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Vous avez dit "transformation(s) du droit" ? Des pistes pour viser l’objectif.
Parution : mercredi 16 septembre 2020
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S’il y a une chose à partager dans une communauté comme celle des métiers du droit - dont le Village de la Justice est fier d’être un animateur reconnu - ce sont les idées.
Au gré de nos post sur les réseaux sociaux, nous en voyons foisonner tous les jours.
A la rentrée 2020 dont on ne dit plus combien elle était "particulière", nous avons lancé un sondage sur le réseau LinkedIn, en interpellant quelques uns des influenceurs qui aiment parler transformation du droit, autour de cette question : "pour lancer la transformation du droit, quel serait selon vous l’axe principal ?"
Si les résultats du sondage ne sont pas aussi tranchants qu’espérés, ce sont les commentaires qui se sont avérés d’une grande richesse. A tel point que nous avons eu envie de les partager sur nos pages. Les voici.

En préambule, revenons quand même sur les résultats en chiffres du sondage lancé par notre Rédaction :

Pas de réponse unanime des influenceurs et innovateurs, ce serait trop simple ! Mais au contraire plusieurs pistes, imbriquées ou à suivre en parallèle... Le chemin sera complexe, mais comme souvent c’est justement le chemin qui nous fera évoluer (d’où les RDV Transformations du droit proposés en mars 2021).

Morceaux choisis des réactions à chaud...

Commentaires choisis...

Melik Boudemagh, Président de Hercule Legal Tech :

"Le choix est difficile, pour moi, non pas en raison des choix proposés (tous pertinents) mais plutôt en raison de l’expression "Transformation du droit".
Personnellement, j’ai encore du mal à définir le périmètre d’application du mot « transformation » quand il s’applique à l’écosystème du droit. Est-ce que l’on entend la pratique du droit et les règles qui la guident, son écosystème professionnel et l’ensemble de valeurs, pratiques, et usages qui caractérisent chacun de ses acteurs, ou encore les méthodologies nécessaires à sa bonne mise en place et les moyens de les distiller ?
Les réponses proposées par mes confrères/amis sont toutes pertinentes et intelligentes et reflètent souvent la réalité multiforme qui sous-tend le besoin de répondre aux changements importants qui ont marqué (et marquent toujours) cet écosystème et chacun de ses acteurs. Alors je triche et propose ma propre réponse : pour moi la transformation du droit c’est « la mise en place de stratégie(s) micro et macro pour répondre aux changements dans les usages client, l’offre technologique et l’environnement économique (voire politique) auxquels fait face l’écosystème du droit
 »."

Sumi Saint Auguste, Responsable du Lab Prospective Lefebvre Sarrut et Présidente d’Open Law :

"Comment prioriser ? Le droit change et évolue nécessairement, c’est sa raison d’être que d’accompagner les changements de la société et de l’économie. Peut-être faut-il considérer que pour changer le droit et la perception que les citoyens et les acteurs économiques en ont, mais aussi les professionnels du droit eux-mêmes, il nous faut faire évoluer les processus autant que les postures des professions du droit, et partant leur formation".

Stéphane Baller, Avocat - of Counsel, co-créateur du DU T2DL Transformation Digitale du Droit et Legaltech à Paris 2 :

"Personnellement le regard sur le droit d’abord ! Passer de la Justice, certes indispensable, à l’économie du droit, matière trop oubliée en France avec des moyens trop limités. Changez ce regard pour comprendre l’avantage compétitif du droit par exemple et vous devrez introduire l’enseignement de l’économie en droit du lobbying (...) Poussez les enjeux de données en terme de droit et d’économie et vous pousserez même les portes des écoles d’ingénieurs, non ?
Et si tout le monde s’en saisit, le processus métier comme la formation des pros, et pas que des pros du droit, changera !
"

Kami Haeri, Avocat et auteur d’un rapport « L’avenir de la profession d’avocat » :

"On a envie de répondre oui à tout :-) Je pense que l’enseignement ou la valorisation de l’économie du droit, c’est à dire la portée économique, politique et stratégique du droit comme instrument de régulation (et de souveraineté et de richesse nationale) est essentielle. C’est ce qui selon moi manque le plus à la filière. On peut changer les enseignements, changer les métiers, changer le droit : tant que cela restera perçu globalement comme un instrument de contrainte ou sous un angle plutôt processuel (le droit comme instrument du procès et des poursuites) nous nous privons d’une dimension essentielle du droit. Et nous privons le droit d’une juste valorisation au sein de notre société."

Christophe Roquilly, Professeur et Directeur du EDHEC Augmented Law Institute :

"Difficile de faire un choix, car les quatre propositions sont importantes, et elles sont en inter-dépendance. Ceci dit, j’ai voté pour "Changer le regard sur le Droit", que ce soit par ses usagers ou par ses professionnels. Car c’est en changeant le regard sur la "chose juridique" que l’on change le Droit, ses métiers, et le développement des compétences pour les métiers. Le Droit n’occupe pas la place qu’il devrait dans notre pays. Certaines évolutions indispensables sont bloquées par des luttes stériles, des oppositions dogmatiques ou des craintes injustifiées mais qu’on ne peut balayer d’un revers de la main. Elles méritent des réponses, en particulier soutenues par des données économiques. Alors que des changements profonds vont affecter (au sens d’une transformation) la pratique du droit et son accès pour les usagers (citoyens, entreprises), ne laissons pas passer ce train à vitesse plus rapide qu’on ne peut le penser, sinon nous serons tous dépendants de solutions, de méthodes, de modèles et de systèmes que nous n’avons pas conçu conformément à des valeurs communes que nous défendons tous. "

Amiah Cécile, Legal tech project manager :

"À mon avis toutes ces propositions sont pertinentes et interconnectées.
Cependant, je suis de ceux qui pensent que tout part de la base ; donc, la formation en premier. Mieux les pro du Droit sont formés, autant ils seront en mesure d’affronter les transformations de leurs métiers.
"

Christophe Dhiver, Legal Operations Consultant, ancien Directeur Juridique du Groupe Kiloutou :

"Effectivement très difficile à simplifier !
Je vote :
- changer le regard (pour nos professions en interne à l’entreprise)
- la formation et l’éducation au bon sens et aux façons de faire autrement en toute simplicité et avec pédagogie ;
- et prix du meilleur grimpeur (en ce mois de Tour de France) : changer les processus métiers et bousculer les habitudes.
"

Rédaction du village