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Marché de l’emploi juridique et générations : des perspectives favorables pour tous en 2024.
Parution : mardi 16 janvier 2024
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Nous avons demandé à des spécialistes du recrutement de délivrer leurs conseils pour 2024, en tenant compte des transformations actuelles des métiers du Droit. Comme angle, nous avons choisi celui de la génération, que nous avons à dessein dépeint de façon caricaturale et un peu provocatrice :

  • La/le Génération Z, fraîchement diplômé(e), qui "en veut" mais qui a débuté professionnellement avec la crise du covid et en a tiré quelques "exigences" (qualité de vie au travail notamment).
  • La/le Génération X (nés entre 1960 et 1980) : un peu "old school" parfois mais "digital compatible" quand même, et moins regardant sans doute sur certains aspects.
  • Enfin, la/le Génération Y (né entre 1980 et 1995) : coincés entre 2 générations, un peu tout ça à la fois...

Nous débutons cette chronique par Antoine Valle, fondateur et dirigeant du cabinet de recrutement Rinnovo.

Les questions qui se posent aux candidats sont largement les mêmes quel que soit leur âge, mais il y a évidemment des subtilités entre générations, liées aux préjugés des employeurs... mais aussi aux spécificités de chaque classe d’âge.

Les membres de la génération X (nés entre 1960 et 1980) ont fait face à une période sociologiquement et économiquement très instable, ce qui les rend critiques sur ce qu’ils observent, mais aussi aptes à mener une vie indépendante. 

Antoine Valle

La génération née entre 1995 et 2010 a grandi avec des capacités technologiques extraordinaires et l’accès instantané à l’information mais aussi avec l’anxiété (climat, virus, pénurie) : elle se caractérise par une très forte exigence. 

La génération Y, également connue sous le nom de Millenials (nés entre 1980 et 1995), a connu une période économiquement plus stable, qui lui a permis de se concentrer sur ses expériences personnelles. 

Se pose la question de savoir quels conseils spécifiques donner aux candidats de chaque génération afin de leur permettre de trouver un emploi dans le domaine juridique.


Candidats de la génération Z, le travail n’est pas une activité secondaire !

En 2022, Business Insider a publié un article sur la génération Z qui "considère sa vie comme un tout" : elle voit sa vie comme un travail à temps plein et le travail comme une activité secondaire. 

Le travail occupe une place très importante dans nos vies et ce n’est pas toujours négatif : c’est une source d’enrichissement, à tout point de vue.
Et quand on cherche un emploi, il est important de montrer qu’on l’a compris.
Dans un processus de recrutement, il est en effet essentiel de manifester de la motivation et aussi son envie de s’engager dans la durée.
Et il est préférable de montrer que l’on est la bonne personne pour le poste avant de formuler des exigences.

Quelle que soit sa génération, on peut aborder l’année 2024 avec confiance !

Pourtant, on voit beaucoup de candidats de cette génération qui mettent des barrières à la discussion et formulent des exigences avant même de s’être fait une idée de l’emploi qu’ils pourraient occuper.

Cela m’est arrivé récemment avec une postulante qui ne m’a pas laissé lui présenter le poste que je lui destinais : elle a immédiatement indiqué qu’elle souhaitait non seulement de la souplesse dans son organisation avec du télétravail, mais aussi sept semaines de vacances au lieu des cinq traditionnellement octroyées.
Cette candidate faisait de l’acceptation de ces exigences un préalable à la discussion, ce qui lui a fermé des portes : aucun employeur ne veut donner du temps ou de l’argent sans recevoir en retour un minimum d’investissement.
Or, si elle avait fait la démonstration de sa valeur personnelle et professionnelle avant de discuter des modalités de son travail, cette candidate aurait peut-être vu l’employeur accepter ses exigences.

Candidats de la génération X ? Soyez indépendants !

On ne vit pas la même situation à 43 ans (quand on est né en 1980) et à 63 ans (pour ceux qui sont nés en 1960) mais si on devait donner un seul conseil aux membres de cette génération en se concentrant sur les plus de 50 ans, on leur recommanderait volontiers de tout faire pour maintenir leur employabilité, en se formant et en acquérant des compétences nouvelles, dont les entreprises ont besoin.

En effet, l’emploi des seniors est un vrai problème en France : à plus de 50 ans, on a du mal à trouver un poste, dans le domaine du droit comme dans tous les autres. C’est un sujet largement tabou... mais ce n’est pas non plus une fatalité.

Un candidat expérimenté a ainsi trouvé sans difficulté (à sa grande surprise !) un poste de juriste spécialisé dans les nouvelles technologies dans une entreprise de premier plan, car il s’est intéressé toute sa vie à ces sujets et a fait la démonstration de sa grande expertise lors des entretiens qu’il a eus avec son futur employeur.

On peut aussi conseiller aux candidats de la génération X d’être souples et d’accepter une autre organisation de travail, comme le management de transition : si les entreprises sont réticentes à proposer un poste pérenne à des plus de 50 ans, elles acceptent plus volontiers de faire appel à leurs services dans le cadre d’une mission ponctuelle afin de profiter de leur expérience.

Candidats de la génération Y, n’ayez pas peur de changer de travail !

Changer d’emploi, c’est comme commencer un nouveau livre sans l’avoir feuilleté au préalable : on ne sait pas si on va l’aimer, même si on écoute des avis et si on consulte la quatrième de couverture.
Toutefois, on ne peut pas toujours lire le même livre : il faut en prendre de nouveaux et prendre le risque de ne pas les aimer. 

C’est vrai aussi pour le travail : on ne peut plus passer toute sa vie dans la même société ; il faut en changer de temps en temps.

Dans le monde du droit, on peut non seulement changer d’employeur quand on est juriste d’entreprise ou avocat, mais on peut aussi changer de métier, notamment quand on a passé le barreau : on peut travailler en entreprise puis reprendre la robe.

Une juriste de la génération Y dont je connais la carrière a commencé par exercer comme collaboratrice dans des cabinets, puis elle a travaillé en entreprise, avant de reprendre la robe, en exerçant dans des cabinets reconnus. Elle est à son compte désormais.

Les exemples de ce type sont nombreux : il n’y a pas de "Mur de Berlin" entre la profession d’avocat et celle de juriste en entreprise.
La profession d’avocat donne cette souplesse mais on peut avoir cet état d’esprit quel que soit son métier. C’est une attitude à cultiver. Il ne faut pas avoir peur. 

Peu importe sa génération, on peut aborder l’année 2024 avec confiance. Les perspectives du marché juridique sont bonnes.
On constate notamment une nette augmentation des rémunérations proposées aux juristes, en cabinet comme en entreprise. C’est le bon moment pour changer d’emploi !

Par Antoine Valle, fondateur et dirigeant du cabinet de recrutement Rinnovo.