Bonjour,
Cette histoire est un peu effarante...
busbecq a écrit :Peut-on faire dépendre un consentement de toute exigence quant à la personne avec laquelle on contracte?
Vous êtes en train de me dire que je n'ai pas le droit de choisir ma future compagne en fonction de la couleur de ses yeux, de ses cheveux, de son tour de taille et de poitrine, et bien d'autres détails encore que la décence m'interdit de préciser... et qu'il faudrait que je puise mes "arguments" dans une liste dûment certifiée et publiée sous la forme d'un texte de loi ?
Mieux, que je remplisse un questionnaire en cochant les cases idoines et que je le fasse valider par un juge pour vérifier que mes raisons personnelles sont bien conformes à l'esprit républicain avant de passer devant monsieur le maire ?
Ben dites donc, ça promet...
(et pourquoi pas des dossiers de candidatures anonymisés, sans photo donc, et on ouvrirait les enveloppes devant huissier avec sélection par un jury de spécialistes ?)
busbecq a écrit :Puis-je exiger que ma femme soit excisée? Je ne la force pas à se faire exciser, bien sûr, je suis un laïc convaincu et un défenseur du droit des femmes. J'avertis simplement que si je découvre lors de la nuit noce qu'elle n'est pas excisée, je cours au TGI de Lille faire annuler mon mariage.
C'est une condition absolument essentielle pour moi.
L'article 180 ne me force pas à en indiquer les raisons.
Non, vous ne pourriez pas, selon moi. Tel que vous le présentez ici, vous vous feriez "renvoyer dans vos buts" et probablement sèchement.
Sauf...
si vous aviez clairement exprimé cette exigence à votre future compagne, que vous lui aviez clairement posé la question, que vous lui aviez clairement fait comprendre l'importance que vous y attachiez
ET qu'elle vous ait menti délibérément
ET en toute connaissance de cause.
Ni la viriginité ni l'excision ne sont, au sens du droit français, des conditions
sous-entendues pour contracter un mariage ni suffisantes si elles n'ont été exprimées qu'à une tierce personne autre. Donc, un juge ne pourra pas suivre ce genre d'argumentation.
Ici, le mari n'a pas eu gain de cause parce qu'il n'a découvert qu'après coup un point qui le chagrinait et parce que, dans son esprit, c'était une condition sine qua none, mais parce que, apparemment, ils en avaient discuté clairement au préalable et qu'il y a eu tromperie de la part de la dame. Nuance subtile qui a son importance, à mon humble avis. C'est sur le manquement à la confiance réciproque que la juge s'est appuyée, pas sur l'état de (non) virginité lui-même.
La (future) dame pouvait tout aussi bien répondre "et bien, le "hic", mon chéri, c'est que je ne suis plus vierge, alors ? Qu'est-ce qu'on fait ?"
Juste une petite question...
Si les motivations du mari avaient été aussi contraires au droit français aurait-il pu
- passer le barage de son propre avocat qui aurait pu mieux le conseiller ;
- passer le barrage de la mise en état par un magistrat qui a rendu une ordonnance de clôture ;
- passer le barrage du Ministère public, consulté par la juge, et qui a déclaré s'en remettre à la justice ;
- passer le barrage des deux avocats (si j'ai bien compris) qui ont défendu madame et qui n'ont pas contesté le bien fondé de la demande. Mieux ! Ils ont demandé l'exécution provisoire... ;
- passer le barrage, apparemment, d'un deuxième tour au Ministère public, consulté par la juge avant de rendre sa décision publique ;
- passer le barrage du procureur, qui ne vient d'interjeter appel qu'à la demande pressante de sa hiérarchie ;
- passer le barrage du procureur, qui vient seulement de déposer un référé
en extrême urgence (jugement rendu le 1er avril...) pour s'opposer à l'exécution provisoire (qu'on avait un peu oubliée dans la bagarre)...
Autre question accessoire :
En prévision du questionnaire évoqué ci-dessus, plutôt que de me citer quelques exemples de motifs indéfendables, ne pourrait-on pas plutôt m'établir une liste exhaustive de motifs qui le seraient, défendables, sur les "qualités essentielles de la personne" (si on suppose qu'il doit s'agir de qualités intrinsèques et immuables et non d'une perception personnelle), sachant - si j'ai tout bien compris - qu'il faudra en éliminer tout motif d'ordre racial, religieux, homophobe, machiste, inégalitaire, portant sur le physique de la personne, sa sexualité, son état de fortune, etc., etc.,...
Inutile d'aborder le problème d'un adulte incapable puisque le cas est déjà prévu par ailleurs dans le code.
On me dit qu'il faudrait changer l'article 180. Je pressens des débats houleux au Parlement...
(et espérons qu'on n'assistera pas à des hiatus à la Robert-André Vivien, comme lors d'un débat à l'Assemblée sur le classement des films X)...
Au fait, très anecdotiquement, aux dernières nouvelles, l'odieux "intégriste musulman machiste et rétrograde", qui aurait abusivement profité de l'article 180 par dévoyement machiavélique de son objet, se prénommerait François...