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[Cinéma] "La Fille au Bracelet" ou le procès des mœurs de l’adolescence d’aujourd’hui.
Parution : samedi 1er février 2020
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Le thème de l’adolescence prise aux mains du système judiciaire est mis en avant dans "La Fille au Bracelet", un film de Stéphane Demoustier.
Le Village de la Justice vous livre son impression sur ce film.
(Ce film est sorti en salle en 2020... mais vous aurez peut-être la chance de le voir ou le revoir au hasard des programmations des plateformes de streaming ou à la télévision... )

L’éloge du doute. Que ce soit sur la scène d’ouverture qui relate l’arrestation de Lise, à la plage, ou la scène de clôture avec la sortie de Lise du tribunal, le film laisse la culpabilité de l’accusée ouverte à interprétation.

Entre les deux séquences, le film propose une immersion dans le processus judiciaire en suivant le procès de la jeune femme de 18 ans. Celle-ci vit dans un quartier résidentiel sans histoire et vient d’avoir son bac. Mais depuis deux ans, Lise porte un bracelet électronique car elle est accusée d’avoir assassiné sa meilleure amie.

Le réalisateur propose aussi au public de se plonger dans le théâtre judiciaire en décortiquant les attitudes et rôles de chacun des professionnels du procès. Derrière les discours et la rigidité apparents du professionnalisme, on décèle l’humanité d’une telle scène où c’est la vie et les émotions des personnes qui sont révélées.

Durant deux heures de fiction, l’œuvre filme l’avancée du procès et ses conséquences sur l’évolution de la psychologie des personnages, notamment les parents de Lise. Ceux-ci, convaincus de l’innocence de leur fille, voient leurs certitudes se fissurer au fur et à mesure que le passé de Lise fait surface. On comprend également petit à petit les difficultés que traverse la famille, suite au meurtre de l’amie de la jeune femme : le couple est déjà en crise alors que la mère a décidé de ne pas venir assister au procès, pour privilégier son métier. Elle s’en expliquera au milieu du film lorsqu’interrogée par les magistrats, elle avouera énormément se reposer sur son mari. Finalement, c’est le père qui, en s’engageant pleinement, dès le début, dans le suivi du procès, s’interroge le plus : finalement, qui est ma fille ?

Les mœurs de la jeunesse d’aujourd’hui sont en effet bien décrites sans pour autant les juger. Par le biais des images, des vidéos, de la parole, ce sont les comportements adolescents liés à la sexualité qui sont disséqués. Tout cela jusqu’au meurtre ? L’absence de réaction convenable de Lise au début du procès contraste avec les violentes images présentées à l’audience. Sa psychologie demeure alors un mystère : est-elle bouleversée ou bien est-ce une manifestation de son incapacité à éprouver des remords après son geste ? Son bouleversement vient-il de ce passage contraint à l’âge adulte qu’elle subit en étant au cœur du procès qui est le sien, pour un acte aussi fou que le meurtre ?

Rédaction du Village de la Justice
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