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Les ressorts du racisme en Italie : entre passé colonial, ignorance et idéologie néofasciste. Par Dario Onana, Juriste.
Parution : mercredi 9 octobre 2019
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Face à la déferlante raciste en Europe, le Parlement européen a adopté une résolution le 25 octobre 2018 sur la montée des violences néofascistes [1]. Cette résolution condamne notamment la violence verbale et physique des groupes néofascistes qui usent et abusent des outils démocratiques, dont la liberté d’expression, pour diffuser la haine raciale. La résurgence du racisme en Italie témoigne cependant de la prégnance d’un phénomène toujours difficile à éradiquer.

Article actualisé par son auteur en mai 2020.

La résolution sur la montée des violences néofascistes invite les Etats membres de l’Union européenne à se doter d’une législation anti-discrimination, et condamne les crimes et délits à caractère raciste notamment la diffamation raciale et l’injure raciale, la diffusion d’idées fondées sur la supériorité et la haine raciale, ou encore le meurtre pour des motivations racistes et xénophobes.

Cette résolution s’inscrit dans le prolongement de la réglementation européenne et internationale déjà en vigueur qui inclut notamment la directive 2000/43/CE du Conseil du 29 juin 2000 relative à la mise en œuvre du principe de l’égalité de traitement entre les personnes sans distinction de race ou d’origine ethnique, la décision-cadre 2008/913/JAI du 28 novembre 2008 sur la lutte contre certaines formes et manifestations de racisme et de xénophobie au moyen du droit pénal, la Convention internationale de New York du 21 décembre 1965 sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, ainsi que la résolution adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU du 19 décembre 2016 relative à la lutte contre la glorification du nazisme, du néonazisme et d’autres pratiques qui contribuent à alimenter les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance.

La nature éminemment incitative des termes de la loi et la complexité de ce dispositif juridique semblent toutefois trahir une faible emprise sur la société. Si les discriminations fondées sur l’origine ou l’appartenance ethnique ou raciale de la victime n’encourent pas systématiquement la censure, c’est aussi parce que l’idéologie qui les anime y échappe. Or, on constate, d’une part, que l’émergence de l’idéologie néofasciste se rapporte à un processus historique spécifique (I), et, d’autre part, que les actes racistes qui en découlent ont vocation à pérenniser cette idéologie (II).

I. Les origines du racisme en Italie.

La Cour de cassation italienne a défini le « racisme » comme étant toute doctrine qui postule l’existence de races supérieures et inférieures, les premières destinées à s’emparer du pouvoir, les deuxièmes à s’y soumettre [2].
L’institution de la classification des « races » constitue ainsi la forme la plus violente de discrimination et a pu conduire au cours de l’Histoire à des ségrégations, des expulsions, des persécutions, voire des exterminations. En Italie, ce sont les travaux d’anthropologie criminelle de Cesare Lombroso qui ont donné l’impulsion aux théories racistes si bien que ces dernières ont présidé à la formation des régimes totalitaires.

A. L’émergence des préjugés racistes et coloniaux.

Le médecin et anthropologue Cesare Lombroso avait publié en 1871 l’ouvrage « L’homme blanc et l’homme noir » dans lequel il soutient que la différentiation biologique et anatomique entre les « races » traduirait une divergence significative quant au déploiement de l’intelligence et à la maîtrise des passions [3].
C’est avec Cesare Lombroso que naît également la théorie du « criminel-né » (delinquente nato) suivant laquelle il existe une corrélation entre la physionomie d’un individu et son psychisme criminel.
Dans son ouvrage « L’homme criminel » publié en 1876, Cesare Lombroso dresse le profil du « criminel-né » et du « fou moral ». Il soutient ainsi que les penchants criminels d’un individu sont le reflet de ses caractéristiques physiques.

Sa thèse, qui se veut scientifique, a donc essuyé des critiques virulentes venant non seulement d’éminents juristes italiens mais également d’hommes politiques notoires comme Antonio Gramsci, fondateur du parti communiste italien [4].
Enrico Ferri, professeur de droit pénal, disciple de Cesare Lombroso, et cofondateur de la criminologie, avait pointé, à cet égard, les nombreuses failles que présentait la méthode d’observation employée par son mentor [5]. Bien que cette théorie n’ait pas pu prospérer, elle a néanmoins suscité par la suite de nouvelles interrogations quant à la corrélation entre physionomie et discrimination [6].
Plus récemment, le professeur Jean-François Amadieu a pu démontrer dans son ouvrage « Le poids des apparences » que la physionomie d’un individu influe notamment sur sa réussite scolaire et professionnelle, et que donc elle peut constituer un vecteur de discriminations.

Or, en Italie, les discriminations pour motif ethnique et racial n’ont pas seulement produit une stigmatisation de l’immigré d’origine africaine mais ont également contribué à faire du Calabrais, du Sarde et du Sicilien les représentants d’une « race maudite » [7] vouée à la criminalité. C’est ainsi que les préjugés racistes et coloniaux ont pu prospérer [8], en dépit de l’émergence d’un discours antiraciste [9].

Historiquement, la dotation d’une Constitution antifasciste en 1948 a laissé croire qu’une fois le régime de Mussolini dissout, il n’y eût plus besoin de purger la société italienne des préjugés racistes et coloniaux. Or, les préjugés coloniaux ont vu le jour en Italie à une époque antérieure, soit pendant la colonisation de la Somalie, la Lybie, l’Éthiopie (autrefois Abyssinie) et l’Erythrée à la fin du XIXe siècle [10]. Le XXe siècle a été marqué par une vive controverse entre le journaliste et ancien officier colonial Indro Montanelli et l’historien spécialiste de l’empire colonial Angelo Del Boca sur l’utilisation des armes chimiques en Ethiopie [11]. La polémique est remportée par l’historien qui dénonçait les atrocités commises par les troupes italiennes en Libye et en Éthiopie, comme le recours à l’utilisation d’armes chimiques, le phosgène et l’arsine ou encore la création de camps de concentration ou de déportation. En effet, le racisme et le colonialisme sont intimement liés.
Un auteur affirme à ce sujet que « l’idée même de vouloir disposer à sa guise de la vie et du futur d’un peuple militairement plus faible est profondément raciste et violente » [12]. Or, le racisme ne se répand pas systématiquement par la violence physique ou verbale. Il peut également s’exprimer par le biais de la propagande. A cette tâche s’attelait le dessinateur italien Enrico De Seta qui diffusait des dessins thématiques véhiculant les préjugés coloniaux de l’époque.

B) Le racisme à l’épreuve de la justice.

Dans une étude réalisée par l’Ufficio Nazionale Antidiscriminazioni Razziali [13], crée en 2003 en application de la directive communautaire 2000/43/CE, il est fait mention d’un cas grave de discrimination à l’embauche [14].

En l’espèce, deux candidats, un nord-africain et un Roumain, s’étaient adressés à un organisme privé qui faisait office de pourvoyeur d’emploi. C’est la candidature du ressortissant roumain qui avait été retenue à raison de la physionomie du candidat roumain.
Le candidat nord-africain, évincé du recrutement, avait rapporté les termes de l’échange avec un des responsables de l’organisme de la manière suivante : « on le recrute parce qu’il ressemble à un Italien, donc s’il y a un contrôle, avec le Roumain nous sommes plus tranquilles, alors qu’avec vous, ça saute aux yeux que vous n’êtes pas Italien ».

Le cas d’espèce, comme bien d’autres, n’a pas connu de suites judiciaires. A ce sujet, l’organisation italienne Croniche di un razzismo ordinario [15] a enregistré 628 délits racistes en 2018 contre 564 en 2017 [16] mais seulement 14 % de l’ensemble des actes de violence raciste a été signalé à la police ou porté devant les tribunaux [17]. Il est cependant des affaires pénales qui ont été tranchées par les juridictions italiennes. Un fervent partisan italien du parti d’extrême droite a par exemple été condamné à douze ans de détention pour avoir commis un meurtre sur six migrants africains avec des circonstances aggravantes tenant à la haine raciale [18] L’injure raciste et la diffamation raciste tombent également sous l’empire de la loi pénale.

L’auteur d’un propos raciste ne saurait donc se prévaloir de la protection juridique accordée à la liberté d’expression aux termes de l’article 10 CEDH. A ce titre, la Cour de cassation italienne rappelle les limites de la liberté d’expression en qualifiant d’abus de droit toute forme d’expression faisant appel à la haine raciale, à la xénophobie et à l’intolérance [19].

La haute juridiction italienne condamne, en tant que diffamation à caractère raciale, le propos visant l’ancienne ministre italienne pour l’intégration, Kyengue Cécile, tenu en ces termes « rentre dans la jungle que tu as quittée ! » [20]. Du fait de son origine africaine, la ministre Kyengue a fait l’objet de nombreuses insultes racistes en Italie. L’ancien ministre et sénateur de la Ligue du Nord, Roberto Calderoli, avait d’ailleurs été condamné à dix-huit mois de prison pour insultes racistes proférées [21] à son encontre en 2013 [22].

De la même manière, constitue le délit d’injure raciale au cours de l’émission de télévision Piazzapulita, le propos tenu par le député européen et membre du parti de la Ligue du Nord, Gianluca Buonanno, qui qualifiait les Roms de « déchets de la société » [23]. Celui-ci a été condamné au paiement de 6 000 euros au titre de la réparation du préjudice moral.

De plus, la haute juridiction italienne rappelle que la censure s’impose indépendamment du mobile de l’auteur dès lors que le propos revêt un caractère raciste patent [24]. En effet, les crimes commis avec une intention raciste sont sanctionnés plus sévèrement. Le mobile de l’auteur peut donc constituer une circonstance aggravante comme en témoigne la lettre de l’article 4 de la décision-cadre 2008/913/JAI sur le racisme et la xénophobie sur la place qu’occupe la motivation discriminatoire dans la détermination des peines à infliger aux auteurs de l’infraction.

La haute juridiction italienne a donc procédé de la sorte en censurant le qualificatif « sporco negro » (sale nègre) [25]. Dans la même veine, le tribunal de Brescia à condamner un individu au paiement de 2 000 euros pour avoir qualifié les « demandeurs d’asile » de « clandestins » [26].

Nombreuses sont aussi les discriminations directes à l’encontre des membres de la communauté musulmane et/ou arabe. Constitue par exemple une discrimination directe l’exclusion d’une séance de recrutement d’une femme portant un voile (hijab) [27]. De la même manière, constitue une discrimination envers les seules personnes d’origine étrangère l’introduction de conditions supplémentaires pour l’inscription au registre des résidents [28].

La Cour de cassation italienne a également censuré la discrimination pour motif ethnique et a confirmé la condamnation d’une serveuse italienne qui avait délibérément refusé de servir des clients à raison de leur origine africaine [29]. En revanche, et de manière surprenante, un ancien maire de Trévise, Gentilini Giancarlo, qui avait tenu des propos incitant à la haine raciale en présence de seize personnes à l’occasion d’une conférence de presse en affirmant : « Les immigrés ? Habillons-les en lièvres et laissons les chasseurs s’entraîner... », a été acquitté du même chef d’accusation par le tribunal de Trévise au motif que l’élément matériel de l’infraction pénale n‘était pas caractérisé [30]. Une solution contraire a été fort heureusement retenue par la haute juridiction italienne dans une affaire similaire [31].

De manière générale, la Cour de cassation italienne censure la violence raciste lorsqu’elle se manifeste par la marginalisation et l’exclusion de personnes de culture étrangère perçues à tort comme des ennemis de la société [32].

C. Le racisme antiméridional.

De tout temps, les Italiens méridionaux ont fait l’objet de qualificatifs et épithètes particulièrement injurieux. On y compte par exemple des expressions telles que « cannibales », « bêtes sauvages » [33] ou encore « êtres immoraux et irrationnels » [34]. Le racisme antiméridional a également été fomenté plus récemment par le parti d’extrême droite de la Ligue du Nord.

La Ligue du Nord a d’ailleurs souvent exprimé un mépris envers les Italiens du Sud en les qualifiant de « terroni » (explicite dans le slogan « hors de Lombardie les culs-terreux ») [35].

A cet égard, l’ancien ministre italien pour les Réformes institutionnelles, Roberto Calderoli, membre actif de la Ligue du Nord, affirmait que : « Les égouts doivent être assainis et vu que Naples est devenu un égout, il faut éliminer tous les rats, par n’importe quel moyen, et ne pas faire semblant de le faire sous prétexte que même les rats votent » [36].
Un cas similaire, mais bien moins grave, a été porté devant le tribunal de Varese qui a condamné un individu ayant qualifié les Italiens du sud de « population distincte » [37].
En effet, ce mépris envers les Italiens méridionaux se double de la questione meridionale qui désigne la fracture économique entre l’Italie du sud et du nord. C’est pourquoi l’argument économique devient aujourd’hui le fonds de commerce des partis politiques d’extrême droite au mépris du principe d’égalité citoyenne. Par ailleurs, en suscitant chez les Italiens un sentiment de peur, les partis politiques d’extrême droite réactivent sans cesse le repli identitaire et la xénophobie en guise de mécanisme de défense sociale.
Malgré une certaine intransigeance des juridictions italiennes quant à la censure de la violence raciste, force est de constater que ce phénomène sévit toujours dans la société. Sur le plan terminologique par exemple, ont vu le jour des pratiques langagières à connotation raciste pour désigner la communauté d’immigrés africains astreints à la précarité.
Dans la région de la Campanie, au sud de l’Italie, on constate l’usage très fréquent d’expressions telles que « marocchini » [38] et « vu’cumpra’ » (veux-tu acheter ?) [39], pour qualifier notamment les vendeurs ambulants sénégalais qui s’adonnent à des activités commerciales méprisables dans la rue. Ces termes insultants sont proférés régulièrement dans certaines régions du sud au mépris de la censure déjà opérée par la haute juridiction italienne [40].

II. La permanence du racisme en Italie.

En Italie, a longtemps prévalu le mythe du « bon Italien », dépourvu d’animosité à l’égard d’autrui [41]. En effet, malgré la fin de l’expérience coloniale, le mythe des Italiani brava gente n’a cessé de perdurer [42]. Or, on constate que la société italienne est toujours marquée par les préjugés racistes si bien qu’il est des cas où l’on accepte de défendre l’idéologie sécuritaire au prix de la criminalisation des immigrés. De plus, le racisme ne se manifeste pas toujours de façon violente. Il est des cas en effet où le racisme se traduit par le mépris ou la marginalisation des personnes les plus vulnérables sans devenir pour autant violence physique ou verbale. L’essor de ce phénomène a d’ailleurs fini par influencer les pratiques des juges et des policiers italiens [43].

A. La perméabilité de la société italienne à l’idéologie fasciste.

La rhétorique du racisme ou de l’idéologie néofasciste est douée d’un vrai pouvoir de séduction. Elle procède sans doute de l’instinct de domination et se traduit le plus souvent en actes d’humiliation, de dénigrement et de discrimination. Ce type de rhétorique s’est clairement exprimé sous le régime de Mussolini et ne cesse de prospérer. En effet, comme le rappelle la haute juridiction italienne, la dissolution du parte fasciste italien n’a pas emporté la fin de la propagande raciste [44].

Giorgio Almirante, principal représentant du Mouvement social italien – Droite nationale (MSI), parti politique d’extrême droite, était signataire en 1938 du Manifesto della Razza (Manifeste sur la Race) et a collaboré de 1938 à 1942 à la revue La Difesa della razza (La défense de la race) pour diffuser en Italie les thèses racistes provenant de l’Allemagne nazie [45].

L’étude du racisme s’est particulièrement développée en raison de la contamination idéologique opérée à l‘ère des régimes totalitaires [46]. A cet égard, il convient de noter que la promotion délibérée des théories racistes sous le régime fasciste était également le fait de personnalités connues dans les milieux intellectuels italiens.
L’avocat italien à la Cour de cassation, Stefano Maria Cutelli [47], fondateur de la revue Nobiltà della Stirpe (Noblesse du Lignage) en 1931, [48] cautionnait dans cette même revue les discriminations à caractère raciste que devaient subir les juifs, les noirs et les asiatiques [49]. Il témoignait d’ailleurs une admiration sans bornes à Benito Mussolini [50]. Plusieurs éminents juristes italiens avaient également souscrit à la ligne éditoriale de Stefano Maria Cutelli, et par là-même, aux théories racistes véhiculées par le régime fasciste. On y compte notamment Santi Romano, ancien président du Conseil d’État italien [51] ou encore Domenico Rende, ancien président de chambre de la Cour de cassation italienne [52].
L’idéologie néofasciste a connu un véritable essor. En effet, les groupes et partis politiques ouvertement néofascistes, néonazis, et xénophobes n’ont de cesse de perpétrer des meurtres visant des réfugiés, des immigrés ainsi que des minorités ethniques et religieuses [53].
On constate ainsi que la nostalgie du régime fasciste est encore prégnante comme en témoigne l’idéologie portée par les mouvements néofascistes tels que CasaPound. Cette fascination pour l’idéologie néofasciste a également entraîné un retour à des pratiques qui ont pourtant étaient condamnées en justice. C’est le cas notamment du « salut fasciste » dit également « salut romain » censuré par la haute juridiction italienne [54].

Or, si l’Italie peine toujours à se penser comme un espace national pluriel, c’est notamment parce qu’elle reste tributaire des crimes et des abominations perpétrés sous le régime de Mussolini [55], et que la méconnaissance de l’histoire de la population italienne [56] n’a fait qu’alimenter les stéréotypes et les préjugés coloniaux et racistes de l’époque [57].

Le pouvoir d’appréciation du juge reste parfois perméable à cette idéologie. C’est le cas, en 2005, du juge de la IXe section du tribunal de Milan, Michele Montingelli, qui condamne à dix-huit mois de prison un père de famille marocain qui aurait maltraité sa fille parce qu’elle refusait de se rendre à la mosquée.
Lorsque son père demande au juge d’entendre plusieurs témoins pouvant le disculper, ce dernier refuse et rend une décision fondée sur l’appartenance du prévenu au culte musulman. « Je l’ai écrit et j’en assume pleinement la responsabilité - dit-il dans une interview au Corriere della Sera- mon expérience pluriannuelle avec des personnes appartenant à ce milieu culturel me porte à supposer que celles-ci n’ont pas un grand respect pour notre système. Je me réfère à un milieu culturel où les liens de solidarité, qui dérivent du credo religieux, peuvent amener à violer la loi… » [58].

B. La psychologie des foules.

Les ressorts du racisme se traduisent souvent en biais culturels et préjugés raciaux et produisent chez les individus des réactions irrationnelles. A cet égard, il est pertinent de mentionner l’ouvrage de Gustave Le Bon, intitulé La psychologie des foules, paru en 1895, qui a fait passer le médecin et anthropologue français à la postérité. Dans cet ouvrage, il dénonce les biais par lesquels les foules laissent libre cours aux pulsions antisociales sous l’emprise de fausses croyances et de l’idéologie. Or, son contenu subversif a exercé une influence considérable sur la conception des idéologies des régimes totalitaires. Son ouvrage est d’ailleurs devenu une source d’inspiration politique pour Hitler et Mussolini [59]. En effet, la classification des « races », loin d’être décriée à l’époque, était au contraire promue par l’auteur français [60].

Plus récemment, la journaliste-écrivain italienne, Oriana Fallaci (1929-2006), à la suite des attentats du 11 septembre 2001, a écrit des pamphlets islamophobes pourtant largement acclamés en Italie [61]. Elle écrit ainsi la haine dans son ouvrage La Rage et l’Orgueil [62]. Ce pamphlet, vendu à plus d’un million d’exemplaires, est dénué de toute analyse lucide sur les événements du 11 septembre, et véhicule, sans ambages, la haine des musulmans [63]. Cette démarche très controversée de l’auteure lui a pourtant valu la médaille d’or du mérite décernée par l’ancien président de la République italienne, Carlo Azeglio Ciampi, pour son apport à la culture italienne [64].

C. Les victimes du racisme.

De manière générale, on constate que le racisme se répand de manière diffuse et frappe souvent les minorités ethniques ainsi que les migrants, et ce au mépris des valeurs démocratiques, des droits fondamentaux et de l’Etat de droit. L’article 21 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne reconnaît pourtant le droit de ne pas subir de discrimination fondée notamment sur la race, les origines ethniques ou sociales, la religion ou les convictions, les opinions politiques ou toute autre opinion.

Le présent article, corollaire de l’égalité de traitement, fait donc figure de clause anti-discrimination et se trouve doté d’une justiciabilité pleine et entière [65]. Or, en dépit des vertus pédagogiques et de la force normative que présente la législation en matière d’égalité de traitement et de non-discrimination, force est de reconnaître que l’effectivité du droit se rapporte surtout à l’assimilation des règles sociales par les individus dans une société donnée.
En effet, le racisme, comme cela a déjà été soutenu, procède de discriminations directes ou indirectes, et traduit un désordre social éminemment violent. Un exemple est fourni par le rapport Being Black établi par l’agence des droits fondamentaux de l’Union européenne, selon lequel le profilage discriminatoire et largement pratiqué envers les membres de la communauté d’origine africaine et atteint 41% des contrôles [66]. Le profilage discriminatoire ou racial est défini par la recommandation de politique générale n° 11 de la commission européenne contre le racisme et l’intolérance (ECRI) du Conseil de l’Europe, comme étant « l’utilisation par la police, sans justification objective et raisonnable, de motifs tels que la race, la couleur, la langue, la religion, la nationalité ou l’origine nationale ou ethnique dans des activités de contrôle, de surveillance ou d’investigation ».
Selon cette même étude, la couleur de peau est en effet le motif de discrimination le plus communément recensé, mentionné par plus d’un quart (27%) des répondants d’ascendance africaine, le deuxième étant l’origine ethnique, et le troisième l’appartenance à un culte. A ce titre, il convient de relever un taux de discrimination raciale à l’emploi qui atteint 46 % en Italie [67]. La communauté la plus frappée par ce phénomène demeure la communauté africaine avec un taux de discrimination qui avoisine 40% tous domaines de la vie confondus.

Force est de constater, en guise de conclusion, que le phénomène du racisme ébranle toujours nos sociétés et les jette dans les convulsions les plus violentes. Les individus qui incitent à la haine raciale ou qui se livrent à des discriminations présentant un caractère raciste finissent le plus souvent par s’abriter derrière le silence et l’indifférence générale.

Ces mêmes auteurs, comme autrefois les médias de propagande, recherchent fébrilement des justifications à des actes qui nuisent à l’ordre social. C’est ainsi que sous couvert de la liberté d’expression et d’opinion, la rhétorique identitaire échappe à l’incrimination et se dote d’une nouvelle légitimité politique. Or, son pouvoir de nuisance a déjà pu s’exprimer dans les moments les plus noirs de l’Histoire. Étonnement, alors que le racisme fait rage en Europe, l’Homme se plaît à vanter les mérites de la démocratie et du progrès scientifique. Cette démarche reflète sans doute le degré de sa médiocrité. Lorsque les circonstances l’y invitent, il déclame son attachement aux valeurs universelles. En revanche, lorsqu’il fait l’objet de regards réprobateurs, pour mériter le salut de ses pairs, il s’empresse d’occulter les laideurs de sa conscience.

Dario Onana, Juriste.

[1Résolution du Parlement européen du 25 octobre 2018 sur la montée des violences néofascistes en Europe 2018/2869(RSP).

[2Cass., Sez. I, 30 settembre 1993, Freda, in Mass. Uff., n. 196583.

[3L’osservatore romano, 26 agosto 2018.

[4Jean-Christophe Coffin, « L’anthropologie criminelle en Italie », Criminocorpus [En ligne], Histoire de la criminologie, 4. L’anthropologie criminelle en Europe, mis en ligne le 01 janvier 2006, consulté le 01 mai 2020. URL : http://journals.openedition.org/criminocorpus/136

[5Gemelli Agostino. L’œuvre scientifique et philosophique de César Lombroso. In : Revue néo-scolastique de philosophie. 17ᵉ année, n°65, 1910. pp. 73-93.

[6Dave Johns, Peut-on reconnaître un criminel en un coup d’œil ?, Slate, 11 novembre 2009.

[7Sur cette formule de Napoleone Colajanni, voir les contributions de Maria Teresa Milicia et de Ernesto De Cristofaro, Lombroso e il brigante. Storia di un cranio conteso, Salerno Editrice, Rome, 2014..

[8Ernesto de Cristofaro, Le racisme antiméridional au XIXe siècle : l’Italie "barbare", Séance Séminaire ALHIM du 29 janvier 2016 “Penser la race au XIXe siècle (Italie, Espagne, Bolivie)”.

[9Aurélien Aramini, Elena Bovo (dir.), La pensée de la race en Italie. Du romantisme au fascisme, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, coll. « Les cahiers de la MSHE Ledoux », 2018, 273 p., ISBN : 9782848676210

[10Cronache di ordinario razzismo, Terzo libro bianco sul razzismo in Italia, chap. Le radici dell’immaginario razzista, 2014.

[11Dino Messina, Le armi chimiche in Etiopia e l’ammissione di Montanelli, Corriere della sera, 2 avril 2016.

[12G. ROCHAT, Il colonialismo italiano, Torino, Loescher Editore, 1973, p. 222.

[13Le Bureau national de lutte contre les discriminations à caractère raciste.

[14UNAR, Studio sui fenomeni di discriminazione e dei relativi stereotipi nei vari ambiti del sistema educativo, del mercato del lavoro, della vita sociale e culturale, in merito alle differenze etniche, di abilita’ fisica e psichica, di orientamento sessuale e di identita’ di genere, di eta’ e comunicazione sociale a contrasto delle discriminazioni.

[15Chroniques d’un racisme ordinaire.

[16Lunaria (2018), Cronachediordinariorazzismo.org.

[17Pour consulter l’intégralité du rapport sur les résultats de l’enquête, Second European Union Minorities and Discrimination Survey : Being Black in the EU (« Deuxième enquête de l’Union européenne sur les minorités et la discrimination : Être noir dans l’Union européenne »), rendez-vous sur : https://fra.europa.eu/en/publication/2018/eumidis-ii-being-black

[18Al Jazeera (2018), ‘Italian sentenced to 12 years for shooting of African migrants’.

[19Cass. Pen., sez. I, sentenza n. 34713/2016 (Affaire Stormfront).

[20Cass. Pen., sez. V, sentenza n. 7859 du 19 février 2018, Presidente Fumo – Relatore Guardiano.

[21] « Ogni tanto smanettando con Internet, apro “il governo italiano”, e cazzo cosa mi viene fuori ? La Kyenge. Io resto secco. Io sono anche un amante degli animali eh, per l’amor del cielo. Ho avuto le tigri, gli orsi, le scimmie, e tutto il resto. I lupi anche c’ho avuto. Però quando vedo uscire delle – non dico che – delle sembianze di oranghi io resto ancora... ».

[22Il Post, Roberto Calderoli è stato condannato a 18 mesi di carcere per gli insulti razzisti a Cécile Kyenge, 14 gennaio 2019.

[23Trib. di Milano, Sez. 1 Civ., ordinanza del 19 aprile 2016, est. Cattaneo, XXX, ASGI e NAGA (avv.ti Guariso e Neri) c. Buonanno (avv.ti Ginex e Cassamagnago).

[24Cass. Pen., Sez. V, sentenza n. 30971/2015.

[25Cass. Pen., Sez. II, sentenza n. 2798/2009, voir aussi Cass. Pen., Sezione III, sentenza n. 7421/2002.

[26Trib. di Brescia, ordinanza del 2 marzo 2017, confirmé en appel Sentenza n. 96/2019 pubbl. le 18 janvier 2019, RG n. 921/2017.

[27Corte d’Appello di Milano, Sez. lavoro, sentenza n. 579/2016.

[28Trib. di Brescia, ordinanza del 24 febbraio 2012.

[29Cass. Pen., Sez. III, sentenza n. 37733 dd. 16 novembre 2006.

[30Trib. di Treviso, sentenza n. 492 del 6 juin 2000 – est. Toppan.

[31Cass. Pen., Sez. I, sentenza n. 47894/2012.

[32Cass., sentenza n. 2203/2005.

[33G. Massari, Il brigantaggio nelle province napoletane, relazione della commissione d’inchiesta parlamentare, 1863, p. 141.

[34C. Lombroso, L’uomo delinquente studiato in rapporto all’Antropologia, alla Medicina legale e alle discipline carcerarie, Milano, Hoepli, 1876 ; IDEM, L’uomo bianco e l’uomo di colore. Letture su l’origine e la varietà delle razze umane, Torino, Fratelli Bocca, 1892.

[35Clara Gallini, « Mises en scène du racisme italien », Terrain [En ligne], 17 | octobre 1991, mis en ligne le 06 juillet 2007, consulté le 04 octobre 2019.

[36Nathalie Galesne, Islam en Italie : cris de guerre médiatiques et roulements de tambours politiques, Actes sud | « La pensée de midi », 2008/4 N° 26 | pages 67 à 80.

[37Trib. di Varese, sentenza n. 67/2013.

[38Cass., Sez.V, pen., sentenza n. 43488/2015.

[39Tribunale di Torino, ordinanza del 14 aprile 2014, 14/4/14, est. Rizzi ASGI e altri (avv.ti Guariso, Maiorca, Neri) altri c. Comune di Varallo e altri (avv. D. Ginex) : discrimination en raison de laffichage de panneaux interdisant l’accès aux personnes portant la burka, le burkini, ainsi que les commerçants ambulants d’origine italienne.

[40Cass., Sez. V. penale, sentenza del 20.05.2005, n. 19378.

[41Voir Bidussa David, Il mito del buon Italiano, Milan, Il Saggiatore. 1995.

[42A. Del Boca, Italiani brava gente ? Un mito duro a morire, Vicenza, Neri Pozza, 2005.

[43Annamaria Rivera, “Il Fantasma del Musulmano”, in René Gallissot, Mondher Dilani, Annamaria Rivera, L’imbroglio etnico in quattordici parole-chiave, Dedalo, Bari, 2001.

[44Cass. Sez. I Pen., n. 7812/1999.

[45Giorgio Almirante (1914-1988) : homme politique représentant du MSI (Mouvement national italien), parti d’extrême droite jusqu’en 1988. Signataire en 1938 du Manifesto della Razza, Almirante collabora de 1938 à 1942 à la revue La Difesa della razza pour diffuser en Italie les thèses racistes provenant de l’Allemagne nazie. De récentes polémiques ont éclaté en Italie lorsque le maire de Rome Gianni Alemanno, inscrit au MSI puis à AN (Alliance nationale) avant d’adhérer au PdL, a proposé de dédier à Giorgio Almirante une rue de Rome. Le 8 septembre 2008, le ministre de la Défense italien Ignazio La Russa dédiait la date de l’armistice (8 septembre 1943) entre l’Italie et les Alliés aux membres de la république de Salò (gouvernement fantoche des nazis de 1943 à 1945 dirigé par Benito Mussolini), tandis que le président de la république Giorgio Napoletano soulignait, avec angoisse, le manque d’adhésion aux valeurs démocratiques de la constitution de 1948, fondement de la république italienne, de la part de pans entiers de la société italienne et d’une composante de l’actuel gouvernement.

[46Raspanti Mauro, 1999, « Il mito ariano nella cultura italiana fra Otto e Novecento », in Burgio Al¬berto (dir.), Nel nome della
razza, op. cit., p. 77. Sur la question de la relation entre le fascisme italien et l’Allemagne nazie, voir tout particulièrement Michaelis Meir, 1978, Mussolini and the Jews : German-Italian relations and the Jewish question in Italy, 1922-1945, New York/Oxford, Clarendon Press..

[47Stefano Mario Cutelli est né à Rome le 11 mai 1902 appartenant à une ancienne et noble famille sicilienne. Il s’était inscrit au Parti National Fasciste le 1er mai 1921.

[48DE NAPOLI Olindo, « Come nasce una rivista giuridica antisemita, Tradizionalismo e razzismo nell’azione di Stefano Mario Cutelli », Le Carte e la Storia n° 2, 2012, p. 106.

[49FEDELE Pietro, « La Nobiltà del sangue », in La Nobiltà della Stirpe, 9, 6-8/1939.

[50Lorenzo Spurio Passamonti, « « La Nobiltà della Stirpe » : il sogno di un’Italia aristocratica e fascista », Diacronie [Online], N° 27, 3 | 2016, documento 2, Messo online il 29 septembre 2016, consultato il 07 octobre 2019.

[51“Mi pregio di comunicarvi che accetto di buon grado di far far parte del comitato scientifico del nuovo periodico Diritto Razzista, rivista di dottrina, diritto e giurisprudenza della razza, da voi cosi autorevolmente diretta", extrait de : Stefano M. Cutelli, Il diritto razzista, supplemento de “La Nobiltà della Stirpe”, n° I-2, Roma 9 maggio-guigno 1939

[52Stefano M. Cutelli, Il diritto razzista, supplemento de “La Nobiltà della Stirpe”, n° I-2, Roma 9 maggio-guigno 1939.

[53Résolution du Parlement européen du 25 octobre 2018 sur la montée des violences néofascistes en Europe 2018/2869(RSP).

[54Cass., Sez. I Pen., n° 25184/2009.

[55Télégramme de Benito Mussolini au maréchal Pietro Badoglio, Roma, 3 maggio 1936 : “Occupata Addis Abeba vostra eccellenza darà ordini perché : 1) siano fucilati sommariamente tutti coloro che in città o dintorni siano sorpresi con le armi in mano ; 2) siano fucilati sommariamente tutti i cosiddetti giovani etiopici, barbari crudeli e pretenziosi, autori morali dei saccheggi ; 3) siano fucilati quanti abbiano partecipato a violenze, saccheggi, incendi ; 4) siano sommariamente fucilati quanti, trascorse 24 ore, non abbiano consegnato armi da fuoco e munizioni. Attendo una parola che confermi che questi ordini saranno, come sempre, eseguiti.”, Giorgio Rochat, Il colonialismo italiano, Loescher editore, Torino, 1973.

[56Micaela Cappellini, L’Italia ? È il Paese più ignorante d’Europa, Il Sole 24 Ore, 3 ottobre 2018.

[57La colonisation de la Somalie, de l’Ethiopie, de l’Erythrée et de la Libye eurent lieu à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Les atrocités commises, sous le fascisme, par l’Italie lors des différentes guerres coloniales entreprises par Mussolini, sont aujourd’hui encore largement méconnues en Italie. Lors des récents accords avec la Libye qui prévoient, entre autres, la construction d’une autoroute côtière de plus de 5 000 kilomètres en échange du pétrole et de nombreux accords économiques italo-libyens, Silvio Berlusconi a présenté au nom de l’Italie ses excuses au colonel Kadhafi mais aucune information en profondeur sur la colonisation italienne en Afrique n’a été fournie. A lire sur cette question le précieux ouvrage de Silvana Palma, L’Italia coloniale, Riuniti, Roma 1999.

[58Nathalie Galesne, Islam en Italie : cris de guerre médiatiques et roulements de tambours politiques, Actes sud | « La pensée de midi », 2008/4 N° 26 | pages 67 à 80.

[59Gardenier M., Gustave Le Bon : influence de l’extrême droite ?, Nonfiction, 28 mars 2014.

[60« En ne considérant que leurs caractères psychologiques généraux, les races humaines peuvent être divisées en quatre groupes : 1° les races primitives ; 2° les races inférieures ; 3° les races moyennes ; 4° les races supérieures [..] Au-dessus des races primitives se trouvent les races inférieures, représentées surtout par les nègres. Elles sont capables de rudiments de civilisation, mais de rudiments seulement. Elles n’ont jamais pu dépasser des formes de civilisation tout à fait barbares, alors même que le hasard les a fait hériter, comme à Saint-Domingue, de civilisations supérieures. », Gustave Le Bon, Lois psychologiques de l’évolution des peuples, 2e édition, revue Félix Alcan, éditeur, Paris (1895).

[61« En ne considérant que leurs caractères psychologiques généraux, les races humaines peuvent être divisées en quatre groupes : 1° les races primitives ; 2° les races inférieures ; 3° les races moyennes ; 4° les races supérieures [..] Au-dessus des races primitives se trouvent les races inférieures, représentées surtout par les nègres. Elles sont capables de rudiments de civilisation, mais de rudiments seulement. Elles n’ont jamais pu dépasser des formes de civilisation tout à fait barbares, alors même que le hasard les a fait hériter, comme à Saint-Domingue, de civilisations supérieures. », Gustave Le Bon, Lois psychologiques de l’évolution des peuples, 2e édition, revue Félix Alcan, éditeur, Paris (1895).

[62La Rage et l’Orgueil. Contre le djihad, contre l’intolérance, Plon, 2002.

[63Extraits : “Vous ne vous rendez pas compte que les Oussama ben Laden se jugent autorisés à vous tuer, vous et vos enfants, parce que vous buvez du vin et de la bière, parce que vous ne portez pas la barbe longue ou le tchador, parce que vous allez au théâtre et au cinéma, que vous écoutez de la musique et de la chansonnette […].” “Je n’ai aucune intention d’être punie à cause de mon athéisme par les fils d’Allah. C’est-à-dire par des messieurs qui, au lieu de contribuer au progrès de l’humanité, passent leur temps avec le derrière en l’air, à prier cinq fois par jour !” “Ils sont trop malins trop organisés, ces travailleurs étrangers. Et en plus ils font trop d’enfants. Les Italiens ne font plus d’enfants, les imbéciles. Les autres Européens, à peu près pareil. Les fils d’Allah, au contraire, se multiplient comme les rats […].” “A mon avis il y a quelque chose dans les hommes arabes qui dégoûte les femmes de bon goût.” “Ils sont partout.”

[64Nathalie Galesne, Islam en Italie : cris de guerre médiatiques et roulements de tambours politiques, Actes sud | « La pensée de midi », 2008/4 N° 26 | pages 67 à 80.

[65CJUE (Gr. ch.), 15 janvier 2014, Association de médiation sociale c. Union locale des syndicats CGT et autres, aff., C-176/12, ECLI:EU:C:2014:2, point 47. Cela a été confirmé d’une manière encore plus explicite à l’occasion de l’arrêt CJUE (Gr. ch.), 19 avril 2016, Dansk Industri (DI) (Ajos A/S) contre Succession Karsten Eigil Rasmussen, aff. C‑441/14, ECLI:EU:C:2016:278, point 36.

[66FRA (2018), Second European Union Minorities and Discrimination Survey – Being Black in the EU, Luxembourg, Publications Office, 2018.

[67Pour consulter l’intégralité du rapport sur les résultats de l’enquête, Second European Union Minorities and Discrimination Survey : Being Black in the EU (« Deuxième enquête de l’Union européenne sur les minorités et la discrimination : Être noir dans l’Union européenne »), rendez-vous sur : https://fra.europa.eu/en/publication/2018/eumidis-ii-being-black.

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