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Confinement : Comment réviser ses partiels sans dates d’examen officielles ?
Parution : mardi 21 avril 2020
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Déconfinement progressif, fermeture des universités jusqu’en septembre 2020 [1], report et transformation des épreuves écrites et orales... Réviser ses partiels dans cette période d’incertitude est un véritable défi.

Depuis le mois de mars, la France est en confinement. Nos déplacements sont limités et de nombreuses entreprises sont à l’arrêt. Les locaux des écoles, collèges, lycées ainsi que des universités sont fermés. En d’autres termes, le pays est à l’arrêt.

Pour combien de temps encore ? Difficile de le savoir. Un "déconfinement" est officiellement prévu pour le 11 mai. La date reste incertaine et la sortie du confinement progressive.

Dans ce contexte, il est normal de se sentir un peu perdu comme un naufragé, confiné sur une île déserte au milieu de l’océan. D’autant plus lorsque l’on prépare des examens ou/et un concours.
La date des épreuves est un facteur de motivation et d’organisation important. Comme un phare nous permettant d’arriver à bon port. Pourtant, malgré cette tempête "Covid-19" qui nous masque ce repère à l’horizon, nous devons rester à la barre et garder le cap.

En effet, cet article est inspiré des témoignages de nombreux naufragés. Affrontant chaque nouvelle allocution du président de la République comme une bourrasque. Naviguant entre contrôle continu, examens oraux en visio et épreuves écrites en ligne. A toutes ces fusées de détresse tirées dans le ciel, je souhaite envoyer une bouée à la mer : cet article.

Pourquoi je n’y arrive pas ?

"J’ai du mal à envisager des révisions dans la mesure où je ne suis même pas certaine d’avoir des partiels" ; "le futur est incertain, c’est difficile de se projeter" ; "Le plus dur actuellement c’est de se motiver à travailler sans savoir si on a 3 semaines ou 2 mois devant nous"...

Voici quelques-uns des appels à l’aide que je reçois en ce moment. Ces bouteilles jetées à la mer sont symptomatiques des difficultés que rencontre tout étudiant à un moment dans ces études.

Faire des études, c’est se projeter constamment dans son avenir professionnel. Puis, des événements personnels (rencontre), professionnels (stage) et extérieurs (crise sanitaire) viennent perturber nos projections. Une remise en cause naturelle intervient. Elle est bénéfique à condition de rebondir.

A l’université, nous pouvons tomber dans plusieurs pièges :
- La peur de l’inconnu : un avenir incertain nous met face à l’inconnu. Mes examens auront-ils lieu ? Si oui, quand et dans quelles conditions ?
La peur de l’inconnu est l’une des principales causes de procrastination. Elle peut même aller jusqu’à des crises de panique ou de la "tétanie intellectuelle". Il devient impossible de travailler et d’avancer.
- la résistance au changement : tout changement demande un effort. Un processus débute ensuite qui sera plus ou moins long selon les personnes. De mon point de vue, cela dépend essentiellement de sa propre capacité adaptative. La capacité à faire face à un obstacle, un inconfort ou un imprévu.
Cela se manifeste par des propos comme "je n’accepte pas que les choses ne vont plus se dérouler comme prévu", "je ne vois pas pourquoi je ne ferais plus comme avant", "je ne veux pas que ça change", "mais si ce n’est plus possible de faire comme ça, je suis mort.e", etc.
Lorsque cette capacité est faible, à nouveau, la poursuite du travail devient trop difficile, voire impossible.

Quelles sont les solutions envisageables ?

En bon capitaine de votre vie, vous devez en permanence avoir une vision globale de la situation. Quel est l’état du navire ? Mon équipage est-il encore au complet et apte à naviguer ? Où dois-je aller ? Où suis-je ? Ai-je un cap clairement défini ?

Pour répondre à ces questions, je vous propose de suivre les étapes suivantes :

- Quel est l’état du navire ? Établir son scénario personnel : faites vos pronostics comme lorsque vous arbitrez sur les matières et thèmes à réviser, sur les sujets qui vont tomber absolument à l’examen, etc.

L’idée est de se fixer des dates d’examen peut être fictives mais hautement probables. Si l’exercice est trop difficile, partez des dates initiales.

Soit, vous êtes dans les temps. Soit, vous êtes en avance. Dans ce cas, le temps supplémentaire permettra de se perfectionner, d’approfondir et de récupérer mentalement et psychologiquement.

Vous pouvez également pousser ce scénario au format des examens : oral en visio, écrit sur une plateforme en ligne, contrôle continu...

- Mon équipage est-il encore au complet et apte à naviguer ? Faire un état des lieux de la situation : révisez vos objectifs et calculez la durée pour les atteindre grâce à votre scénario.
Evaluez le travail déjà fourni et celui restant à fournir.
Détaillez au maximum le travail vous restant à fournir.
Ne vous en tenez pas seulement à dire : "je dois encore réviser le droit civil". Mais plutôt : "il me reste à réviser la section 1 du chapitre 1 du cours de droit civil". Ce niveau de détails est primordial pour l’étape suivante.

- Où dois-je aller ? Hiérarchiser par ordre de priorités et d’importances les tâches ou apprentissages à réaliser : lorsque vous avez défini le travail restant à faire pour atteindre vos objectifs, vous devez établir des priorités.
Vous ne pourrez probablement pas tout effectuer dans le temps imparti. Pour cela, utilisez la matrice d’Eisenhower en classant vos tâches ainsi : urgent et important, important et non-urgent, urgent et non-important, non-urgent et non-important.
Vous pouvez ensuite affiner la catégorie la plus importante "important et non-urgent". Créez des degrés d’importance : incontournable (je ne peux pas faire sans, je n’ai pas le choix), essentiel (j’ai le choix mais si je fais l’impasse cela me coûtera très cher), important (accomplir cette tâche me rapportera "gros"), intéressant (opportunités qui permettent d’obtenir des points ou avantages supplémentaires).

- Où suis-je ? Ajuster son rétroplanning de révisions : une fois le scénario fixé, on ajuste son rétroplanning de révisions pour qu’il soit le mieux adapté possible. Pour rappel, un rétroplanning est une méthode qui consiste à planifier ses tâches en partant de la date d’échéance. Elle est couramment utilisée en procédures civiles, commerciales et pénales.

- Ai-je un cap clairement défini ? Définir son plan d’action : une fois les grandes étapes du rétroplanning définies, organisez le reste de votre journée et/ou la suivante. Rien ne sert de se projeter plus loin dans ce contexte incertain. Votre organisation doit se faire au jour le jour. Le rétroplanning doit servir uniquement de point de repère (votre phare, l’étoile polaire ou la côte) pour s’assurer de tenir une cadence suffisante.

Les astuces pour surmonter cette tempête.

Echangez un maximum sur vos pratiques avec vos amis étudiants et salariés. Inspirez-vous et confrontez vos idées. "Seul, on va plus vite, ensemble, on va plus loin."

Pour aller plus loin...

La meilleure manière d’affronter les événements majeurs et les changements radicaux réside dans la préparation.
Il est impératif de s’habituer à l’inconfort et à l’adaptation permanente. Cela permet de renforcer sa capacité adaptative pour faire face à ce genre de crise à l’avenir.
Vous devez « sortir de votre zone de confort » : dépasser ses préjugés, parler à des inconnus, essayer de nouvelles activités, etc.

Damien Briand Juriste Créateur du Blog Le Système B