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Quels recours en cas d’accident de la vie ? Par Frédéric Roussel, Avocat.
Parution : mercredi 6 mars 2024
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Les accidents de la vie représentent la 3ème cause de mortalité en France, avec 11 millions de blessés, 5 millions de visites aux urgences et 20.000 décès, les enfants et personnes âgées représentant la grande majorité des victimes.
Seuls 25 % des Français bénéficient d’une « Garantie Accident de la Vie » (GAV). Pour autant, et dans l’hypothèse d’une souscription préalable, les victimes ou leurs proches ignorent les démarches à accomplir et les pièges à éviter face à un assureur.
Quelques conseils simples permettent cependant de préserver les chances d’une indemnisation maximale.

Doit-on souscrire une garantie accident de la vie ?

Attention : si l’assurance multirisque habitation (MRH) souscrite dans le cadre de l’habitation principale couvre les dommages infligés au local (incendie, dégâts des eaux, cambriolage) ou la responsabilité civile des occupants pour les dégâts matériels et immatériels occasionnés aux tiers, elle ne couvre pas les blessures subis par ses occupants dans le cadre de la vie courante.

Il est en conséquence fortement recommandé de souscrire un contrat « garantie accident de la vie » venant en complément de la MRH.

Quelles clauses vérifier ou exiger ?

En sus du recours à des comparateurs d’assurances, il est capital de vérifier la présence de certaines clauses particulièrement importantes dans les conditions générales.

Ces précautions préalables sont capitales dans la mesure où les options choisies déterminent la qualité des prestations matérielles, des postes de préjudices couverts :

Il convient également de vérifier l’application du contrat souscrit aux territoires suivants :

Enfin, il est préférable de privilégier les contrats prévoyant une indemnisation dite « en droit commun » (à l’identique d’une indemnisation judiciaire) plutôt que forfaitaire, c’est-à-dire limitée, et de privilégier un versement des indemnités en capital plutôt qu’en rente.

Attention :

En cas de sinistre ?

À faire.

Le délai habituel de déclaration fixé par les assureurs est de cinq jours ouvrés, par téléphone, courriel, application mobile ou lettre RAR par envoi du questionnaire de santé fourni par l’assureur.

Attention : passé le délai de deux ans à compter du sinistre, l’action en indemnisation n’est plus possible (principe de prescription biennale).

Les premières indications à communiquer à l’assurance sont claires :

L’indemnisation des postes de préjudice dépendant de la qualité des informations communiquées à l’assureur, il est capital de récupérer l’intégralité des pièces médicales (hôpital et/ou clinique) les documents relatifs à l’accident ou l’agression (police, pompiers, témoignages) sans oublier les éléments propres aux incidences économiques (frais divers, tierce personne, dépenses de santé, pertes de gains).

La transmission de ces documents doit s’accompagner de deux exigences :

En tout état de cause, il convient de ne pas hésiter à contester les positions de l’assureur en cas de règlement insuffisant, et d’interroger un Avocat en cas de doute ou de refus formel.

À ne jamais faire.

Dans leur grande majorité, les GAV subordonnent l’indemnisation des postes de préjudice à un « seuil d’intervention » exprimé en pourcentage et correspondant à l’atteinte permanente physique ou psychique. Variable en fonction des options choisies, il est généralement fixé à 10 %. En deçà, l’indemnisation n’est pas envisageable.

La fixation de ce taux est généralement établie au moyen d’une expertise médico-légale amiable organisée par l’assureur, suivie d’une convocation par son médecin-conseil.

Attention : la croyance des assurés en un « expert » défendant leurs intérêts n’est que pure illusion. Il s’agit d’un médecin réglé par l’assureur pour que l’assureur ne règle pas, ou le moins possible.

Il convient dès lors de ne jamais se présenter seul à l’expertise médicale, mais d’être assisté d’un médecin-conseil de victimes (dit de recours) choisi par l’Avocat en charge de l’indemnisation, avec mission de quantifier au mieux (de manière provisoire puis permanente) les postes de préjudice.

Enfin, toute offre indemnitaire finale doit être sérieusement étudiée, poste par poste, en considérant la prise en charge de chaque préjudice, sa quantification par les médecins-conseils, ainsi que son évaluation financière au regard des dispositions du contrat.

Le besoin de liquidités immédiates, l’incitation par l’assureur à accepter l’offre en l’état, la menace de délai en tous genres, voire la promesse d’une procédure judiciaire coûteuse, peuvent également inciter les victimes à ne pas négocier d’avantage, et à abandonner.

Ces conseils ne s’inscrivent évidemment pas dans l’intérêt des victimes.

Par ailleurs, certains postes relèvent d’une particulière technicité (pertes de gains professionnels futurs avec impact sur droits à la retraite, incidence professionnelle avec reclassement ou inaptitude, préjudice de carrière, préjudice économique du conjoint et des enfants, existence d’une rente invalidité).

Une bataille à arme égale contre les assureurs implique dès lors d’être efficacement assisté d’un avocat spécialisé en dommage corporel.

À retenir.

Le tarif attractif de certains contrats ne doit jamais constituer le seul critère de sélection, l’étude et la comparaison des conditions générales constituant un préalable indispensable.

La mise en concurrence, comme l’interrogation d’un courtier sur les conditions générales des contrats sélectionnés, relèvent également des réflexes de bon sens.

Frédéric Roussel Cabinet Roussel Avocat au Barreau de Paris (G307) Spécialiste en réparation du dommage corporel https://www.cabinet-roussel.fr/