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Vidéosurveillance abusive des salariés : 5000 euros d’amende. Par Yaël Cohen-Hadria, Avocate..
Parution : jeudi 11 septembre 2014
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L’entreprise est à la croisée des sphères privées et professionnelles des salariés. Sur le lieu de travail deux grands principes doivent coexister : le devoir de contrôle de l’employeur et le droit au respect de la vie privée des salariés. Un système de vidéosurveillance doit donc permettre à l’employeur de veiller au bon fonctionnement de l’entreprise tout en respectant les droits des personnes qui y travaillent.

La CNIL a procédé à près de 300 contrôles de dispositifs de vidéosurveillance et vidéoprotection, dans le secteur privé comme dans le secteur public. Ces contrôles peuvent être inopinés mais également sur dénonciation prenant la forme de plaintes adressées directement à la CNIL.

C’est sur la base d’une plainte de la Direction Régionale des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l’Emploi du Rhône-Alpes que la CNIL a procédé à un contrôle de la vidéosurveillance des salariés de la société PROVIDIS LOGISTIQUE.

Suite à ce contrôle, la CNIL a notamment observé que :

Il s’agit d’un processus de surveillance vidéo non conforme à la loi Informatique et libertés. Dès lors la CNIL a mis en demeure la société :

La société PROVIDIS LOGISTIQUE a commencé à mettre en place des mesures correctives, mais de manière incomplète et insuffisante. Dès lors, par décision du 17 juillet 2014, la formation restreinte de la CNIL a décidé de :

Pour rappel, au-delà de la loi Informatique et libertés, le Code du travail (article L1121-1) prévoit que « Nul ne peut apporter aux droits des personnes et aux libertés individuelles et collectives de restrictions qui ne seraient pas justifiées par la nature de la tâche à accomplir ni proportionnées au but recherché. »

L’employeur doit donc disposer les caméras de surveillance au regard du principe de proportionnalité. Pour ce faire il doit auditer la conformité des systèmes de vidéosurveillance dans leur ensemble afin de déterminer s’ils répondent aux exigences de la loi Informatique et libertés.

Par exemple, un système de vidéosurveillance placé sur un lieu de travail non ouvert au public doit être déclaré auprès de la CNIL, à défaut, l’employeur encourt 5 ans de prison et 300 000 euros d’amende au titre de l’article 226-16 du Code pénal, sans compter sur les informations/images collectées ne pourront pas être opposables à un salarié filmé.

En outre, le dispositif de vidéosurveillance doit respecter l’ensemble des dispositions du Code du travail et de la loi Informatique et libertés, au risque pour l’employeur d’encourir des peines pénales importantes telles que :

Mais n’oublions pas que la plus grande sanction pour l’entreprise n’est pas pécuniaire mais bien en termes d’image : la publication des mises en demeure de la CNIL suffit à entacher l’image de l’entreprise !

Il est donc impératif d’anticiper toute mise en demeure de la CNIL en mettant dès aujourd’hui le dispositif de vidéosurveillance de l’entreprise en conformité à la loi Informatique et libertés.

Les contrôles de la CNIL vont se poursuivre... il convient donc rapidement de procéder à un audit du système de vidéosurveillance pour s’assurer de sa conformité à la loi Informatique et libertés.

Yaël Cohen-Hadria Avocate www.ych-avocats.fr [->yael.cohenhadria@cabinet-davocats.com]

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