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Familles recomposées : 5 erreurs à éviter pour transmettre équitablement. Par Jean-Philippe Jacquot, Notaire.
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Parution : vendredi 25 avril 2025
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Les familles recomposées sont aujourd’hui une réalité sociale bien ancrée. Pourtant, le droit successoral n’a pas totalement suivi cette évolution. Pour les parents d’une telle famille, organiser une transmission équitable et sereine demande une anticipation rigoureuse. Voici les 5 erreurs les plus fréquentes à éviter.
L’omission testamentaire reste l’écueil principal. Dans une famille recomposée, seuls les enfants du défunt - biologiques ou adoptés - sont légalement réservataires. Le conjoint survivant n’a droit qu’à une quote-part variable, et les enfants du conjoint ne disposent d’aucun droit successoral, sauf adoption.
Rédiger un testament permet d’user pleinement de sa quotité disponible pour avantager un tiers, y compris le beau-parent ou un enfant issu d’une précédente union du conjoint. Encore faut-il que la volonté du disposant soit claire, comme le rappelle la Cour de cassation : « La volonté exprimée dans un testament suffit à gratifier un tiers, non héritier réservataire, sans nécessité d’une motivation particulière » [1].
La défiance entre enfants et beau-parent est fréquente. Un legs ou une donation au bénéfice du conjoint survivant peut cristalliser les tensions. Le législateur y a apporté une réponse moderne par le biais du pacte successoral, autorisé par l’article 968 du Code civil depuis la réforme de 2006 [2].
Ce mécanisme permet de sécuriser, de manière contractuelle, l’attribution de certains biens à un membre de la famille recomposée, avec l’accord des héritiers présomptifs. La jurisprudence souligne l’importance du consentement éclairé des parties
Si le conjoint survivant bénéficie de droits dans la succession, ces droits sont strictement encadrés. En présence d’enfants non communs, il peut opter pour le quart en pleine propriété [3], sauf dispositions contraires prévues par le défunt.
Pour éviter une précarité successorale, deux outils peuvent être mobilisés :
La Cour de cassation en reconnaît la portée protectrice : « La donation entre époux demeure pleinement valable, même en présence d’enfants d’une première union » [5].
Dans un contexte recomposé, les donations antérieures peuvent engendrer un déséquilibre entre enfants. Or, le rapport et la réduction des libéralités s’appliquent de plein droit, sauf stipulation contraire [6].
Il est impératif de formaliser clairement la nature de chaque donation : donation en avancement de part successorale (rapportable) ou hors part successorale (non rapportable). La jurisprudence veille à ce que ces principes soient respectés : « Toute donation présumée faite en avancement de part doit être rapportée, sauf mention expresse contraire » [7].
La fiscalité successorale est souvent le facteur décisif. Les enfants du conjoint non adoptés sont fiscalement considérés comme des tiers, imposés à 60% [8].
Deux solutions existent :
Les rescrits fiscaux et la doctrine administrative confirment ces pratiques comme optimales dans le cadre d’une stratégie successorale anticipée.
En matière successorale, la famille recomposée exige un pilotage sur mesure. Le notaire devient alors l’architecte d’une transmission équilibrée, tenant compte des sensibilités humaines, des contraintes fiscales et des outils juridiques disponibles.
Anticiper, c’est protéger. C’est aussi garantir que l’intention du défunt soit respectée dans un cadre juridique solide, au service de la paix familiale.
Jean-Philippe Jacquot Notaire associé à Villemomble Réseau Les Artisans Notaires: Villemomble/Croissy-sur-Seine[1] Cass. 1re civ., 27 mai 2010, n° 09-13.278.
[2] L. n° 2006-728, 23 juin 2006.
[3] C. civ., art. 757.
[4] C. civ., art. 1094-1.
[5] Cass. 1re civ., 27 sept. 2017, n° 16-16.207.
[6] C. civ., art. 843 et s.
[7] Cass. 1re civ., 22 juin 2016, n° 15-17.527.
[8] CGI, art. 777.
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