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En quoi l’avocat est-il un acteur de l’économie ?
Parution : mardi 23 décembre 2014
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Le thème retenu par la Convention nationale des avocats était en 2014 « L’avocat, acteur d’avenirs ». Pour approfondir ce sujet, la rédaction du Journal du Village de la Justice pour son dossier "Spécial Convention CNB : Avocats, acteurs d’avenirs" a interrogé des personnalités du monde des avocats sur les grands thèmes de la Convention, dans une série de 9 articles.
Voici les réponses apportées par Anne-Lise Lebreton, Clarisse Berribi, Christiane Féral-Schuhl et Sophie Biri-Julien à la question : "L’avocat est-il un acteur de l’économie ?"

Anne-Lise Lebreton.

Anne-Lise Lebreton, Avocate au barreau de Paris, Présidente de la Fédération Nationale des Unions des jeunes Avocats (FNUJA) :

Les avocats créent des emplois (60 000 avocats créent plus de 90 000 emplois dont plus de 39 000 postes de salariés non avocats en Equivalent Temps Plein (ETP), selon les chiffres récents communiqués par l’observatoire de la profession).
Les avocats créent de la valeur ajoutée, ils consomment, ils entretiennent des relations économiques et s’inscrivent dans une démarche concurrentielle. Les avocats sont des entrepreneurs.

C’est une prise de conscience encore récente de la profession et les jeunes avocats n’y sont pas, ou pas encore suffisamment, préparés.
Or, les jeunes avocats qui veulent se jeter dans le grand bain de l’installation ou de l’association doivent se construire leur projet. Il ne suffit pas d’être un bon juriste pour réussir (c’est une condition nécessaire mais pas suffisante).

La FNUJA appelle donc les Ecoles d’Avocats (EDA) et les Ordres à intégrer un module « Gestion de carrière et de cabinet » dans les programmes de formation initiale et de formation continue. Les jeunes avocats doivent en effet apprendre, comme tout jeune entrepreneur, à construire leur business plan dans la perspective de leur installation ou leur business case s’ils entendent s’associer.

Une fois installé ou associé, l’avocat doit, sans cesse, continuer à mûrir son projet de cabinet. Il doit savoir s’adapter aux nouvelles attentes des justiciables et faire face à la concurrence tant entre confrères qu’avec les autres professionnels du droit et même du chiffre, sans parler de celle des braconniers du droit.

L’avocat est donc indéniablement un entrepreneur : il est soumis à la loi du marché, il sait s’adapter, évoluer pour satisfaire ses clients et rendre le meilleur service aux justiciables et ce, toujours dans le respect de ses règles déontologiques.
L’avocat est un acteur économique conciliant tradition… et modernité.

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Clarisse Berrebi.

Clarisse Berrebi, Avocat au barreau de Paris, Présidente de la commission Nouvelles technologies du Conseil national des Barreaux (CNB) :

L’avocat est acteur de l’économie à au moins deux titres :
D’une part, il participe à la stratégie juridique ou judiciaire de son client et contribue donc à faciliter des prises de décisions dont l’impact aura une influence majeure sur l’entreprise et son écosystème.
D’autre part le cabinet d’avocats constitue en lui-même une entité économique. Si la profession d’avocat est majoritairement libérale et indépendante, l’entreprise d’avocats doit systématiquement s’inscrire dans une stratégie, développer un savoir-faire, bâtir un projet, trouver sa niche, collaborer et éventuellement transmettre.

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Christiane Féral-Schuhl.

Christiane Féral-Schuhl, Avocat au barreau de Paris, Ancien Bâtonnier de Paris :

L’avocat est un acteur de l’économie parce qu’il accompagne traditionnellement les entreprises et les particuliers dans la définition de leurs stratégies juridiques, financières et économiques. Il est donc le mieux placé pour apporter conseil, assistance et savoir-faire, pour assurer la protection du patrimoine de l’entreprise ou d’un particulier, ou encore pour améliorer sa compétitivité et conquérir de nouvelles parts de marchés.
Mais dans un monde où l’économie est désormais indissociable du droit, l’avocat du XXIème siècle s’impose bien plus encore en partenaire du chef d’entreprise.

Pour que la France reste une puissance économique de premier plan, il faut que ses entreprises produisent, recherchent, développent, grandissent et s’affirment sur un marché de plus en plus compétitif, de plus en plus international, en présence d’acteurs toujours plus nombreux, plus agressifs, plus déterminés.
La guerre économique est omniprésente. Il est si facile, notamment avec les nouvelles technologies, de soustraire des bases de données, des informations capitales, de s’emparer du savoir et du savoir-faire d’un concurrent…

Le constat est simple : aucun secteur n’est épargné, aucune entreprise n’est préservée et personne n’est donc à l’abri de pratiques concurrentielles déloyales.
Dans ce contexte, les avocats apparaissent bien comme incontournables pour sécuriser les opérations économiques, détecter les risques, régler les menaces, ouvrir des perspectives, proposer des solutions alternatives. Ils peuvent s’engager encore davantage. Ils peuvent devenir les moteurs de la compétitivité : lanceurs d’alertes pour mieux identifier les risques, forces de propositions et d’innovation dans les solutions juridiques à mettre en oeuvre pour renforcer, protéger, défendre, promouvoir l’entreprise et son personnel. Ils peuvent se déployer davantage dans tous les nouveaux métiers qu’ils investissent : mandataires en transactions immobilières, mandataires sportifs, lobbyistes, correspondants informatiques et libertés, fiducie…

Ils peuvent faire davantage la promotion du droit continental aux plans européen et international pour favoriser la conquête de nouveaux marchés et de nouveaux horizons.

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Sophie Biri-Julien.

Sophie Biri-Julien, Directrice Conseil chez Enderby, cabinet de conseil en stratégies de communication et relations publiques :

Tocqueville expliquait qu’ « il n’est presque pas de question politique aux États-Unis, qui ne se résolve tôt ou tard en question juridique ». Il en est de même en France et en Europe où l’on peut considérer qu’il n’y aura sortie de crise que si il y a réformes juridiques et réhabilitation du droit au service de l’économie.

Complexité des sujets sociaux, volontarisme industriel, problématiques de financements, explosion du contentieux, autant de sujets sur lesquels l’avocat intervient en qualité de partenaire de l’entreprise.

Fini le temps de l’avocat théoricien, nous sommes aujourd’hui dans l’ère du conseil et de l’accompagnement, des enjeux pour lesquels l’avocat est armé et doit jouer pleinement son rôle d’acteur et non de témoin.

Retrouver le dossier complet de "Avocats, acteurs d’avenirs."

Dossier réalisé par Laurine Taviatan pour le Journal du Village de la Justice.

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