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Bobigny 1972. Le procès qui a rendu possible la légalisation de l’avortement.
Parution : lundi 4 mars 2024
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Dans la France de 1972, l’avortement est encore un délit. La jeune Marie-Claire Chevalier, 17 Ans, est poursuivie à ce titre. C’est l’avocate Gisèle Halimi qui va se charger de sa défense, s’emparer du procès et le médiatiser avec l’accord de sa cliente pour en faire la première étape vers la légalisation de l’avortement en France. Marie Bardiaux-Vaïente et Carole Maurel co-signent un roman graphique poignant et didactique, qui raconte à la fois un procès historique, une histoire de sororité et un combat féministe.

Le titre de la bande dessinée "Bobigny 1972", claque comme un coup de fouet ! Il (r)éveille nos mémoires sur un passé (pas si lointain) oublié ou méconnu par certaines, par certains. Malgré la dureté de l’histoire vécue et relatée, on prend plaisir à la lire, notamment grâce à un travail d’écriture et de graphisme empreint d’humanité et de délicatesse.

Marie Bardiaux-Vaïente est Docteur en histoire (sa thèse co-dirigée en Histoire du Droit est intitulée "Histoire de l’abolition de la peine de mort dans les Six pays fondateurs de l’Union européenne"). Elle est également scénariste de bande dessinée, militante pour l’abolition universelle de la peine de mort et féministe.

Le Village de la Justice s’est entretenue avec elle au sujet de Bobigny 1972, que la Rédaction conseille de mettre à portée de tous...

Village de la Justice : Vous aviez précédemment traité de l’abolition de la peine de mort dans un roman graphique [1] : avez-vous abordé le procès de Bobigny de la même façon ?

Marie Bardiaux-Vaïente : « Après "L’abolition", j’ai aussi écrit sur le procès d’Adolf Eichmann [2]. Je sortais donc de deux ouvrages "lourds" et qui parlaient essentiellement d’hommes. J’avais envie de faire un livre autour de la cause des femmes, et de la Justice, primordiales pour moi. J’en suis sans doute arrivée au procès de Bobigny car il y a pour moi une continuité absolue entre le combat de Robert Badinter et celui de Gisèle Halimi.
J’avais également envie de parler de sororité et de rapport mère/fille. Le sujet collait parfaitement... »

V.J : Vous ne travaillez pas systématiquement avec les mêmes illustrateurs, comment se fait votre choix ?

« Je ne peux pas l’expliquer : je connaissais le travail de Carole Maurel et c’était pour moi une évidence que ça ne pouvait être qu’elle  ! Je savais qu’elle saurait prendre soin des personnages car son travail est empreint d’émotion retenue. Comme il n’y aurait pas de débordements de sa part, je pouvais donner plus de moi. Si les scènes sont basées évidemment sur ce que j’ai pu lire, c’est malgré tout un récit sur lequel j’ai beaucoup "fictionné" notamment sur le rapport entre les femmes (mère/ fille notamment). »

Que pensez-vous de l’inscription de l’avortement dans la constitution française ?

« Oui, bien sûr, je suis pour ! Dans l’état politique du monde actuel, constitutionnaliser c’est bien. Il faut bien avoir en tête que la problématique du droit à l’avortement est universelle, que l’interdiction d’y recourir existe toujours dans un espace politique et géographique qui nous concerne, notamment en Europe.

Cela étant, j’aurais préféré le terme de "droit" à celui choisi de "liberté garantie" [3] Un droit, c’est une meilleure garantie de l’égalité à la pratique de l’IVG sur tout le territoire... »

En bonus, quelques extraits de la bande dessinée ci-dessous.

Bobigny 1972

Informations techniques :
Scénariste : Marie Bardiaux-Vaïente
Dessinateur : Carole Maurel
Parution : 10.01.2024
Collection : Hors Collection (Glénat BD)
Pages : 192
EAN : 9782344045664
Prix : 25 euros
Version numérique payante accessible ici (17,99 euros).

En complément, sur ce sujet : L’émission Affaires sensibles de Fabrice Drouelle sur France Inter revenait en 2016 sur le procès de Bobigny, avec Claude Servan-Schreiber, journaliste, écrivaine, militante féministe, et témoin lors du procès de Bobigny.

Rédaction du Village de la Justice.

[1Le Village de la Justice vous en a parlé ici.

[2"L’enfer est vide, tous les démons sont ici" aux Éditions Glénat.

[3"La loi détermine les conditions dans lesquelles s’exerce la liberté garantie à la femme d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse" dit le texte voté par l’Assemblée nationale le 30 janvier 2024. Source : Vie Publique.