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Éco-challenge : articuler durabilité environnementale, charge mentale et gouvernance de l’information.
Parution : mercredi 13 mars 2024
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Les enjeux de l’écologie numérique sont évidemment majeurs pour les générations futures. Nous le savons tous. Ils le sont aussi pour nous : surcharge informationnelle, exposition à la lumière bleue, saturation cognitive, agacement et temps perdu à retrouver des informations/la bonne version d’un fichier… Tout ceci vous parle ? Le Digital CleanUp Day (en 2024 en mars) est une bonne occasion d’agir au quotidien et d’amorcer un changement vertueux et d’aborder le sujet.
Triez vos données, éliminez vos doublons et recyclez vos appareils numériques : la planète et votre cerveau vous diront merci !

L’idée-directrice : une place pour chaque chose et chaque chose à sa place.

Le Digital Cleanup Day est une initiative co-portée depuis 2020 par l’Institut du Numérique Responsable et le World Cleanup Day - France.
L’objectif de l’événement est de créer les conditions d’une prise de conscience globale de l’impact environnemental du numérique en déployant une action de sensibilisation au numérique responsable, fédératrice, conviviale et permettant d’engager concrètement le premier pas : d’une part, en nettoyant nos données sur les serveurs, clouds et appareils et, d’autre part, en offrant une seconde vie à nos équipements numériques.

Il ne fait aucun doute qu’un classement et une gestion disciplinée de vos données présente de nombreux avantages. En voici quelques-uns.

Avez-vous déjà ressenti un certain apaisement après avoir fait du rangement dans les placards de votre bureau ou chez vous ? Et si vous faisiez la même chose dans votre environnement numérique professionnel notamment ? Au-delà des bénéfices de diminution de votre empreinte numérique et d’allègement de votre charge mentale, la réalisation de ces opérations d’écologie numérique présente d’autres intérêts.

Vous pourriez aussi retrouver des "pépites", vous savez, ces documents apparemment perdus et des notes complètement oubliées, prises dans un autre contexte, mais qui seraient particulièrement pertinentes et utiles aujourd’hui.

De quoi également faciliter les passations de dossiers en cas de départ ou d’absence d’un collègue [1].

De quoi encore réduire la surface en cas d’incident cyber et prendre en main votre politique de sauvegarde des données (règle des 3-2-1 : 3 copies des données, 2 supports de stockage, 1 copie hors site).

Vous le pressentez avec nous : les éco-challenges ne sont pas que des actions ponctuelles en lien avec notre conscience écologique. Ils sont aussi de nature à permettre d’avoir une idée claire sur les informations et données que vous détenez, sur l’endroit où elles sont stockées et, éventuellement, sur qui y a accès. Or, toutes les occasions sont bonnes et utiles pour s’embarquer dans une démarche de gouvernance de l’information.

Des précautions à prendre : pensez confidentialité et résilience

Les démarches liées à la destruction, au réemploi et au recyclage des données et des supports de stockage présentent des risques lorsque vous êtes soumis à des enjeux de confidentialité (données sensibles/critiques pour vous et vos clients, obligation de secret professionnel, etc.).

À lire : Ne mettez pas votre secret professionnel à la poubelle !

Il est également important de penser à votre résilience numérique, c’est-à-dire à votre capacité répondre et vous rétablir rapidement et efficacement en cas de perturbation dans le fonctionnement et/ou l’accès aux technologies de l’information et de la communication (incident cyber, vol ou perte du matériel, catastrophe naturelle, incendie, etc.).

Tout passer en cloud est pratique et utile si vous n’avez plus accès à votre ordinateur. Mais ne disposer d’aucune sauvegarde locale est tout aussi pratique et utile si vous n’avez plus de connexion internet… Pour pouvoir arbitrer, il sera nécessaire de réaliser un audit informationnel. Tout ceci dépasse certes le cadre d’un éco-challenge ; pensez-y néanmoins ?

Éco-challenge : comment s’organiser ?

Sans surprise, les modalités sont très variables selon votre activité et la taille de votre organisation. L’initiative peut-être amorcée et pilotée par une ou plusieurs directions, mis en place dans un ou plusieurs services ou départements et/ou par chacun(e) à son niveau.

L’ampleur de l’événement et son format sont librement dimensionnable, selon vos envies, vos contraintes de temps/de disponibilité et votre culture organisationnelle : de l’atelier à la conférence, en passant par le concours inter-services ou la chasse au trésor, tout est envisageable. Cela peut être, plus simplement une action individuelle.

Certaines de ces tâches sont intellectuellement assez neutres, mais demandent un peu de concentration. Organisé "en bloc" sur une demi-journée/une journée ou fractionné une semaine (trouver 15 à 30 min. par jour ?), là encore, tout est faisable.

Mais vous vous dites peut-être que cet éco-challenge reste quand même une perte de temps en termes de productivité et que ce n’est pas le moment au vu de vos impératifs opérationnels… Si ce n’est pas le bon jour, pourquoi ne pas le programmer la semaine prochaine ou avant la fin du mois ?

Une to-do list éco-numérique hyper facile.

Voici 15 idées simples (simplistes peut-être dirons certain(e)s, mais peu importe) à mettre en place à l’occasion du Digital CleanUp Day :

  1. Sélectionnez un appareil électronique dormant ou obsolète (clé usb, ordinateur, tablette, téléphone, etc.) et décidez s’il faut le remployer, le recycler ou le détruire ;
  2. Supprimer 10 fichiers obsolètes ou redondants (ou 15 ou 20 ou 25…, c’est vous qui choisissez !) ;
  3. Supprimer 20 mails inutiles (ou 50 ou 100…, c’est vous qui décidez !) ;
  4. Vider la corbeille de votre boîte mail ;
  5. Vider la corbeille de votre ordinateur ;
  6. Paramétrer vos notifications pour limiter les alertes ;
  7. Configurer la veille automatique de vos appareils ;
  8. Baisser la luminosité de vos écrans ;
  9. Diminuer la résolution de vos écrans ;
  10. Débrancher les appareils, chargeurs et câbles d’alimentation non utilisés ;
  11. N’envoyer aucune pièce jointe par mail (en cas de transfert, utilisez une solution sécurisée bien sûr, idéalement avec un téléchargement temporaire) ;
  12. Programmer au moins l’une de vos réunions en audio plutôt qu’en visio
  13. Éteignez votre ordinateur à la fin de votre journée ;
  14. Pendant vos pauses, n’utilisez pas de numérique. Plutôt que le surfer sur le web, de scroller sur les réseaux sociaux ou de regarder une série sur votre plateforme préférée, prenez un livre ou allez faire une petite balade seul(e) ou en bonne compagnie ? ;
  15. Transmettez cette to do-list à l’un(e) de vos collègues !

Et ensuite ?

Vous avez déjà changé les ampoules et remplacé le plastique par du verre, mis en place une politique voyage et déplacements plus écologique, l’événement du 11 au 16 mars pourrait permettre à votre organisation de construire ou consolider sa stratégie numérique de durabilité environnementale.

Les organisations les plus grandes sont déjà très matures sur le sujet et elles disposent souvent, d’équipes dédiées à la réalisation de ces projets. Si vous n’avez pas encore construit votre feuille de route durabilité, c’est le moment de se pencher sur 3 aspects numériques : données - réemploi - recyclage.
Outre la mise en place de votre prochaine routine journalière / hebdomadaire / mensuelle / trimestrielle, voici quelques idées pour capitaliser sur l’événement du 16 mars.

Qu’il s’agisse de formaliser explicitement vos bonnes pratiques ou de monter d’un cran dans vos actions, toutes les formes d’engagement sont bonnes à prendre. Le tout, bien sûr, en incluant toujours des directives sur la gestion des données sensibles et les enjeux de résilience de votre organisation !

A. Dorange Rédaction du Village de la Justice

[1Sur ce point voir not. Réussir l’offboarding des collaborateurs en cabinet d’avocats, Journal du Village de la Justice n° 101, p.16