé
A titre personnel, j'ai plutôt le sentiment que ce genre de situation profite à ceux qui, effectivement, ont le goût du risque mais aussi et surtout qui sont déjà en poste et correctement informés ou sollicités. Mais sinon, je pense que les débutants sans expérience ne se verront pas les portes plus s'ouvrir pour les accueillir.

Pour avoir vu la situation en 2001 avec l'éclatement de la bulle internet qui avait eu des effets comparables à défaut d'être identiques, je pense que les juristes qui pourront tirer leur épingle du jeu, parfois avec un véritable accélérateur, sont ceux qui sont déjà en poste avec une expérience dans une fourchette large de 3 à 10 ans. Cette expérience correspond à la tranche d'âge favorite des recruteurs en général et à une pratique qui permet soit de monter en responsabilité soit de prendre une direction juridique.

Mais pour les plus expérimentés (pour une raison de coût) ou pour les débutants (pour une raison d'expérience qui finalement n'est que le serpent qui se mord la queue et qui est aussi liée à une perception du coût), je crains que cette période ne soit douloureuse et difficile à passer...

MessagePosté: Mar 03 Fév 2009 12:12
de zerocool
Allez je prends la main sur ce sujet passionnant.
Faisant partie de la tranche juriste 3-10 ans d'expérience mentionnée par Hervé, j'apporte mon précieux témoignage.

Actuellement en poste, je suis toutefois en recherche active, le sujet me colle donc à la peau. Etant en CDD renouvelé de mois en mois, ce n'est pas tant par gout du risque que par envie de stabilité que je recherche un emploi actuellement.

Je me focalise sur les CDI en région parisienne avec le projet connexe d'emménager sur la région pour plus de facilité.
Je vois la crise actuelle comme le bon moment pour changer de travail, monter en responsabilité et en rémunération et s'installer géographiquement pour ainsi profiter des prix légèrement diminués sur l'immobilier.

Bref pour en revenir au recrutement, je ne sens pas trop de différence, les recruteurs sont toujours présents, les entretiens sont au RDV, contacts divers avec les cabinets de recrutements qui n'hésitent pas à entrer en relation via le réseau professionnel.

A ce sujet, je tiens à dire que c'est une belle mécanique. Le réseau est un très bel outil pour décrocher des postes en candidatures spontanées. Cela à fonctionné une fois pour moi et d'après ce que j'ai comme retours cela pourrait encore fonctionner.

Donc tout roule pour l'instant, surement du changement positif cette année.

Je vous tiendrai au jus!!

:wink:

MessagePosté: Mar 03 Fév 2009 15:38
de fabien
je constate que l'on voit souvent les mêmes annonces revenir

Je constate aussi que le degrès d'exigence des recruteurs est le même et les process de recrutement n'ont pas changé, en revanche il n'y a plus aucune annonce de recrutement de débutant aucune annonce de CDD or c'ets souvent comme ça que l'on se lance dans la vie active.

Cependant, ce qui nous sauve en tant que juriste c'est que nous sommes les symboles d'un contrôle et d'un moyen pour l'entreprise de rationaliser les risques, ça prouve que les entreprises souhaitent s'encadrer de juriste mais bien entendu ente l'expression de besoin et l'appel d'offre il y a un barrage très lourd qui est celui de la direction financière :wink:

Courage pour tous ceux qui sont en recherche active

Re: La crise, une opportunité ?

MessagePosté: Mar 03 Fév 2009 19:01
de goat
Maire du Village a écrit :N'est-ce pas une chance pour ceux qui ont un peu d'expérience, de "booster" leur carrière en prenant des risques et en sautant quelques marches obligatoires habituellement ?

N'est-ce pas une chance pour ceux qui ont moins d'expérience, d'accéder à des postes habituellement plutôt destinés aux "1 à 3 ans d'expérience" ?


Pas du tout d'accord.

Comme vous l'aviez vous meme indique, nombre de recrutements ont ete geles et s'il y a des recrutements, c'est surtout pour des personnes experimentes, car directement operationnels et donc immediatement "rentables". Car former les juniors a un cout, et en cette periode de crise, personne ne veut assumer ce cout avec ses propres deniers!

Il suffit de jeter un simple coup d'oeil aux annonces - ils recherchent des personnes experimentes, souvent avec plus de 5 annees d'experience. Aucune annonce de recrutement pour les juniors, alors qu'il y a beaucoup de demandeurs d'emploi. Il serait utopique de croire que la crise changerait tout et qu'un junior pourrait pretendre a un poste exigeant 5-10 ans d'experience. On me dira qu'il y a encore des stages qui sont proposes, mais tout le monde sait que la plupart des stages ne debouchent pas sur un veritable emploi stable (surtout en cette periode de crise) et je vois mal un junior avec un peu d'experience postuler pour un stage.

Votre message fait reference aux personnes qui ne veulent pas quitter leur "confortable" nid en CDI, mais vous faites l'impasse sur les personnes qui ont ete "remercies" et qui sont donc a la recherche d'un emploi. Il faut savoir qu'avec toutes les entreprises qui licencient (les juristes ne sont pas epargnes, helas) et tous les cabinets d'avocats qui licencient leurs avocats (y compris dans les plus gros cabinets, comme Clifford Chance et compagnie), il y a beaucoup de juristes et d'avocats experiementes actuellement a la recherche d'un emploi, beaucoup n'hesitant pas a se reconvertir pour ne pas rester au chomage.

Les juniors qui sont actuellement en "stage", en CDD ou autre ne le sont pas par "manque" du "gout du risque" mais parce que les portes sont actuellement fermes pour les juniors!

Je rejoins donc le point de vue d'Herve et pense egalement que seuls ceux avec une experience large (5 a 10 ans) trouveront quelque chose facilement.

MessagePosté: Mar 03 Fév 2009 19:14
de nox
A regarder les annonces actuelles sur le VJ (juristes salariés) on remarque:

- que nombre de poste concernent le droit social.
- on demande des candidats expérimentés
- beaucoup d'annonces sont le fait de cabinets de recrutements, c'est à dire des annonces pas forcément réelles , qui servent essentiellement à remplir les bases de données de ces cabinets (ce dernier point etant une opinion toute personnelle).

Il y aurait des créneaux, mais pas forcément pour tout le monde :?

la crise une opportunité?

MessagePosté: Mer 04 Fév 2009 11:53
de Joseph
Je rejoins totalement le point de vue de GOAT,

La crise n'est sûrement pas une opportunité pour les juristes et les avocats juniors/débutants.

En ce concerne les avocats juniors, il est absolument inconcevable de s'installer sans clientèle, d'autant que la concurrence est rude, et la plupart des cabinets recherchent des collaborateurs en droit social/droit des entreprises en difficulté ayant au minimum 3 ans d'expériences.

Les offres d'emplois pour les juristes ont les mêmes exigences, voir plus (5 ans minimum).

Bon courage à tous.

MessagePosté: Mer 04 Fév 2009 12:18
de aiki
Il me semble effectivelment que la crise ne va que rendre l'entrée sur le marché de l'emploi plus difficile pour les jeunes diplomés puisque les entreprise, vu le contexte économique, ne recrutera qu'une personne déjà opérationnelle.

D'ailleurs, mettons nous à la place d'un recruteur : que ferions nous à sa place :?:

MessagePosté: Mer 04 Fév 2009 12:59
de Maire du Village
Dans le cadre de ce sujet (que nous espérons constructif et prospectif), nous avons demandé leur point de vue à quelques consultants de cabinets de recrutement spécialisés.

C'est volontairement court et n'a pas vocation à concerner TOUS les juristes et avocats, mais nous espérons qu'il en sortira une analyse de fond qui aidera chacun dans sa réflexion...

1ere consultante à avoir répondu (et nous la remercions pour sa réactivité !), Amélie LOBRY, Consultante Senior Division Juridique & Fiscal chez Robert Walters.
(Rappelons que nous proposons une liste des cabinets spécialisés ici)


"Je pense que la conjoncture actuelle favorisera les réorganisations/restructurations en interne. Cela "assainit" les équipes et permet de tirer les meilleurs vers le haut !

Certes les candidats sont relativement frileux pour changer de poste aujourd'hui. Néanmoins, une fois cette première période attentiste passée, les bons profils seront de nouveau plus à l'écoute du marché, raisonnés dans leur démarche de changement.

Par ailleurs, nous assistons aujourd'hui à un accroissement des demandes sur certains domaines de spécialités, i.e. droit social, restructuring, expertise poussée sur certaines matières (droit du cinéma...).

Ces candidats ont donc le vent en poupe !"

Auriez-vous un ou des conseils à donner aux juristes en recherche, sur les secteurs demandeurs ?

"Un premier conseil, intemporel : travaillez votre réseau ! Professionnel et personnel.

Il faut anticiper une reprise, qui sera forte, et donc se mobiliser au mieux - en amont - pour faire face à des besoins croissants.
Les secteurs qui recrutent encore aujourd'hui sont essentiellement ceux ayant une durée de vie de produits relativement longue (pétrole, énergie, nucléaire...). Les contrats sont des partenariats long terme, qui vont au-delà du cycle dans lequel nous sommes aujourd'hui.

Enfin il y a toujours un turn over naturel (phénomène papy boom, remplacements de postes...) qui amène à recruter des juristes, aujourd'hui considérés comme clés dans l'entreprise (Cf. business partner).

Deuxième conseil : gardez une "positive attitude" !"

MessagePosté: Mer 04 Fév 2009 15:42
de fabien
Sans vouloir être cynique je pense que les cabinets de recrutement on tout intérêt à encourager la mobilité c'est un peu leur coeur de métier de pourvoir des postes alors si les candididats potentiels ne bougent pas que faire... :wink: