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Accueillir un animal de compagnie dans son cabinet d’avocat : et si c’était une bonne idée ?
Parution : lundi 26 février 2024
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Quand vous entrez chez Ambroise-Avocat, l’hôtesse d’accueil n’est autre que la pétillante Rocket, qui je cite, « ne sait pas faire le café, mais n’a pas son pareil pour vous accueillir avec un enthousiasme débordant ».
Désormais, les cabinets qui franchissent le pas sont nombreux et aucun n’imagine revenir en arrière, tant les bénéfices sont importants et parfois inattendus. Même s’il convient de bien anticiper en amont les contraintes qui résultent de la présence au quotidien dans son équipe d’un collaborateur canin ou félin.
La majorité y voit un vecteur de fidélisation en phase avec les attentes nouvelles de plus de sens et de convivialité, répondant aussi à la porosité plus grande née de la crise Covid entre les lieux de vie pro et perso.

Créer du lien et faciliter les relations interpersonnelles.

Connaissant le quotidien d’un cabinet d’avocat, on peut légitimement s’interroger sur ce qui pousse à y ajouter une contrainte animalière.
De nombreux psychologues spécialisés en gestion du stress, expliquent combien les animaux de compagnie sont des sources inépuisables de réconfort émotionnel. Leur présence dans un environnement professionnel aide selon eux à créer une atmosphère plus détendue, ce qui est un atout pour le maintien d’un bon équilibre émotionnel et une cohésion d’équipe optimale. Des SPA [1] organisent, en ce sens, des visites de chiens en attente d’adoption au sein d’Ehpad. Le personnel soignant témoigne du bien-être et de l’apaisement qui en découlent, tant pour les pensionnaires que pour l’équipe soignante.

Et de fait, les avocats interrogés sont unanimes : l’impact de la présence de l’animal est positif pour l’équipe, mais également pour les clients du cabinet.
La présence chaleureuse et réconfortante d’un chien ou d’un chat dans leur bureau donne à tous une raison supplémentaire de sourire pendant la journée, met en joie et apaise les tensions.

Dans certaines situations, l’animal devient même un vecteur actif de l’accueil du client et permet d’initier le dialogue dans un climat apaisé. Ainsi, Me Anne-Lyse Cloarec note que dans des situations difficiles ou tendues, un dialogue plus serein et plus profond s’installe avec ses clients lorsque le minou du cabinet se pelotonne sur leurs genoux et ronronne sous leurs caresses.
Les clients qui le verbalisent indiquent que l’animal donne une image plus humaine de l’avocat, cassant l’image de professionnel austère du Droit que certains peuvent en avoir.

L’avocat qui exerce seul enfin, sans collaborateur ni assistante, trouve dans la présence de son animal de compagnie un réconfort qui rompt la solitude de l’exercice et le contraint positivement à sortir le nez des dossiers pour s’autoriser une pause tendresse ou promenade.

Un vecteur qui valorise l’image du cabinet.

La démarche est à ce point porteuse de sens que certains cabinets n’hésitent plus à communiquer sur leur site web et sur les réseaux sociaux, surfant sur le capital sympathie qui l’accompagne. L’animal valorise la marque employeur du cabinet. Il attire ceux qui sont sensibles à ces valeurs.
Chez Ambroise-Avocat par exemple, la pétillante Rocket est mise en valeur dès la page d’accueil du site, mais également régulièrement présente sur LinkedIn. Et ne cédez pas au cliché du cabinet nécessairement tourné vers une clientèle du Droit de la famille [2].

(Crédit photo. : Me K. Ambroise)

Le cabinet ALC-Avocats met de son côté régulièrement en avant Thémis dans des story Instagram et Me Cloarec me confie que des clients viennent exprès pour elle.

Autre exemple à Montpellier, où les confrères savent que leur ancienne Bâtonnière, Michèle Tisseire, est immanquablement flanquée de son ombre canine.

Vous aurez compris que, loin de les cacher dans un coin de leur bureau, les avocats jouent désormais sur l’image positive de leur compagnon. Logique, tant il incarne l’ambiance conviviale ou les valeurs humaines d’un cabinet. Pour eux, il représente un atout réel dans la relation entre l’avocat, ses clients et son équipe.

L’animal de toute l’équipe.

Il s’agit souvent de l’animal d’un associé, mais de nombreux cabinets ouvrent également leur porte au compagnon de leurs collaborateurs. C’est le cas de Sam, le sympathique toutou de Me Léa Chevalier qui possède son coin de bureau dans les locaux du cabinet Nouveau Monde Avocats [3]. Dans tous les cabinets interrogés, on constate que la règle hiérarchique joue en fait moins que celle du désir.

D’ailleurs, bien souvent et indépendamment de son maître officiel, l’animal accueilli devient la mascotte de l’ensemble de l’équipe, chacun y allant de sa caresse, de sa friandise, mais s’en occupant également sur les aspects logistiques lorsque cela s’avère nécessaire.

Dans les cas les plus extrêmes, il arrive même que la décision soit collégiale, comme chez ALC-Avocats au Mans, où le choix d’adopter Thémis s’est fait en 30 minutes sur la suggestion de la secrétaire du cabinet. L’équipe déplorait la perte du chien qui avait partagé leur quotidien durant de nombreuses années. En voyant les sourires qui fleurissent sur le site web du cabinet, nul doute possible sur l’ambiance qui y règne, et sur le fait que leur chat Thémis, dit « Jean-Michel la glue » » ou « la saucisse », ne mette sa patte à la bonne humeur et la cohésion de ses membres.

Plus encore que la taille, l’important est le caractère agréable et la propreté de l’animal accueilli. Impossible d’imaginer cohabiter sereinement avec un chien aboyeur, agressif, ou avec un chat caractériel. Un test de compatibilité d’humeur s’impose donc en amont afin de valider son arrivée. Cela est notamment essentiel lors de la présence de plusieurs compagnons, même si un cabinet doit rester un cabinet selon tous les avocats interrogés.

(Crédit photo. : J-M Brulé)

De même, prêter attention aux allergies ou appréhensions de chacun relève du bien vivre ensemble. Pas forcément bloquant d’ailleurs, les parades existant pour permettre une vie en commun apaisée.

Il est à noter que des différences existent entre les canidés et les félins dont il convient de tenir compte dans son choix. Un chat joue en effet dans les trois dimensions. Il pourrait réorganiser les dossiers étalés sur votre bureau ou se passionner pour l’hermine de votre robe pour les avocats de province. Le chien, quant à lui, doit être correctement éduqué, évitant par exemple de courir les babines dégoulinantes depuis le fond du cabinet pour faire la fête à l’arrivée d’un client.

Enfin, attention à l’image négative qui colle aux chiens tels le Pitbull ou l’American Staff, même si les connaisseurs savent l’extrême gentillesse de ces toutous. Tout le monde ne connaît pas l’adage partagé des propriétaires canins : « quand tu croises un chien agressif, regarde qui est à l’autre bout de la laisse ».

Alors, on y va ?

Tous les avocats interrogés sont donc unanimes pour dire que les quelques principes qui permettent au quotidien une cohabitation harmonieuse avec un animal de compagnie sont parfaitement gérables à partir du moment où ils sont connus et acceptés en amont.

Les bénéfices à en attendre sont nombreux, comme nous l’avons vu, et jouent positivement sur l’attractivité de leur cabinet, que ce soit auprès de leur clientèle ou de leurs futurs collaborateurs.

Et comme il convient d’avoir en tête que le projet se porte sur la durée de vie de votre compagnon, de longues années de joie, de tendresse et de plaisirs partagés attendent ceux qui se lanceront dans l’aventure.

Jean-Marc Brulé Agence Conseil Avocat & Manager Relation d’Associés, Recrutement et Fidélisation, Dynamique d’équipe. https://linkedin.com/in/jean-marc-brule/

[1SPA : Société Protectrice des Animaux qui possèdent des refuges sur tout le territoire dans le but de recueillir et faire adopter des animaux abandonnés ou victimes de maltraitance. Une démarche citoyenne possible à privilégier à l’achat auprès d’éleveurs plus au moins officiels.

[2Ambroise-Avocat intervient en cession d’entreprise et stratégie patrimoniale

[3Spécialisé en IT rue de Rivoli à Paris